Les voitures Lada sont à l'ex-Union soviétique et à la Russie ce que sont les Trabant à l'ex-Allemagne de l'Est ou encore certaines Fiat à l'Italie. Une comparaison qui n'a rien d'hasardeuse puisque l'emblématique Lada 2107 a été la pâle copie de la Fiat 124 des années 60. Explications.

La Lada 2107, connue et vendue au Québec sous le nom de Signet, était une évolution de la Lada 2101, elle-même une copie sous licence de la Fiat 124 de 1966. À la fin des années 60, sur les rives de la Volga, la gigantesque cité industrielle de Togliatti sort de terre. Nommée ainsi en l'honneur de Palmiro Togliatti, un des fondateurs du Parti communiste italien, cette ville-usine va produire jusqu'à 700 000 voitures par an dans les années 80.

Cette usine est alors le fruit d'une entente commerciale signée entre Fiat et l'Union soviétique. «Fiat offrait la technologie et construisait une usine. Les Soviétiques construisaient les voitures et fournissaient de l'acier», explique Alain Raymond, journaliste spécialiste de l'histoire automobile.

L'histoire, justement, veut que l'acier soviétique était alors de mauvaise qualité. Au point où les voitures Fiat en ont sérieusement pâti durant de longues années. «La Fiat 124 était une bonne voiture à la base. Mais construite en URSS par des Soviétiques, elle n'était plus que de la camelote. La conception était bonne, la fabrication était nulle», commente Alain Raymond.

La fiabilité de la Fiat 124 et surtout de sa cousine soviétique, la Lada 2101, puis 2107, va devenir légendaire, si l'on peut dire. À sa sortie sur le marché en 1982, la Lada 2107 - ou Signet pour les Québécois - contente rapidement des générations de Soviétiques. La boîte plus ou moins rectangulaire sur roues tombait pourtant régulièrement en panne. Sa dernière version avait pour seuls accessoires un ventilateur et une radio. Ses normes environnementales? Quelles normes? ...

Cette Lada a cependant un gros atout: son prix, défiant toute concurrence. À peine 7000$ en Union soviétique. La simplicité de ses réparations et l'abondance des pièces étaient aussi appréciées, paraît-il...

Lada au Québec

Cette berline a fait son apparition sur le marché québécois et canadien en 1979. La Lada 2101 était ici baptisée Lada 1500 S. Trois ans plus tard, la célèbre 2107 était nommée ici 2105 puis rapidement Signet. Dans son Guide de l'auto 1984, notre confrère Jacques Duval la décrit en ces mots: «finition exécrable», «tenue de route aléatoire», «incidents mécaniques nombreux», «direction lourde», «moteur bruyant», «faible valeur de revente». Il ne lui trouve comme atouts que la bonne visibilité, son coffre, son habitabilité et sa consommation d'essence.

La Signet a été vendue au cours des années 80. Les Soviétiques l'ont retirée du marché canadien pour revenir en 1990 avec la Lada Samara et la Lada Niva. La première était une trois-portes à hayon, la seconde, était un 4x4.

Ces deux voitures ont été relativement populaires au Québec. Plus que leur devancière. Pas difficile, c'est vrai.

«Le Niva était un bon véhicule pour la brousse mais pas pour la route», dit Alain Raymond. Dans son Guide 1990, Jacques Duval note chez Lada une «finition en progrès» concernant la Samara. Pas plus.

«En 1990, on vendait la Samara 4995$, boîte manuelle, moteur 1,3 L. Elle était plus grosse et plus large que la Ford Fiesta de l'époque ou que la Geo Metro. Le Niva était un incroyable camion hors-route. Lui, il ne valsait pas au vent sur la route», se souvient Anthony Montana, propriétaire du Garage Salvatore à Saint-Jean-sur-Richelieu. Son père Salvatore et lui ont vendu des Lada quasiment jusqu'en 1998, année du départ définitif de Lada d'Amérique du Nord.

Lada n'a pas voulu et n'a pas pu s'adapter aux normes environnementales. Et cette année-là, deux marques concurrentes font leur apparition sur le marché: Daewoo avec la fin rapide que l'on connaît, et Kia avec le succès que l'on sait aujourd'hui.

Une autre histoire. Une autre époque.