Une défaillance mécanique l'a peut-être privé, dimanche à Bahreïn, d'un Grand Prix qui aurait dû être le sien, qu'à cela ne tienne ! Charles Leclerc a démontré ce week-end qu'il est d'ores et déjà une force sur laquelle la Formule 1 doit compter.

« Le sang-froid du Monégasque, son habileté en piste, ainsi que son extraordinaire maturité dans la gestion de ce coup du sort confirment qu'il est un champion du monde en devenir », lit-on ainsi lundi sur le site du quotidien britannique The Guardian.  

« Sa domination inéluctable peut faire de la recrue de Ferrari l'un des favoris pour le titre », estime également la chaîne allemande RTL.

Ce n'était que la deuxième course de sa deuxième saison parmi l'élite, sa deuxième seulement avec une voiture capable de gagner, mais Leclerc a coché toutes les cases pour monter pour la première fois en F1 sur un podium à la saveur aigre douce.  

Samedi, il est devenu, à 21 ans 5 mois et 15 jours, le deuxième plus jeune poleman de l'Histoire, derrière l'Allemand Sebastian Vettel, 21 ans 2 mois et 11 jours en 2008 au GP d'Italie.

« Il y a cette émotion de vivre la naissance d'une étoile et, en même temps, la peur d'aller trop vite et de risquer de la détruire. Mais il est difficile de ne pas s'enthousiasmer devant un garçon du talent de Charles Leclerc et devant son exploit », commentait alors la Gazzetta dello Sport italienne.

« La sûreté d'un champion de longue date »

Dimanche, le jeune homme, né le 16 octobre 1997 à Monte-Carlo, a tout réussi sauf son départ, ce dont son équipier a profité pour le dépasser. Selon le Corriere della Sera, Ferrari « a un pilote qui roule avec la sûreté d'un champion de longue date, en dépit de son âge. Rapide et froid au point de réparer l'unique erreur commise au départ [...] en remontant et en dépassant Vettel avec une précision chirurgicale ».

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Charles Leclerc durant sa première douche de champagne sur un podium de F1.

Sans un problème de moteur qui l'a empêché de tenir son rythme dans les dix derniers tours, les Mercedes du Britannique Lewis Hamilton et du Finlandais Valtteri Bottas ne seraient jamais parvenues à le dépasser.  

« Charles méritait vraiment de gagner », a d'ailleurs reconnu Hamilton, quintuple champion du monde. « Il a un avenir brillant devant lui [...] Nous allons avoir du boulot pour arriver à le suivre ! »

Impressionnant en piste, le Monégasque l'a été aussi par la façon sobre et digne dont il a tout le week-end maîtrisé ses émotions.

« Nous étions certainement les plus forts aujourd'hui. Malheureusement, des problèmes nous ont empêché de gagner. Mais ce sont des choses qui arrivent dans une saison, et si à chaque fois que j'ai un problème, je termine troisième, je pense que nous pouvons en être heureux », a-t-il réagi face à la presse dimanche.  

« Ca n'était pas notre jour. C'est triste parce que j'étais si près de réaliser un rêve d'enfance. Mais j'espère que ce jour viendra dans l'avenir. Je vais travailler pour et je suis sûr que l'équipe le fera également. Ils peuvent d'ores et déjà être fiers de ce qu'ils ont fait ce week-end et nous reviendrons plus forts. »

Émotions « sous contrôle »

C'est l'un des traits de personnalité les plus marquants du discret mais néanmoins charismatique Leclerc. « Assez émotionnel », selon ses propres termes, à ses débuts en compétition en karting en 2005, il a travaillé très tôt à contrôler ses élans.

Ca n'est pas de trop face aux attentes qui pèsent sur lui depuis ses titres en GP3 en 2016 et en Formule 2 en 2017. Face à la vie aussi qui ne l'a pas épargné.

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Charles Leclerc a gardé un calme souverain même après son excellente course dimanche.

Le tout jeune homme a en effet perdu en 2015 son ami Jules Bianchi, pilote de F1 gravement blessé au GP du Japon l'année précédente, puis en 2017 son père, ex-pilote de Formule 3. « Je leur dois tout et je leur dédie chaque course et chaque victoire », a-t-il coutume de dire.

S'il confie son émotion quand il a appris sa promotion chez Ferrari, l'an dernier, ou encore au moment de dévoiler la monoplace rouge qu'il conduit désormais, il a mis ses sentiments « sous contrôle » dès qu'il a été temps de s'installer au volant lors des essais hivernaux.

C'était encore flagrant ce week-end. Il y a fort à parier, toutefois, que la joie sera bientôt de retour. Et entière cette fois.

Classement des pilotes après deux courses

1. Valtteri Bottas (FIN) 44 pts

2. Lewis Hamilton (GBR) 43

3. Max Verstappen (NED) 27

4. Charles Leclerc (MON) 26

5. Sebastian Vettel (GER) 22

6. Kimi Räikkönen (FIN) 10

7. Lando Norris (GBR) 8

8. Kevin Magnussen (DEN) 8

9. Nico Hülkenberg (GER) 6

10. Pierre Gasly (FRA) 4

11. Lance Stroll (CAN) 2

12. Alexander Albon (THA) 2

13. Daniil Kvyat (RUS) 1

14. Sergio Pérez (MEX) 1

Classement des constructeurs après deux courses

1. Mercedes 87 pts

2. Ferrari 48

3. Red Bull-Honda 31

4. Alfa Romeo Racing-Ferrari 10

5. McLaren-Renault 8

6. Haas-Ferrari 8

7. Renault 6

8. Toro Rosso-Honda 3

9. Racing Point-Mercedes 3

PHOTO KARIM SAHIB, AFP

Charles Leclerc était en tête lorsque des ennuis de moteur l'ont obligé à lever le pied en fin de course, permettant ainsi aux deux Mercedes de le doubler.