Comme un air de déjà vu : Mick Schumacher et Giuliano Alesi, fils de Michael et Jean, font leurs débuts en Formule 2, l'antichambre de la F1, ce week-end à Bahreïn, en lever de rideau d'un Grand Prix auquel ils espèrent un jour participer.

Mick fera par ailleurs, dès la semaine suivante, un pas remarqué vers la catégorie reine du sport automobile en pilotant pour la première fois en essais la Ferrari actuelle, ainsi que l'Alfa Romeo.

Outre ce statut de « fils de » qui fait progresser les carrières mais s'assortit de comparaisons voire de soupçons, les deux pilotes, 20 ans cette année, ont en commun d'être soutenus par la Scuderia, qui a fait les beaux jours de leurs paternels entre 1991 et 1995 pour Alesi et 1996 et 2006 pour Schumacher.  

Si Mick, né le 22 mars 1999, court aujourd'hui sous son nom de famille, il s'est d'abord protégé de l'ombre de son septuple champion du monde de géniteur en s'inscrivant en karting en 2008 sous le nom de sa mère, Betsch, puis sous celui de Mick Junior.

Giuliano, né le 20 septembre 1999, s'est lui « toujours vu comme un pilote » mais ne s'est lancé en karting qu'en 2013 avec l'appui de son père, monté à 32 reprises sur un podium de F1, dont une fois sur la plus haute marche au Canada en 1995.  

Les « fils de » ont progressé en Formule 4 en même temps en 2015. C'est alors que Mick est officiellement devenu Schumacher.

« Honoré d'être comparé »

« Être comparé à mon père n'a jamais été un problème », assure-t-il. « Être comparé au meilleur pilote de l'histoire de la F1 est l'objectif à atteindre et que ce soit mon idole et mon père est très particulier. J'en suis honoré car je peux apprendre et essayer de progresser. »

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Giuliano Alesi, dans les paddocks au circuit de Sakhir, à Bahreïn.

« Ca a toujours fait partie de moi, donc j'ai eu le temps et la chance de m'y habituer, ajoute-t-il. J'ai aussi beaucoup de gens derrière moi qui m'y ont aidé. »

Passé en 2016 dans la catégorie supérieure, le GP3, sous l'oeil ému de Jean, très présent sur les circuits, Giuliano Alesi a intégré la Ferrari Driver Academy la même année.

« On a un lien père et fils mais aussi mentor et élève, explique-t-il à l'AFP. Je le respecte énormément, on ne se dispute presque jamais car, quand il me dit une chose, je sais qu'il le fait pour une raison. Et dans 99 % des cas, il a raison. »

« Il me parle beaucoup, me donne beaucoup de conseils, ajoute le jeune homme. Moins sur le pilotage mais sur l'état d'esprit qu'il faut avoir, les méthodes de travail, comment analyser les choses et réagir dans certaines situations. »

Et bien sûr, le paternel a les contacts et la connaissance du milieu.

Et le fils d'Emerson Fittipaldi aussi

La famille de Mick se fait elle plus discrète, particulièrement depuis le grave accident de ski qu'a subi Michael en 2013. Mais le jeune homme peut compter sur les services de Sabine Kehm qui gère depuis les années 2000 les relations presse de son père.

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Michael Schumacher (au centre) et Jean Alesi (à d.) étaient montés ensemble sur le podium au GP du Canada en 1994. Damon Hill (à g.) les accompagnait.

« Schumi » Junior a éclos lors de la deuxième partie de saison 2018, pour s'offrir le titre européen en F3. Et une place au sein de la Ferrari Driver Academy en 2019. Aux côtés de Giuliano... mais aussi d'Enzo Fittipaldi, le petit-fils d'Emerson, double champion du monde 1972 et 1974, âgé de 17 ans.

« Je suis 100 % sûr qu'il y aura un autre Schumacher en F1 (en la personne de Mick), affirmait d'ailleurs l'an dernier le Britannique Lewis Hamilton. Grâce à son nom d'abord, mais aussi parce qu'il fait du très bon travail. »

« Je pense qu'il y a eu une période où il n'était pas sûr mais il a maintenant le mors aux dents », dit de lui Ross Brawn, l'ingénieur qui a accompagné les succès de son père.  

Comme les fils de Keke Rosberg, de Joe Verstappen et de Carlos Sainz

À l'instar d'un autre « fils de » allemand ayant réussi en F1, le champion du monde 2016 Nico Rosberg, fils de Keke, Brawn s'inquiète toutefois de la « pression énorme » qui pèse sur ses épaules face à cet avenir tout tracé.  

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Giuliano Alesi, de l'écurie F2 Trident, durant des essais au circuit de Sakhir ce matin.

Les exemples récents et loin d'être uniques de Max Verstappen, fils de Jos, ou encore de Carlos Sainz Jr plaident en ce sens.

Qui de Schumacher, qui bénéficie avec Prema d'une écurie de premier plan, ou d'Alesi, chez Trident Racing aux résultats plus modestes, se montrera sous le meilleur jour ? Sauront-ils convaincre qu'ils méritent leur place en F1 ?

Réponse au fil des douze manches de la saison de F2, qui prendra fin le 1er décembre à Abou Dhabi, avec également pour acteurs chez Arden le Français Anthoine Hubert, 22 ans, champion en titre de GP3, et la Colombienne Tatiana Calderon, 26 ans, première femme dans la catégorie.

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Max Verstappen, fils de Joe Verstappen.