Ils ont la même voiture depuis plus de 15 ans. Pour rien au monde, ils ne voudraient se départir de leurs «minounes» qu'ils bichonnent. Ces amoureux de leur voiture - et leurs proches - se confient. Témoignages rationnels riches d'enseignements.

Dévoué et fidèle à sa voiture

Lui: Jean-Claude Marcoux, de Mont-Saint-Hilaire

Elle: Acura TL 1999

En relation depuis 1999

«Je n'ai jamais gardé une voiture plus que six ou sept ans, mais me voilà à toujours savourer une Acura TL qui a 13 ans puisque j'en ai pris livraison autour de Pâques 1999. Je voulais acheter une BMW, mais il y avait trop de choses que mon épouse n'aimait pas. Et cette Acura avait été louangée à l'époque par Jacques Duval. J'en ai pris une.

«Récemment, j'ai été tenté par l'infidélité, avec Mercedes. Mais je me suis dit: ça va me donner quoi? Je n'ai pas envie de changer.

«Et puis, elle fonctionne tellement bien. Elle a 165 000 km. J'ai suivi religieusement toutes les recommandations du manufacturier et en ai pris un soin jaloux. Jamais lavée au «car-wash» ! Elle est bichonnée. Même au garage, ils n'en reviennent pas de voir un moteur si propre. Une fois par semaine, je lui fais l'amour: je la nettoie au complet à l'intérieur.

«Je sais qu'il faudra songer à changer de voiture un de ces jours, mais comme je suis un fiéffé amateur de voitures d'époque, j'envisage la conserver et la laisser devenir une voiture... ancienne.

«Il reste que je considère cette Acura 3.2 TL 1999 comme la meilleure voiture que nous ayons eue jusqu'ici. Et nous en avons eu 18, dont une Mercedes. C'est pas peu dire...

«La photo date d'il y a presque 13 ans. Et je l'aime encore! Je ne parle pas de la femme. Elle, ça va faire bientôt... 55 ans! Même si les garanties sont finies dans les deux cas. Je dois être un conservateur, non?»

«Un coup de coeur»

Lui: Gilles Héon, de Montréal

Elle: Honda Civic Hatchback 1991

En relation depuis 1996

«J'ai acheté cette Honda Civic il y a une quinzaine d'années pour 6000$. Elle a le nez d'une Ferrari. Elle est très nerveuse et très basse. C'est ma voiture de rêve. Je la bichonne et elle ronronne. J'espère l'avoir encore dans 20 ans.

«J'ai acheté cette voiture sur un coup de coeur. Je magasinais une voiture neuve sans trouver la bonne machine pour moi. Je me suis alors dit: qu'importe l'année du véhicule. Quelle voiture te plaît vraiment? Excluant les engins à 100 000$. Ma Civic s'est imposée comme une évidence.

«Ce n'est pas fameux si on va sur la rue Crescent, ça manque un peu de chrome et de glamour, mais c'est une voiture très efficace. À mon goût, c'est une très bonne voiture.

«Si j'ai pu garder cette merveille si longtemps c'est parce que j'ai le meilleur mécano du monde. Je lui laisse ma beauté quelques jours par année et il me la retape et la pomponne. Cela fait 15 ans que ça dure... Que du bonheur.

«Je ne fais pas 80 000 km par année non plus, je suis un urbain, je fais entre 3000 et 5000 km par an. Je roule aussi en moto, en vélo et en métro.

«Quelques fois, je trouve des publicités sur mon pare-brise qui offrent quelques dollars pour ma dulcinée. Ou des fois un collègue me dit que je devrais m'en acheter une neuve, qu'elles sont bien mieux. C'est comme si on m'offrait d'échanger la femme que j'aime sous prétexte qu'une plus jeune c'est plus fin et plus beau. Quel infamie! Juste à y penser, j'en ai des sueurs froides.»

Photo fournie par Gilles Héon

La Honda Civic 1991 de Gilles Héon.

