(Spa-Francorchamps) La mort du jeune pilote français Anthoine Hubert lors d’une course de Formule 2 sur le circuit de Spa-Francorchamps a remis au premier plan les dangers du sport automobile où les accidents mortels sont pourtant devenus rares.

Depuis la mort d’Ayrton Senna en 1994, les progrès en matière de sécurité, tant pour les bolides eux-mêmes (cellules de survie entourant le pilote et halo de sécurité protégeant sa tête…), que les circuits permettent aux pilotes de sortir indemnes d’accidents parfois extrêmement violents.

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Une photo prise le 31 août permet de constater l'ampleur des dommages subis par la voiture du pilote français Anthoine Hubert lors de l'accident qui lui a coûté la vie.

Mais la voiture d’Hubert, 22 ans, a été littéralement coupée en deux samedi par celle de l’Américain Juan-Manuel Correa alors qu’elle tournoyait sur la piste après une sortie de route. Correa, lui, a les deux jambes brisées.

L’accident s’est également produit dans une portion très rapide du circuit, le célèbre « Raidillon », augmentant la violence du choc.

« C’est quelque chose que j’ai toujours dit et même si on a énormément amélioré la sécurité des voitures et des circuits, cela reste un sport dangereux et il ne faut pas l’oublier », a souligné dimanche le quadruple champion du monde français Alain Prost.

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Le quadruple champion du monde français Alain Prost, aujourd'hui conseiller spécial de l'écurie F1 Renault, lors de la minute de silence observée en mémoire d'Anthoine Hubert, décédé la veille lors d'une course de F2.

La course de F2 avait lieu juste après les qualifications pour le Grand Prix de F1 dimanche et était diffusée en direct sur le circuit sur des écrans géants.

Lewis Hamilton, quintuple champion du monde de F1 et actuel leader cette saison, était en train de donner un interview lorsqu’il a vu l’accident sur un écran géant. « J’espère que le gars va bien. C’est terrifiant », a-t-il réagi, visiblement choqué, avant de s’éloigner.

Lors de la longue attente avant la confirmation de la mort du jeune pilote, un lourd silence est tombé sur le circuit ardennais.

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Cette photo prise le 24 mai 2019 montre Anthoine Hubert au volant de sa BWT Arden. Malgré l'arceau de sécurité, Hubert est mort lors d'une collision impliquant quatre voitures samedi.

La 2e course de F2, prévue dimanche matin, a été annulée et les entrées du circuit ont été pavoisées de drapeaux français à l’effigie d’Anthoine Hubert.

Jeunes pilotes

Si le dernier pilote décédé dans le cadre d’un Grand Prix de F1 avant Hubert était un autre Français, Jules Bianchi, ce dernier était mort à l’hôpital plusieurs mois après l’accident.

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Un homme inscrit ses condoléances sur une photo du pilote Anthoine Hubert, décédé samedi lors d'une course de F2 au circuit de Spa-Francorchamps, en Belgique.

En IndyCar-une formule de course monoplace américaine qui se dispute en partie sur des circuits ovales particulièrement rapides-les accidents graves sont plus nombreux.

Les pilotes britanniques Dan Wheldon et Justin Wilson y ont trouvé la mort respectivement en 2011 et 2015. Si certains pilotes venus de la F1 y participent, d’autres refusent de l’envisager comme le Français Romain Grosjean qui juge cette discipline trop risquée.

L’accident survenu samedi rappelle également celui dont a été victime le jeune Britannique Billy Monger, alors âgé de 17 ans, lors d’une course de F4 en 2017. Amputé des deux jambes, il a depuis recommencé à courir et fréquente régulièrement le « paddock » de la F1 comme commentateur de télévision.

La moyenne d’âge des pilotes a considérablement baissé ces dernières années tant dans les formules de promotion qu’en F1. Max Verstappen, le nouveau « phénomène » des Grand Prix n’a que 21 ans, Charles Leclerc, qui partira en pole  position pour le Grand Prix dimanche sur sa Ferrari, a le même âge.

Tous se connaissent pour avoir gravi les échelons ensemble. « Je ne peux pas le croire. Nous avions le même âge, nous avons commencé à courir ensemble et nous avons rivalisé sur les pistes pendant des années », a tweeté après l’accident Esteban Ocon qui vient d’intégrer pour 2020 l’écurie Renault en F1.   

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Esteban Ocon.

Hubert était sous l’aile du constructeur français dans le cadre de son programme « Renault Sport Academy », qui vise à détecter les jeunes talents pour les amener vers la catégorie suprême.

Car le sport automobile attire toujours autant de candidats qui commencent généralement par le karting dès leur plus jeune âge et participent ensuite aux formules de promotion dans leurs pays, avant de passer à l’échelon de leur continent puis mondial.

Et il ne s’agit pas seulement de jeunes hommes. Anthoine Hubert avait à ses côtés au sein de l’équipe BWT-Arden, une femme, la Colombienne Tatiana Calderon, 26 ans, la première à courir en F2.