La Presse s'est glissée dans la peau d'un automobiliste en quête de pneus pour l'hiver à venir. Par l'entremise d'une expérience de magasinage, on a pu observer la manière dont les multiples détaillants nous vendaient des pneus. Et surtout, quels pneus. Et pour quelles raisons. On en a appris beaucoup sur les rouages de cet achat. Voici comment faire le bon choix.___________________________________

L'EXPÉRIENCE DU MAGASINAGE...

En faisant l'expérience du magasinage de pneus d'hiver, de la manière la plus exhaustive possible, nous avons tiré de multiples enseignements auprès de huit détaillants: de l'importance du vendeur à la proposition en passant par les écueils à éviter. Voici ce qu'il faut savoir.

«LE» BON VENDEUR

Cela reste aléatoire et très subjectif. N'empêche qu'un bon vendeur conditionne un bon achat. Alors qu'est-ce qu'un bon vendeur, selon notre expérience de magasinage? Son premier réflexe est de nous poser des questions sur l'utilisation de la voiture, le kilométrage annuel, le type de trajet, le lieu de résidence et le budget. Non seulement il prend le temps de répondre à la demande de service, mais il nous suggère aussi fortement de passer au magasin pour comparer les semelles. Un seul de nos huit vendeurs interrogés a fait cette proposition et a posé toute une panoplie de questions. Le contact est alors d'autant plus probant qu'on en apprend beaucoup sur les rouages de cet achat.

MIEUX VAUT PLUS D'UNE PROPOSITION

Très rares sont les vendeurs et détaillants qui vont proposer plusieurs modèles de pneus au choix. Une seule des huit personnes interrogées nous a proposé pas moins de six modèles différents, à des prix différents, avec une explication sur leurs qualités chaque fois - ça, c'est une bonne expérience client. Presque tous proposent d'emblée un seul choix, pour le même motif: «Il est le meilleur rapport qualité-prix du moment.» Si c'est notre logique de magasinage, c'est ce qu'on nous dira et ce qu'on nous offrira en conséquence.

ATTENTION AU «RABAIS POSTAL»

Dans la plupart des cas, l'unique produit proposé est accompagné d'un rabais postal ou d'une promotion. Ou est lié à une marque dont le détaillant est dépositaire. Cela ne signifie pas pour autant que le pneu proposé est un mauvais choix. D'un commerçant à l'autre, les promotions étaient en vigueur pendant notre magasinage, ultérieurement, et même toute la saison chez l'un d'eux. Beaucoup nous ont fait une proposition avec rabais postal à la clé, d'un montant de 40 à 110 $ pour les quatre pneus, selon les enseignes. Ces rabais postaux sont en fait une carte de crédit «prépayée» envoyée par le fabricant après l'achat, dont le montant permet de payer de l'essence ou d'acheter n'importe quoi correspondant au montant du rabais postal. Cela, on ne nous l'explique presque jamais et on nous présente le rabais postal comme une réduction sur le prix d'achat.

LA MEILLEURE PÉRIODE POUR ACHETER

En discutant promotions et rabais avec nos vendeurs, un élément essentiel est ressorti: il y a bien une période plus propice pour acheter ses pneus d'hiver, et c'est maintenant! «Les mesures incitatives sont offertes au début de la saison. Les prix sont encore un peu bas», nous a dit un commerçant. «Ça va être plus cher après le 1er novembre car il y a alors une plus grande demande», nous a dit un autre. Il faudrait compter de 10 à 15 $ de plus par pneu environ, en moyenne. Deux commerçants nous ont quand même garanti un prix fixe jusqu'à la fin de la saison. Mais la tendance est là.

NON AUX PNEUS CHINOIS

À l'unanimité, nos commerçants interrogés nous ont déconseillé d'acheter des pneus de fabrication chinoise même si leurs prix sont les plus bas du marché (on en a trouvé à un prix initial de seulement 104 $ le pneu). Tous expriment les mêmes griefs: «Ils ne sont pas aussi malléables que les autres, ils s'usent plus rapidement que les autres, ils sont moins durables, les flancs sont mous, ils n'ont pas une bonne tenue.» Leur achat est à la rigueur justifié si on a besoin de pneus pour un an, voire deux. Chose très intéressante, on a appris que les concessionnaires achètent beaucoup de ces pneus pour les mettre sur les modèles neufs! «Ils sont de moins bonne qualité que les autres, mais ils ne sont pas du tout dangereux», nous a rassuré un détaillant de pneus.

DES GARANTIES INUTILES ET... PAYANTES

Deux des huit détaillants consultés nous ont offert une garantie de deux ans pour remplacer un pneu en cas de dommage dû à un «hasard de la route» ou en cas d'usure éventuelle prématurée. «Cela ne coûte rien», nous a dit l'un. «Elle est donnée», nous a précisé l'autre. Mais en demandant des précisions, on nous explique qu'il y a 15 $ de frais d'ajustement par pneu changé ainsi qu'un pourcentage calculé et facturé en fonction du degré d'usure du pneu à changer. Par exemple, pour un pneu à changer dont la semelle est usée à 40%, on devra débourser 40% de la valeur du pneu de remplacement. Ces garanties nous sont apparues finalement coûteuses et douteuses. Le seul cas de figure où l'on ne débourse rien est lorsque le dommage au pneu est réparable.