Frappé par un coup de «Grisou»

Lui: Benoit Jeanson, de Sherbrooke

Elle: Volkswagen Jetta GTX 1990

En relation depuis 1995

Sa femme Ann-Janick Lépine témoigne.

«Nous sommes tout un fan club à reconnaître que la relation qu'entretient mon époux avec sa Jetta GTX 1990 est digne des plus beaux romans!

«Acquise en 1995, cette voiture ne le quitte plus depuis. Entreposée l'hiver dans un garage chauffé à l'extérieur de la ville, c'est un deuil chaque année quand notre courtière d'assurance rappelle à mon conjoint que nous sommes en octobre et que la voiture - «Grisou» - devrait, selon ses habitudes, être entreposée dans les prochains jours.

«D'octobre à mai, Grisou n'est donc plus sous la fenêtre, près de la maison. Elle est entreposée avec des Jaguar, des bateaux, des voitures de collection. Grisou a vraiment l'air «pas rapport» dans ce décor, mais pour mon conjoint, c'est la reine!

«Tout est arrivé à cette voiture. Mais elle est toujours là. Pour tout vous dire, le rang que j'occupe dans le coeur de mon époux n'est pas très clair, même après 20 ans de mariage.

«Mon époux n'est pas mécanicien pour deux sous. C'est un chercheur universitaire, bien rationnel et sympathique. Alors, quand Grisou doit être réparée ou entretenue, c'est souvent un moment éprouvant. Mais notre mécanicien spécialisé connaît bien l'amour de ses clients pour leur voiture. Il est sans doute le seul à le comprendre aussi bien!

«Elle fait vraiment partie de notre patrimoine matériel et immatériel. Notre entrée près de la maison n'est vraiment pas la même quand elle n'y paraît pas. Le printemps revient et les retrouvailles reprendront de plus belle. Combien de temps cela durera-t-il? L'amour n'a pas d'âge et de toute évidence les Jetta GTX 1990 non plus!»

Photo fournie par Benoit Jeanson

La Volkswagen Jetta GTX 1990 de Benoit Jeanson.

Un membre de la famille

Lui: André Moreau, de Saint-Bruno-de-Montarville

Elle: Nissan Stanza 1987

En relation depuis 1987

«Ma femme, qui était alors encore la fille de son papa, a acheté une Nissan Stanza en banlieue de Chicago le 31 décembre 1987. Un modèle de base qui n'avait rien à l'intérieur. Même pas de radio, rien. Ma femme et moi étions alors étudiants à l'Université Northwestern.

«Deux ans plus tard, nous nous sommes mariés. On a alors vendu la Nissan Sentra que j'avais, la Stanza étant une meilleure voiture. Deux autres années plus tard, notre Stanza et nous avons déménagé à Saint-Bruno et nous avons eu un fils, puis un autre, puis une fille. Cette voiture est donc devenue une immigrante en 1991.»

«La famille a grandi. Le premier garçon a finalement pris ses cours de conduite dans la Stanza. Puis le deuxième. Et bientôt la plus jeune. Le plus vieux fait chaque jour l'aller-retour entre Saint-Bruno et Sorel en Stanza pour son stage universitaire. Entre-temps, nous avons eu une Ford Windstar 1996 qui a rendu l'âme tout récemment après un changement de moteur. Il y a deux ans, on a acheté une Subaru Impreza WRX en se disant que la Stanza était à la veille de mourir et qu'elle serait une voiture pour les enfants.

«Cela fait 15 ans que je me dis régulièrement qu'elle en a encore pour un an. Cela coûte moins cher d'entretenir un véhicule que d'en acheter un neuf. C'est de l'entretien normal presque tout le temps, j'ai rarement eu des choses sérieuses.

«Le moteur de ma Stanza bat toujours bien fort. Elle a bien quelques petits bobos de vieillesse, mais pour une 1987 avec 325 000 km, elle se porte très bien. Mon garagiste n'en revient pas.»

