Montréal a la chance d'être le théâtre d'un dénouement indécis en cette dernière fin de semaine de courses du championnat du monde de Formule E. Avec 10 points d'écart au classement général, Sébastien Buemi et Lucas Di Grassi vont batailler jusqu'au bout demain pour décrocher le titre. Un beau duel en perspective alimenté quelque peu par les déclarations de l'un et de l'autre.

En Formule E, les polémiques défraient rarement la chronique et les coups de gueule n'ont rien de comparable avec ce que l'on peut entendre dans les paddocks de F1. Mais cette semaine, la tension a monté un tout petit peu entre le Suisse Sébastien Buemi, champion du monde en titre et premier du classement, et le Brésilien Lucas Di Grassi, deuxième actuellement et vice-champion du monde l'an dernier.

À la veille de ces deux dernières manches, Di Grassi a confié à un confrère montréalais que la pression était sur les épaules de son rival. La réponse de Buemi fut quelque peu cinglante jeudi soir : « Il dit que la pression est sur moi ? Lui, il adore dire ça. Contrairement à lui, j'ai déjà gagné le championnat. Et on a déjà gagné deux fois le championnat par équipes. Je pense que c'est lui qui a plus de pression. »

Vendredi, en conférence de presse, Lucas Di Grassi a réitéré sa position.

« On est les négligés, on n'a rien à perdre mais beaucoup à gagner. Avec 10 points d'écart, la pression n'est pas sur moi. »

- Lucas Di Grassi

Au premier coup d'oeil, le classement brut ne lui donne pas tout à fait tort. Mais le déroulement du championnat et les deux courses précédentes à New York, au cours desquelles il a terminé quatrième puis cinquième, ne plaident pas en sa faveur. Le Brésilien n'a pas saisi l'occasion de combler complètement l'écart en l'absence du Suisse, retenu en Endurance la même fin de semaine. « Je m'attendais à ce que Lucas fasse mieux que ce qu'il a fait. Pour moi, c'est quand même positif, ç'aurait pu être bien pire », estime d'ailleurs Sébastien Buemi.

LA DOMINATION DE RENAULT E.DAMS

Le Suisse semble bénéficier d'une voiture plus compétitive que son poursuivant, oeuvre de son écurie Renault e.dams qui domine le championnat depuis ses débuts il y a trois ans. « Renault a été l'un des précurseurs du championnat. Dès le début, ils ont été là. Pour Renault, l'électrique est important. Ça a vraiment aidé pour créer une bonne voiture et le groupe propulseur. Et puis, il y a un bon compromis entre les pilotes, l'écurie, on a trouvé une bonne synergie », explique le pilote.

Lucas Di Grassi pourrait mettre la pression sur son adversaire dès la course d'aujourd'hui quand bien même il considère que « la finale, c'est dimanche ». « Tu dois aborder chaque course comme une finale. À Hong Kong, dès la première course de la saison, on a essayé de maximiser la voiture. Cette fin de semaine, on va pousser de la même manière », annonce le pilote de l'écurie allemande ABT Schaeffler Audi Sport.

Face à cette stratégie, Sébastien Buemi fait la sourde oreille. « Ma stratégie est de me concentrer sur moi, j'ai une bonne voiture, une bonne équipe, je peux faire un bon résultat. Je ne veux pas perdre d'énergie à penser à lui ou à autre chose. »

LE PELOTON S'ÉLÈVE

Comme à New York, la course du dimanche comptera deux tours de plus que celle du samedi. Deux tours qui peuvent faire pencher la balance, explique Buemi : « La FE, c'est un compromis entre économiser de l'énergie et être rapide. Les organisateurs aiment bien avoir deux courses de longueur différente. La course du dimanche est plus difficile à gérer, car il faut économiser plus d'énergie. Donc, en général, ça crée plus de spectacle. Après, il faut réaliser qu'il y a deux ans, on faisait des courses de 80 km. [Demain], on va faire une course de 102 km avec la même batterie. Donc on s'améliore en termes d'efficacité, on peut aller de plus en plus loin. »

Lucas Di Grassi, lui, devra composer avec la concurrence, tout simplement de plus en plus vive. À New York, il y a deux semaines, tous les pilotes se tenaient en moins d'une seconde.

« On a dû beaucoup plus batailler cette saison que l'année dernière pour avoir de bons résultats, et le niveau du peloton s'est considérablement élevé, il y a plus de concurrence, analyse Di Grassi. Évidemment, ma préoccupation est le championnat des pilotes, mais on veut finir le plus haut possible aussi au classement par équipes. On est très proche avec Mahindra. On regarde ça. »

Un autre duel en perspective.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Le Suisse Sébastien Buemi semble bénéficier d'une voiture plus compétitive que celle de son poursuivant, oeuvre de son écurie Renault e.dams qui domine le championnat depuis ses débuts il y a trois ans.