François Dumontier ne s'en cache plus : il est activement à la recherche de nouveaux actionnaires dans son entreprise, le Groupe de course Octane, qui est promoteur du Grand Prix du Canada.

« Les vannes sont grandes ouvertes dans les discussions avec plusieurs partenaires québécois et de l'extérieur du Québec », dit le président et actionnaire unique du Groupe de course Octane, en entrevue à La Presse.

En juin dernier, La Presse révélait que Dumontier discutait avec des entreprises québécoises et étrangères pour accueillir des nouveaux investisseurs au sein de son entreprise. Six mois plus tard, le promoteur du Grand Prix du Canada ne cache plus son désir d'accueillir de nouveaux actionnaires.

« Il faut que je m'associe à des entreprises de plus grande envergure qui vont venir ajouter ce qu'il nous manque », explique celui qui a toujours souhaité garder une participation importante dans le Groupe de course Octane et continuer d'être un dirigeant de l'entreprise.

« Je connais mes forces, je suis un gars d'opérations, mon Grand Prix est bien opéré, il est lean. Ma faiblesse est peut-être d'un point de vue marketing. De nos jours, ça nous prend une force en marketing pour se démarquer parce qu'il y a beaucoup d'offre dans l'industrie du divertissement. »

- François Dumontier, président de Groupe de course Octane

« [...] Au fil des ans, on se rend compte que c'est une grosse business. Je cherche des synergies au point de vue du marketing, des promotions, de l'administration », ajoute François Dumontier, qui pourrait trouver ses partenaires au Québec, mais pas obligatoirement. « Quand je regarde la provenance de notre clientèle, [l'important], c'est d'avoir l'expertise [...], pas nécessairement d'être au Québec », dit-il.

Pourrait-il se rendre au bout de son entente de 10 ans avec Formula One Management en 2024 sans recruter de nouveaux actionnaires ? « On peut durer encore, mais il y a des éléments qui doivent arriver si on reste seuls », poursuit-il. Le plus important : l'arrivée d'un commanditaire en titre.

« J'espérais pouvoir l'annoncer avant Noël, je pense que ce sera juste après les Fêtes. »

En F1, il vaut parfois mieux pouvoir absorber les coûts durs sur le plan financier. François Dumontier donne l'exemple du Grand Prix des États-Unis, dont la dernière édition a été « dévastatrice financièrement », selon ses propriétaires, en raison de tempêtes de pluie.

L'un des propriétaires du Grand Prix des États-Unis à Austin, au Texas, est le milliardaire américain Red McCombs (fortune de 1,6 milliard US, selon Forbes), qui a déjà possédé trois équipes de sport professionnel (Minnesota dans la NFL, ainsi que Denver et San Antonio dans la NBA).

« Quand un propriétaire comme celui d'Austin, qui a des moyens financiers plus mal plus importants que moi, va [peut-être] laisser son Grand Prix parce qu'il n'est pas rentable dans son lot d'événements, [ça démontre que] c'est une business où ça ne peut plus être un "mom and pop shop" comme moi », dit François Dumontier.

Les acteurs financiers

Le propriétaire de la F1

Formula One Management

Cette entreprise dirigée par Bernie Ecclestone est propriétaire de la Formule 1 et de l'exploitation des droits commerciaux de la F1. C'est cette société qui vend notamment les droits pour présenter un Grand Prix de F1. Entre 2015 et 2024, l'entreprise recevra 18,7 millions par an (186,7 millions au total) en subventions de la part des gouvernements pour présenter le Grand Prix du Canada à Montréal. L'entreprise reçoit aussi une part des revenus du Grand Prix (environ 5-6 millions par an) en vertu de son entente avec le promoteur, Groupe de course Octane. C'est aussi cette société qui vend les commandites internationales de la F1. Qui sont les actionnaires de Formula One Management ? Le fonds d'investissement privé CVC Capital Partners, les sociétés d'investissement américaines BlackRock et Waddell & Reed, la banque norvégienne Norges Bank et la société de Bernie Ecclestone.

Le promoteur

Groupe de course Octane

Cette entreprise québécoise détenue à 100 % par l'homme d'affaires François Dumontier est le promoteur du Grand Prix du Canada jusqu'en 2024, en vertu de son entente avec Formula One Management. Groupe de course Octane encaisse la grande partie des revenus locaux du Grand Prix et paie en contrepartie les dépenses d'organisation. En vertu de son entente avec Formula One Management, Groupe de course Octane doit partager certains revenus avec cette entreprise (Formula One Management), à hauteur d'environ 5-6 millions par an. Groupe de course Octane ne reçoit aucune subvention des gouvernements.

Les partenaires

Gouvernement du Canada, gouvernement du Québec, Ville de Montréal, Tourisme Montréal

Ils verseront environ 18,7 millions par an pendant 10 ans à Formula One Management pour la présentation du Grand Prix du Canada. Pour la période 2015-2024, Ottawa versera 62,4 millions, Québec, 49,9 millions, la Ville de Montréal, 12,4 millions, et Tourisme Montréal, 62 millions par l'entremise de taxes sur l'hébergement (total de 186,7 millions sur 10 ans). En plus, la Ville de Montréal assumera le coût des rénovations des installations du circuit Gilles-Villeneuve, soit 32,6 millions. En contrepartie, 33 % des revenus à la billetterie (à l'exception des loges) reviendront aux gouvernements à titre de redevances. Les différents partenaires se partageront les redevances sur les billets comme suit : 46,9 % à la Ville de Montréal, 31,3 % à Tourisme Montréal, 14,62 % à Ottawa et 7,95 % à Québec.

Baisse du prix des billets en 2016

Le Grand Prix du Canada a augmenté de 6% ses ventes de billets en 2015 grâce aux touristes étrangers, mais les Montréalais ont été moins nombreux à assister au Grand Prix.

Résultat: le prix moyen des billets diminuera d'environ 14% en 2016, résultat d'une étude commandée par François Dumontier à une firme externe. «Nous avons regardé tous les Grands Prix à travers le monde, les prix les plus chers, les moins chers, et je suis arrivé à la constatation que mon prix moyen était un peu plus élevé que ce qu'il devrait être, dit François Dumontier. Nous avons diminué notre prix moyen de 445$ à 385$ pour le week-end. Par expérience, il y a des chiffres psychologiques. Le 400$ était un chiffre psychologique, nous l'avons remarqué.»

Environ 54% des clients du Grand Prix du Canada proviennent de l'extérieur du Québec, une proportion en hausse. Les Américains sont particulièrement plus nombreux. «Le taux de change a été favorable et risque de l'être encore [l'an prochain]», dit le promoteur du Grand Prix du Canada.