D'ici le 31 décembre, les concessionnaires Saturn ne vendront plus de véhicules au Canada. Cette marque disparaissant (temporairement?), les consommateurs en seront-ils réellement orphelins? Pas vraiment.

On ne peut pas dire que Saturn a marqué l'histoire de l'automobile en Amérique du Nord. Ce que lègue la marque? Peu de choses; rien, diront même certains. D'un point de vue technologique, les panneaux de polymère. D'un point de vue commercial, un service à la clientèle unique lors de son arrivée dans le paysage automobile (voir autre texte).

 

Propriétaire du Groupe Gravel et concessionnaire Saturn entre autres, Jean-Claude Gravel ajoute que «Saturn a innové en matière de qualité d'assemblage et de produit final». «GM en a donné à Saturn avec les Outlook, Vue et Sky renouvelés», dit-il.

 

Saturn a permis de découvrir des modèles européens intéressants, par l'entremise d'Opel. Il suffit de penser aux Astra et Aura. «L'Aura aurait pu se démarquer si on n'avait pas dénaturé ses origines; on en a fait une Malibu. Quant à l'Astra, c'est un bon petit véhicule, mais trop cher pour être concurrentiel face aux japonaises», déplore Richard Cliche, directeur général de l'Association des marchands de véhicules d'occasion du Québec.

 

«On n'a pas eu le temps de vanter l'Astra, commente Diane Brosseau, directrice des ventes chez Saturn Saab de Brossard. On n'a pas eu le temps et le soutien économique pour la mettre en valeur.»

 

Comme le dit le chroniqueur automobile Éric LeFrançois, Saturn était «une bonne idée», malheureusement «noyée» dans la bureaucratie.

 

Peu d'impact

 

La fermeture de Saturn Canada n'aura pas d'incidence sur le marché des véhicules d'occasion. «Les Saturn d'occasion se vendent mal, il y en a très peu, et les propriétaires les gardent longtemps, témoigne Richard Cliche. Le VUE et le Outlook se vendaient bien, à la rigueur, mais sans avoir un impact majeur sur le marché. Après la fermeture, il pourrait y avoir une petite dépréciation supplémentaire des modèles Saturn.»

 

Sur le marché des véhicules neufs, quelques concessionnaires Saturn ont déjà fermé leurs portes, affirme Jacques Béchard, président de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec. Dans la région de Montréal, la plupart n'ont presque plus de voitures. L'Astra et, dans une moindre mesure, l'Outlook, ont encore un peu de volume; pour les autres modèles, il n'y a plus assez de stocks.

 

Jacques Béchard estime que 70 concessionnaires, toutes marques confondues, ont été perdus au Québec cette année, essentiellement du côté de GM. «Ces dernières années étaient intéressantes pour les concessionnaires Saturn qui ne s'attendaient vraiment pas à cette issue, dit-il. C'est un beau petit réseau qui disparaît. Au Québec, il suffisait à répondre à la demande, il était rentable.»

 

Un avis que partage Jean-Claude Gravel, conscient que le réseau canadien était malgré tout insuffisant sur un territoire trop vaste, surtout pour le nouveau propriétaire Penske. Ce réseau n'aurait même jamais été rentable.

 

Un avenir?

 

Saturn a-t-il quand même un avenir au Canada? Ses concessionnaires espèrent un retour d'ici trois ou quatre ans. Chacun spécule. Jean-Claude Gravel juge que le salut peut passer par l'essor des sous-compactes aux États-Unis. «Penske parle de petites voitures d'abord pour le marché américain; je crois que cela va revenir au Canada», ose avancer Diane Brosseau.

 

Pour elle, l'histoire de Saturn Canada, «ce n'est pas un échec, on avait de bons véhicules».

 

CE QU'IL RESTERA

Compacte

Astra : retirée en 2010 du marché canadien

 

Berline

Aura (y compris la version hybride): produite jusqu'en 2011 pour le marché américain

 

VUS

Vue (y compris la version hybride): produite jusqu'en 2011 pour le marché américain

 

Multisegment

Outlook: produit jusqu'en 2011 pour le marché américain

 

Coupé

Sky: retiré en 2010 des marchés canadien et américain

 

*Dans la limite des stocks, ces véhicules sont en vente chez les concessionnaires Saturn jusqu'au 31 décembre 2009.