À 43 ans, Alex Tagliani n'a rien perdu de sa passion pour la course automobile, mais il a désormais appris à faire des choix de carrière plus sensés. C'est pour cette raison qu'il roulera ce week-end sur le circuit routier CTMP en Ontario au volant de sa voiture no 18 plutôt que de participer aux qualifications des 500 milles d'Indianapolis, comme il l'a fait depuis 2009.

Le vétéran pilote a en effet pris la décision cet hiver de se concentrer avant tout sur la série canadienne NASCAR et d'en disputer les 13 manches en 2017 avec l'objectif de remporter les grands honneurs de la série, un titre qui lui a échappé de peu l'an dernier.

En 2016, il a terminé troisième au classement avec cinq podiums, dont trois victoires, en 11 départs. Le coup d'envoi de la saison sera donné dimanche, à Bowmanville.

«On ne peut pas tout avoir dans la vie, a reconnu réaliste Tagliani en entrevue à La Presse canadienne. Indianapolis, c'est beaucoup d'efforts pour une seule course. Cette année, j'ai décidé de donner la priorité à la saison canadienne en NASCAR et de bâtir quelque chose pour l'avenir avec l'équipe. Et les 500 milles entraient en conflit avec la première course de la saison.»

La décision n'a sans doute pas été aisée car «Tag» ambitionnait de réaliser un tour du chapeau sur le mythique ovale, lui qui y a remporté le titre de recrue de l'année en 2009 et signé la position de tête en 2001. Il ne lui manquait qu'une victoire pour couronner son palmarès.

«J'ai eu plusieurs opportunités de l'emporter là-bas, y compris l'an dernier, mais une série de malchances m'en ont privé.»

Il se dit toutefois très serein avec sa décision.

«Auparavant, j'étais incapable de dire non. J'étais dépendant d'être assis dans une voiture coûte que coûte, même si la décision d'affaires n'était pas nécessairement bonne pour moi à long terme. Aujourd'hui, je suis plus équilibré.»

Plus excité qu'à l'habitude à l'aube d'une nouvelle saison, Tagliani misera sur une solide équipe d'une vingtaine de personnes autour de lui.

«J'ai mis beaucoup d'énergie pour réunir une belle équipe et j'en retire une grande fierté. C'est valorisant de voir que tout a été mis en place pour élaborer un bon programme», a noté celui qui compte sur le soutien financier de Lowe's Canada, EpiPen et St-Hubert.

Valeur familiale

Tagliani a toujours été un homme pour qui la famille est primordiale, mais il avoue qu'il n'a pas toujours tenu compte de cette valeur dans ses décisions. Marié depuis 2003 et père d'une fillette de deux ans, il a revu ses priorités dans ce domaine.

«Je réalise que j'ai imposé des sacrifices à mes proches pour poursuivre ma carrière. Ils se sont parfois retenus de me le dire par respect. Aujourd'hui, il n'est plus question que j'accepte une offre si ça peut affecter les gens autour de moi, ma femme, ma fille.»

Récemment, Tagliani a accepté de revenir sur un épisode tragique de sa carrière. Dans un blogue sur le site sansfiltre.ca, il a livré ses états d'âme sur son accident survenu en Allemagne, le 15 septembre 2001, où Alessandro Zanardi a perdu ses deux jambes.

«Pourquoi avoir décidé d'en reparler? Il y a des choses que je voulais dire depuis longtemps, mais là j'avais l'opportunité de les aborder plus en profondeur. Il faut se rappeler que cet accident s'est produit quelques jours après les événements du 11 septembre 2001 à New York. Il faut parfois se poser les bonnes questions et se demander si nous faisons les choses pour les bonnes raisons.»

Chose certaine, Tagliani entend poursuivre sa carrière de pilote tant et aussi longtemps qu'il continuera à se maintenir parmi les plus rapides.