Pierre Gasly vit sa vie au même rythme que sa F1. Tout se passe vite, très vite même, pour le jeune homme de 23 ans. En piste, et hors piste.

En piste, Pierre Gasly est passé de champion de la série GP2 à pilote de F1 pour Toro Rosso, puis à pilote pour l’écurie de pointe Red Bull en quatre ans à peine.

Hors piste, le pilote français a appris que le fait d’être parmi l’élite venait avec son lot de conséquences. Après un début de saison en deçà des attentes, les rumeurs voulant que ses heures étaient comptées chez Red Bull ont commencé à circuler.

Même qu’on savait déjà qui allait le remplacer : Nico Hülkenberg, actuellement avec Renault. C’était soi-disant la décision draconienne du responsable du programme de développement des pilotes, Helmut Marko.

L’histoire est sortie de l’Italie, du journaliste Roberto Chinchero sur le site de motorsport.com. Elle a ébranlé Red Bull, et évidemment le jeune pilote qui cherchait encore à faire ses preuves avec le prestigieux volant entre les mains.

Aujourd’hui, maintenant que la poussière commence à retomber, Gasly parle en termes durs de l’auteur de l’article.

« Ça a été assez marrant dans le sens où ce journaliste a raconté une histoire complètement fausse. Ce n’est pas le genre de personnes avec de très bonnes valeurs pour écrire ce genre d’articles fondés sur rien du tout. C’est assez misérable de sa part. Donner de fausses informations, il n’y a rien de bien là-dedans.

« On a plus rigolé qu’autre chose. Venant de quelqu’un avec autant d’expérience, M. Chinchero, c’est un peu décevant. »

N’empêche, la nouvelle a forcé Helmut Marko à appeler son pilote pour calmer le jeu. L’essentiel de son message : tout était faux.

« J’ai d’autres choses plus importantes sur lesquelles me concentrer, comme ma famille, mon travail, mes amis, a ajouté Gasly. Ce sont les choses importantes de la vie. Je n’ai pas de temps à passer à regarder de faux articles basés sur rien de concret. »

Le travail

Parlons justement du travail. Gasly s’est retrouvé avec de grands souliers à chausser, ceux de Daniel Ricciardo, qui a donné à Red Bull 29 podiums sur 5 saisons.

Quand Ricciardo a choisi de poursuivre sa carrière chez Renault, un poste s’est ouvert avec la grande équipe. Tout de suite, Gasly a vu la chance à saisir. Ses états de service avec la petite sœur Toro Rosso, avec qui il a terminé cinq fois dans les points la saison dernière, ont convaincu.

« Forcément, c’est une sensation incroyable. Au début de la saison avec Toro Rosso, je ne pensais pas du tout à Red Bull. J’étais concentré à faire le mieux possible. Quand on voit une possibilité comme celle-là s’ouvrir, c’est très excitant. Je n’ai rien fait de particulier. Helmut m’a dit de passer de belles vacances, qu’on verrait après. »

« C’est un changement dans ma vie et c’est l’accès à un de mes rêves. C’était un de mes rêves de rouler pour cette équipe depuis que j’ai intégré la filiale. » — Pierre Gasly

Le début de saison, on le disait plus tôt, laissait toutefois à désirer. Une 11e place en Australie, une 8e place à Bahreïn, une 6e place en Chine, un abandon en Azerbaïdjan. Un bris d’arbre de transmission est venu gâcher la remontée improbable que le pilote était en train d’accomplir, malgré sa pénalité pour avoir oublié la pesée obligatoire lors des essais libres. Bref, c’était un début de saison pénible pour un pilote qui devait immédiatement se battre pour les podiums.

Surtout que son coéquipier, le phénomène Max Verstappen, le faisait course après course.

« J’ai essayé d’en faire un peu beaucoup pour la voiture et la manière dont elle était réglée. Il faut s’adapter, toujours. J’espère trouver les directions pour revenir à quelque chose de plus naturel pour moi. Il faut que je m’adapte encore à la voiture. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Max Verstappen

Cela dit, Gasly trouve de plus en plus son rythme. Le directeur de l’équipe Christian Horner n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner après son impressionnante 5e place sur le mythique circuit monégasque. Gasly est maintenant sixième au classement des pilotes.

« C’est le fruit du travail et le fait qu’on n’a pas été chanceux sur les premières courses. On n’a pas eu une bonne stratégie en qualifs en Australie et ça nous a coûté cher en termes de points. Après, c’est le fait de travailler dans une nouvelle équipe, avec de nouvelles personnes, une nouvelle voiture. On continue de travailler. C’est de mieux en mieux. »

Un mot en terminant sur Verstappen. Ce n’est un secret pour personne que l’écurie était devenue trop petite pour lui et son ancien coéquipier aux grandes aspirations Ricciardo. Gasly, lui, joue encore profil bas. Les deux pilotes filaient la parfaite harmonie hier, lors de la soirée huppée organisée par Red Bull. Pour le moment, Gasly tient plutôt à apprendre de celui qui représente l’avenir de la F1. 

« Max est sûrement le, ou l’un des meilleurs au monde. C’est bien d’avoir une référence comme lui à côté de moi. J’ai beaucoup à apprendre de lui et de sa manière de travailler avec l’équipe. On travaille bien ensemble, je suis vraiment content de la manière dont les choses se passent avec lui. »