(Le Mans) Aux 24 Heures du Mans, la grosse Chevrolet Corvette américaine et son V8 vrombissant font partie du paysage autant que la grande roue de la fête foraine ou les phares perçant la nuit des Hunaudières, mais cette année pourrait marquer sa dernière apparition.

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Le Danois Jan Magnussen au volant de sa Corvette C7R durant les essais des 24 heures du Mans, tenus le 2 juin dernier.

Depuis 1960, la célèbre voiture américaine et ses évolutions successives fait trembler les vitres et les tympans des spectateurs à chaque passage. Son architecture à moteur avant défie aussi les évolutions technologiques qui ont vu les voitures participant à l’épreuve d’endurance adopter presque toutes le moteur à l’arrière.

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Le Danois Jan Magnussen au volant de sa Corvette C7R durant les essais des 24 heures du Mans, tenus le 2 juin dernier.

Pendant plusieurs années, ce sont des équipes privées qui venaient au Mans avec des Corvettes dans la catégorie GT. Depuis 20 ans, c’est l’écurie Corvette Racing, directement rattachée à la maison mère General Motors, qui aligne ces voitures dont la silhouette reste proche du modèle de série.

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L'Espagnol Antonio Garcia Le Danois Jan Magnussen au volant de sa Corvette C7R durant les essais des 24 heures du Mans, tenus le 2 juin dernier.

« Cela constitue une sorte de record », souligne Doug Fehan, responsable du programme Corvette Racing chez GM. Mais le constructeur américain doit prochainement présenter le nouveau modèle de Corvette qui aura très probablement un moteur central arrière à six cylindres.

« Je ne sais pas ce que vous savez et que je ne sais pas », tempère toutefois le responsable américain dans des déclarations à l’AFP. « La nouvelle Corvette sera présentée le 18 juillet mais nous n’avons encore concrétisé aucun plan et nous pourrions encore être ici l’année prochaine » avec le modèle actuel, indique-t-il.

Commercialement, il fait toutefois peu de doute que GM fera assez rapidement courir au Mans son nouveau modèle, d’autant plus qu’il lui faudra imposer le concept de moteur central arrière à ses clients.

En 20 ans au Mans, Corvette Racing a remporté huit fois la catégorie GT. Sa dernière victoire remonte toutefois à 2015 avec, dans l’équipage vainqueur, le Français Simon Pagenaud, récent vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis.

Elle doit affronter aujourd’hui des modèles plus récents de Porsche, Aston Martin, Ferrari, BMW et du grand rival américain Ford, et n’a pu faire mieux que 4e l’an dernier.

Les plus belles batailles

Doug Fehan ne doute pas qu’une voiture avec un gros moteur V8 à l’avant a encore ses chances grâce au système de « Balance de Performance » (BoP) mis au point par l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) pour niveler le niveau entre les concurrents.

« La catégorie GT représente pour nous un excellent investissement car cela correspond à ce que nous construisons et vendons. Je comprends la Formule 1, les voitures hypersport et toute la magie qui les accompagne, mais cela ne reflète pas notre produit. Nos clients veulent nous voir faire courir quelque chose qu’ils peuvent acheter et je pense que cela va être notre stratégie pendant encore longtemps », souligne-t-il.

L’ACO doit présenter prochainement son nouveau règlement pour les années à venir. Parmi les possibilités figure une nouvelle catégorie « hypersport » ou « hypercars » ouverte aux voitures dérivées de modèles produits à un petit nombre d’exemplaires et vendues à un prix souvent exorbitant.

Mais cette formule ne convainc par Doug Fehan qui a commencé chez GM en 1988 avec derrière lui une longue expérience du sport automobile.

« Où a-t-on pu voir les plus belles batailles au Mans ces cinq dernières années ? Dans la catégorie GT », assure-t-il. « Je comprends toute l’excitation autour des hypercars mais à mon avis les voitures GT représentent l’expression la plus pure de la course automobile », lance l’Américain qui arbore fièrement bermuda et chemisette blanche dans un univers où les tenues publicitaires dominent.

L’un des pilotes de Corvette au Mans depuis 2004 est le Danois Jan Magnussen, ex-pilote de F1 et père de Kevin Magnussen qui court aujourd’hui lui-même en F1 pour l’écurie américaine Haas. « Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait mais j’adore conduire la Corvette », déclare-t-il à l’AFP.

A 45 ans, il ne désespère pas de disputer un jour avec son fils les 24 Heures. « J’aimerai le faire ici avec une Corvette. Kevin veut le faire, Haas est d’accord, il faut juste arriver à l’organiser pendant que je suis encore capable de conduite vite », sourit-il.