La police française enquête sur le vol d'un rapport médical rédigé sur l'ancien pilote Michael Schumacher, et proposé pour environ 50 000 euros (73 000 dollars) à plusieurs journaux, ce qui constitue un nouveau dérapage dans cette affaire à fort retentissement médiatique.

L'enquête a été ouverte la semaine dernière après le dépôt de deux plaintes de l'hôpital de Grenoble (est de la France) et de la famille Schumacher pour vol et violation du secret médical.

Le document volé, un rapport de synthèse de 11 ou 12 pages, a été rédigé par le médecin grenoblois du septuple champion de Formule 1 en vue d'être transmis à son homologue suisse, dans le cadre du transfert du pilote de Grenoble vers Lausanne.

«Le ou les auteurs du vol ont contacté un certain nombre de journalistes français, suisses et allemands. Cet individu, qui communique par mail, demande 60 000 francs suisses pour fournir le document», a déclaré à l'AFP Jean-Yves Coquillat, procureur à Grenoble.

«Pour justifier ses dires, il fournit une partie de ce rapport qui permet de penser qu'il est en possession du dossier», a ajouté le magistrat. Il est «probable» que ce rapport médical ait été volé à l'hôpital de Grenoble mais «ce n'est pas établi», a-t-il précisé.

Le document volé ne serait pas le rapport final mais un brouillon, qui a passé plusieurs heures dans une poubelle de l'hôpital. Dans ses courriels, son détenteur se fait appeler «Kagemusha», en référence à un film du Japonais Akira Kurosawa, Palme d'or à Cannes en 1980, selon le parquet.

Les policiers grenoblois sont en train de retracer «l'emploi du temps» du rapport médical, en interrogeant les nombreuses personnes qui auraient pu l'avoir entre les mains. Parallèlement, l'hôpital de Grenoble mène un audit informatique interne afin de détecter une éventuelle intrusion dans son système informatique.

Le procureur espère aussi pouvoir compter sur l'aide des médias contactés par le voleur. «Si dans un souci de coopération, pour lutter contre ce genre de voyous, des journalistes voulaient aider la justice, la justice ne refuserait pas leur aide», a déclaré M. Coquillat.

C'est d'ailleurs grâce au quotidien allemand Bild que l'affaire a éclaté. Des journalistes de Bild ont en effet prévenu la porte-parole de Michael Schumacher, Sabine Kehm, qu'ils avaient été approchés par «Kagemusha» et lui ont transmis les documents qu'ils avaient reçus.

«Comportement inadmissible»

«J'espère que tout le monde comprendra que ce type de comportement est inadmissible. Chacun a droit au respect de son secret médical», a souligné le procureur, qui a saisi la police judiciaire de l'affaire.

La porte-parole de Schumacher a annoncé lundi soir dans un communiqué que la famille du champion allemand porterait plainte chaque fois qu'un média publierait ces documents.

L'hôpital avait pourtant pris des mesures strictes pour protéger le dossier de Michael Schumacher, en interdisant à son personnel de le consulter via le système informatique interne. La version papier du dossier avait été masquée sous plusieurs pseudonymes dont le dernier était «Jérémy Martin».

L'accès à la chambre du champion allemand, hospitalisé à Grenoble après un grave accident de ski en décembre 2013 à Méribel (Alpes françaises), était protégé par un vigile 24H/24 et 7 jours sur 7.

Au début de son hospitalisation, un journaliste allemand déguisé en prêtre avait tenté de s'y introduire. Plusieurs autres personnes ont tenté de faire de même dans les semaines suivantes, sans doute pour prendre des photos ou des vidéos.

Des journalistes allemands avaient en outre dit à l'AFP s'être vu proposer contre rémunération des photos de Schumacher inconscient prises à l'intérieur de l'hôpital. Ces clichés n'ont jamais été publiés.