Photo fournie par André Moreau

La Nissan Stanza 1987 d'André Moreau.

La «TT» du docteur

Lui: Serge Brouillet, de Saint-Charles-Borromée

Elle: Toyota Tercel

En relation depuis 1997

Son fils Jordan Brouillet témoigne.

«Mon père Serge Brouillet a 50 ans depuis peu. Il n'a possédé que deux voitures dans sa vie. Deux Toyota Tercel!

«En entamant sa carrière de médecin en 1987, il s'achète une Toyota Tercel neuve de couleur rouge, manuelle, de base. Friande d'huile comme pas une, la voiture a rendu l'âme en 1997 après que son moteur eut brûlé à 137 000 km. Voilà qui ne découragea pas le médecin, qui achètera, à 35 ans, sa deuxième voiture neuve, qu'il possède toujours: une autre Toyota Tercel, toujours de couleur rouge, manuelle et - évidemment - de base!

«Le contrat de vente original repose toujours dans le coffre à gants et totalise à peine 17 000$.

«Clin d'oeil au roadster d'Audi, elle a été surnomée ironiquement «TT» par ses enfants. La voiture a malgré tout fêté avec grâce ses 15 ans le 31 janvier dernier, affichant à peine 205 000 km au compteur.

«À l'hôpital, tous connaissent la Tercel du docteur Brouillet. On raconte même qu'un jour un agent de sécurité fraîchement embauché s'en était approché, curieux qu'une petite Tercel d'une bonne dizaine d'années se trouve dans le stationnement réservé aux médecins!

«C'est la fiabilité proverbiale et la frugalité à la pompe de la «TT» qui sont à l'origine de la relation d'amour entre la petite sous-compacte et le médecin, qui avoue se rendre rarement au garage. Il raconte n'avoir jamais eu à changer autre chose que les freins, sans compter qu'elle n'a jamais refusé de démarrer.

«Pour son propriétaire, pas question de l'envoyer à la casse avant qu'elle ne puisse plus rouler du tout.»

Photo fournie par Jordan Brouillet

La Toyota Tercel 1997 de Serge Brouillet.

Le premier achat sur le web

Lui: Paul Delaney, de Beaconsfield

Elle: Mercedes C-220 1994

En relation depuis 2003

«Cette voiture, c'est la première chose que j'ai achetée sur l'internet. Je cherchais pour mon gendre une auto et j'ai vu celle-là sur eBay. Ma femme m'a dit sur le coup: t'es fou d'avoir dépensé 6600$ de cette manière!

«Une fois la voiture à Montréal, je me suis rendu chez mon garagiste pour une inspection complète ainsi qu'un changement de tous les liquides. Quelques heures plus tard, mon mécano m'appelle et me dit: ta voiture est prête. Je lui demande alors ce qui devra être réparé ou remplacé. Il répond: rien, tout est en ordre.

«Elle a plus de 270 000 km au compteur, elle est propre, fiable et très bien pomponnée. Je suis bon pour un autre 200 000 km. Son moteur, un quatre-cylindres, est le même que dans les taxis en Europe. C'est un 2,3 L, donc très économique, fiable et confortable.

«Elle nous a emmenés vers plusieurs destinations au cours des années: entre autres New York, Boston, Halifax et maintes fins de semaine dans les Cantons-de-l'Est.

«Je viens tout juste de découvrir un peu de rouille à la base de l'aile avant gauche. Le reste de la voiture est en excellent état et mérite d'être considéré.

«Après neuf ans, nous roulons toujours heureux de notre petite C-220. Il faut, je pense, une passion pour les vieilles voitures, une bonne compréhension de base de la mécanique, rester vigilant et faire les petites réparations avant qu'elles deviennent de grosses dépenses, et avoir un bon mécano.»

Photo fournie par Paul Delaney

La Mercedes C220 1994 de Paul Delaney.