4 PNEUS PARFAITEMENT IDENTIQUES?

À cette occasion, on nous a fait remarquer que, sur une traction intégrale, il faut nécessairement changer les quatre pneus dès que l'un d'eux (trop usé ou brisé) est remplacé. «Sur un 4x4, si vous avez usé plus que 20% d'un seul des quatre pneus, il va falloir changer les quatre pour ne pas avoir de problèmes de transmission. Mais ça arrive rarement», nous a dit un vendeur. «Oui et non, a rétorqué un autre. Avec un 4x4, il est vrai qu'il faut quatre pneus pareils, avec la même pression, de même marque et de même modèle. À cause de la transmission intégrale. Sinon, ça va forcer le différentiel et la boîte de transfert. Mais en même temps, un pneu n'use pas ou ne brise pas dans les six mois non plus.»

ET MICHELIN?

Michelin est réputée être la marque la plus chère du marché. Le constructeur français a fait ses preuves, et de loin, pour les pneus quatre saisons. Mais pour les pneus d'hiver, les avis sont partagés. Plusieurs détaillants nous ont fait part de mauvaises expériences de clients. Le reproche? Le pneu Michelin «ne décolle pas» sous la neige, surtout lors d'un démarrage en côte. Si son comportement sur la glace est louangé, sur la neige, il ne fait pas l'unanimité. Mais il y a une ou deux nuances. Au freinage sur la neige, «il est bon», nous a-t-on précisé. Mais au démarrage, alors? «Il a un bon comportement, Michelin s'est amélioré. Mais c'est le plus cher du marché», a conclu un commerçant.

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Photo archives La Presse

Il y a une période plus propice pour acheter ses pneus d'hiver, et c'est maintenant!

ET LE BON PNEU EST...

Au cours de cette expérience de magasinage, les huit détaillants consultés nous ont proposé, pour un Toyota RAV4 2013 doté de la traction intégrale, sept modèles de pneus d'hiver... Le seul mentionné deux fois dans cette liste est aussi celui le plus souvent cité parmi les choix secondaires. Au-delà de ce modèle, on a retenu ce qui faisait un bon pneu.

À écouter tous les vendeurs et détaillants consultés, plusieurs qualificatifs résument ce que doit être un bon pneu d'hiver: durable, qui a du mordant, ayant à la fois un très bon comportement sur la glace et sur la neige et ayant une bonne semelle.

On a appris que pour l'automobiliste qui circule beaucoup sur l'autoroute, «un pneu à glace» est un meilleur choix alors que pour rouler essentiellement au centre-ville, il faut «un pneu avec de bons crampons, pour sortir des bancs de neige, avec une bonne adhérence».

Un pneu d'hiver dont la carcasse est renforcée est un plus. «On a plus de contrôle dans les courbes», nous a-t-on dit.

Enfin, paramètre à ne pas négliger, il est toujours préférable que la bande de roulement soit silencieuse.

Aucun vendeur ne nous a conseillé des pneus à clous. «C'est bruyant et le comportement de la voiture est houleux avec ce genre de pneus.»

Résultat des courses, pour notre auto témoin - Toyota RAV4 2013 doté de la traction intégrale et dont les dimensions sont 225/65 R 17 -, sept modèles différents nous ont été proposés en premier lieu, comme l'indique le tableau ci-contre. Un seul est revenu deux fois: le Bridgestone Blizzak.

Ce même Bridgestone Blizzak nous a été le plus souvent cité parmi les choix secondaires. Des produits Pirelli, Toyo, Dunlop, Yokohama, BFGoodrich et Michelin ont aussi été cités comme second choix.

LES MODÈLES PROPOSÉS *

> General Tire Altimax Arctic, à 144 $ (promotion)

> Nokian Hakkapeliitta, à 211 $ (sans pose)

> Minerva S220, à 161 $ (sans pose)

> BFGoodrich Winter Slalom, à 175 $ (sans pose)

> Pirelli Winter IceControl, à 171 $ (pose incluse)

> Toyo Observe G3 Ice, à 180 $ (pose incluse)

> Bridgestone Blizzak, de 180 $ (pose incluse) à 194 $ (sans pose)

* Les prix indiqués sont pour un seul pneu, sans les taxes.

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Photo archives La Presse

Pour rouler essentiellement au centre-ville, il faut «un pneu avec de bons crampons, pour sortir des bancs de neige, avec une bonne adhérence».

Méthodologie

Pour mener à bien notre expérience de magasinage, nous avons choisi un VUS, catégorie de véhicule de plus en plus populaire au Québec comme ailleurs au Canada. Le véhicule correspondant à disposition était un Toyota RAV4 2013, doté de la traction intégrale et chaussé de pneus 225/65 R17. Nous avons pris notre téléphone pour avoir autant que possible l'heure juste, en tant qu'automobiliste, auprès de huit commerces détaillants de l'île de Montréal: Pneus Touchette, Costco, Alex Pneu et Mécanique, Canadian Tire, Unipneu, Pneus Métropolitains, Centre du pneu Papineau, Midas. Nous avons dressé un bilan de chacun de nos entretiens, sur la démarche du vendeur, ses conseils, sa ou ses propositions, les offres particulières du commerce et l'expérience de magasinage.