L'Allemand Nico Rosberg (Mercedes), victorieux en 2013 et 2014, vise la passe de trois dimanche au 73e Grand Prix de Monaco, ce qui lui permettrait d'égaler Graham Hill et Alain Prost tout en se rapprochant d'Ayrton Senna, cinq victoires de rang en Principauté au siècle dernier.

Au Grand Prix d'Espagne, il y a dix jours, Rosberg a battu à la régulière son coéquipier Lewis Hamilton, pour la première fois de la saison. Du coup, il est revenu à 20 points du double champion du monde anglais (91 à 111) et les retrouvailles sont très attendues dans les rues où le fils de Keke Rosberg a été élevé.

Comme souvent à Monaco, les qualifications de samedi seront cruciales. L'an dernier, c'est justement là qu'a commencé le duel à couteaux tirés entre les deux pilotes Mercedes-AMG, qui a duré jusqu'à la grande finale d'Abou Dhabi. Hamilton avait accusé Rosberg d'être délibérément parti à la faute pour l'empêcher de faire mieux que lui, en provoquant la sortie des drapeaux jaunes à la fin de la Q3. Le lendemain, Nico est parti en «pole» et il a gagné.

Comme c'est Monaco, il y aura beaucoup de «tifosi» et la Scuderia Ferrari sera très soutenue. Elle est la seule, en cinq GP cette année, à avoir réussi à monter sur le podium à chaque fois, avec les deux pilotes des Flèches d'Argent. A ce décompte particulier, Sebastian Vettel mène quatre podiums à un face à Kimi Räikkönen mais le diable finlandais va de mieux en mieux, alors qui sait?

À la différence de Rosberg, Vettel, Räikkönen et Hamilton n'ont gagné qu'une fois à Monaco. Si ça s'accroche devant au départ, ce qui peut toujours arriver du côté de Sainte-Dévote, ou si la stratégie n'est pas assez bonne comme ce fut le cas en Malaisie (victoire de Vettel), ils seront les candidats les plus évidents à une victoire de prestige dans le Grand Prix le plus «glamour» du calendrier.

En pensant à Bianchi...

Comme c'est Monaco, caisse de résonance hors-normes, il y aura aussi des annonces. La première a eu lieu mercredi à l'heure du dîner: Hamilton a prolongé de trois ans son contrat avec Mercedes, jusqu'en 2018, pour 30 à 40 millions d'euros par an, selon ses résultats sur la piste. Si ce week-end est dominé par Rosberg, sous ses fenêtres, l'ironie sera parfaite, voire mordante.

Derrière Mercedes-AMG et Ferrari, a priori au-dessus du lot, la bagarre sera acharnée pour les places d'honneur, avec en tête du peloton de chasse les Williams. Si les Red Bull et les Lotus continuent à progresser, comme les deux débutants de chez Toro Rosso, Carlos Sainz Jr et Max Verstappen, ça rendra la course intéressante.

Comme c'est Monaco, il y aura aussi des micro-événements, un défilé de mode avec des pilotes de F1, des fêtes sur des yachts et même des projections de films, comme au Festival de Cannes. Et pour que tout le monde trouve le temps d'organiser son «happening» monégasque, le week-end de F1 dure un jour de plus, avec les premiers essais libres jeudi matin.

Comme c'est Monaco, il y aura aussi des courses annexes plus suivies que d'habitude, à commencer par le GP2 avec quatre Français au départ, dont Pierre Gasly. «Je vais me donner à 200% pour mon pote Jules», a twitté Gasly cette semaine.

Jules, c'est Bianchi bien sûr, l'absent, toujours dans le coma à l'hôpital de Nice, sa ville natale, à 17 km de la Principauté. L'an dernier, dans sa modeste Marussia, Jules a marqué deux points, ses deux premiers en F1, les deux premiers de l'écurie russe. Puis Marussia, sauvée in extremis, est devenue Manor GP, présente à Monaco. «The show must go on».