À l'issue d'une course spectaculaire aux rebondissements incroyables, Daniel Ricciardo a remporté son tout premier Grand Prix, dimanche à Montréal. Le pilote de Red Bull a devancé Nico Rosberg, handicapé par des problèmes mécaniques, et son coéquipier Sebastian Vettel.

Quelle course! Jusqu'au bout, le suspense aura été entier dimanche au circuit Gilles-Villeneuve. Ce 35e Grand Prix du Canada a sans doute été l'un des plus incertains et l'un des plus haletants de ce début de saison.

> Un Grand Prix captivant

> La déroute de Mercedes

> Massa et Perez ont fait le spectacle... jusqu'au bout!

Il faudra retenir d'abord que l'Australien Daniel Ricciardo a été couronné pour la première fois de sa carrière au Québec. Mais il faudra aussi se souvenir de cette fin de course épique. Alors que Rosberg n'a pu empêcher l'Australien de le dépasser à seulement deux tours de la fin, derrière, un tour plus tard, Felipe Massa (Williams) a frappé la roue arrière gauche de la Force India de Sergio Perez; leurs deux voitures sont allées ensuite percuter violemment un mur, ce qui a été sans gravité pour les deux pilotes, qui bataillaient pour la quatrième place.

«La course s'est décantée dans les 15 ou 20 derniers tours, a raconté Ricciardo sitôt la course terminée. On a vu Hamilton avoir un problème et Rosberg qui était lent dans les lignes droites. J'ai bataillé pour dépasser Perez. On a eu une ouverture dans la dernière chicane, je n'ai pas perdu de vue Nico (Rosberg) et, à quelques tours de la fin, je me suis trouvé au bon endroit pour activer le DRS. Là, c'est un sentiment incroyable, je remercie vraiment toute l'équipe.»

Red Bull a réalisé un doublé sur le podium avec la troisième place de Vettel. Quelques centaines de mètres après avoir dépassé Sergio Perez, alors troisième et ralenti par ses freins, Sebastian Vettel a vu dans son rétroviseur le Mexicain être accroché par Massa.

«Je l'ai dépassé et dans le virage numéro 1, j'ai vu qu'ils étaient très proches et j'ai vu quelque chose de blanc (la couleur de la voiture de Massa) arriver dans le rétroviseur. À la dernière seconde, j'ai réagi en poussant la machine et en tournant légèrement à droite. Felipe était dans les airs. C'est un peu surréaliste, mais je suis pas mal chanceux qu'il ne m'ait pas frappé et de l'avoir vu juste à temps», a commenté l'Allemand.

Ce Grand Prix a démarré très fort deux heures plus tôt. Dès le départ, au premier virage, Hamilton a perdu sa deuxième place, déporté vers l'extérieur au freinage, laissant passer Vettel. Rosberg avait pris le meilleur sur son coéquipier auparavant. Mais ce premier tour a surtout été marqué par l'accident des deux Marussia. En partant en survirage dans le virage Jabouille, Chilton a perdu la maîtrise de sa voiture et percuté son coéquipier Bianchi, qui est allé heurter un mur. «Je vais bien», a rassuré à la radio le pilote français. Plus de peur que de mal, donc, mais les deux pilotes ont abandonné. Et la voiture de sécurité a fait son apparition.

Rosberg contre Hamilton, et la chaleur

La course a repris ses droits au huitième tour. Deux tours plus tard, Hamilton a récupéré la deuxième place au détriment de Vettel, impuissant. Derrière, les deux Williams de Massa et Bottas ont pris un bon départ, conservant leurs quatrième et cinquième places acquises la veille en qualifications.

Sous la chaleur, les pilotes ont ensuite levé le pied pour ménager leurs pneus. Les changements de pneumatiques ont alors quelque peu changé la configuration de la course. Ce qui n'a pas empêché d'assister à une belle bataille entre les deux pilotes Mercedes, d'une part, pour la tête et entre Hulkenberg (Force India) et Vettel (Red Bull), d'autre part, pour la quatrième place.

Rosberg, pour sa part, s'est fait une petite frayeur à deux reprises, notamment au 24e tour lorsqu'il a dû faire un tout droit dans la chicane du mur des célébrités. Cette manoeuvre a conduit à l'ouverture d'une enquête des commissaires de course. Sans conséquence. Les deux pilotes ont entre-temps été rappelés à l'ordre par leur équipe à la radio: «Ne prenez pas de risque».

Mais un premier coup de théâtre est survenu à la mi-course. Les deux Mercedes ont été victimes d'un problème mécanique similaire. Perdant de la puissance, Rosberg et Hamilton ont vu leur avance sur leurs poursuivants se réduire. Les deux pilotes bouclaient même leur 40e tour avec trois secondes de plus que le troisième, Hulkenberg.

Mais on n'était pas au bout de nos surprises. Sept tours plus tard, deuxième rebondissement dans ce Grand Prix: Hamilton retournait définitivement aux puits, ses freins arrière - trop sollicités - ayant apparemment fondu.

Les problèmes mécaniques de Rosberg (perte de puissance et freins arrière défectueux pour lui aussi) et les derniers changements de pneus ont conduit ensuite à une bataille pour la première place entre l'Allemand Perez (Force India) et les deux pilotes de Red Bull, Ricciardo et Vettel.

«J'ai perdu le système de récupération d'énergie et quand vous le perdez, vous n'êtes plus assez alimenté, et le freinage à l'arrière est alors assuré uniquement par les freins arrière. Les freins arrière surchauffent alors, a expliqué Nico Rosberg. Je devais refroidir les freins, j'ai perdu de la puissance dans les lignes droites.»

Le pilote allemand s'est contenté aisément de cette issue, lui qui compte maintenant 22 points d'avance au classement sur Hamilton. «Vu comme ça, c'est un très bon résultat et beaucoup de points.»

Au bout du suspense, Daniel Ricciardo est parvenu à remporter ce Grand Prix au scénario complètement fou. «C'est un peu surréaliste, mais vraiment cool, a-t-il dit. On n'a pas mené la course, je n'ai donc pas eu le temps de comprendre que j'étais en train de gagner. Tout s'est joué dans les derniers tours. C'est pour cela que cela me prend un peu de temps à réaliser.»

Une course comme ça, on en redemande. Dès l'an prochain.