Après 10 années à transporter des élèves entre l'école et leur domicile, le minibus Ford CTV 1999 de la famille Benoît-Staub connaîtra une retraite de rêve. Le mois prochain, l'ancien autobus jaune de 24 passagers partira à la conquête des Amériques, de l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu. Un long périple de 12 mois, ajoutant 75 000 km de plus au compteur.

Pour cette odyssée, ses propriétaires lui ont fait subir une transformation extrême. Tant l'intérieur que l'extérieur du minibus ont été complètement métamorphosés pour loger une famille de quatre personnes. Un travail laborieux qui a nécessité trois ans de bricolage et de nuits blanches.

Retour en arrière. Il y a trois ans, Simon Staub, 36 ans, et Marie-Joëlle Benoît, 30 ans, décident qu'ils n'attendront pas la retraite pour réaliser leur rêve. Avec leurs enfants, Zackary, 11 ans, et Léa, 6 ans, ils sillonneront les Amériques, quittant travail, école et maison. Mais ils ne sont pas riches. Le prix des véhicules récréatifs (VR), même usagés, les décourage.

«En effectuant mes recherches, j'ai découvert que les autobus scolaires, forcés à la retraite après 10 ans de service, se vendent à des prix ridicules», raconte M. Staub, technicien en finition intérieure chez Bombardier. Sans plus attendre, les Staub-Benoît mettent la main sur leur véhicule, affichant 326 000 km à l'odomètre, pour 1800$, dans le but d'en faire leur future maison sur roues. Nous sommes en 2009 et la famille planifie son départ pour juin 2010.

Pour respecter un budget restreint, Simon Staub met à profit son système D, tout en profitant d'un coup de main d'un ami mécanicien et de son père ébéniste. Il récupère, sur une vieille roulotte et un vieux motorisé, de l'équipement qu'il réutilise dans le nouveau VR, magasine parmi les petites annonces et recycle des barres métalliques pour se construire un système de toit.

Tout va pour le mieux jusqu'à ce que le rêve se frotte à la réalité. La transmission du vieil autobus, qui réussit pourtant toutes les inspections de la SAAQ avec succès tous les six mois, lâche sans avertissement. Son remplacement coûte plus de 2000$. Puis, une fois la conversion terminée, un véritable cauchemar bureaucratique commence: il faut faire certifier le véhicule par la SAAQ. «Un casse-tête qui nous a bouffé cinq ou six mois d'énergie», regrette M. Staub.

C'est que la SAAQ impose une série de critères pour le recyclage d'autobus en VR. «Il fallait constamment apporter des modifications mineures au véhicule pendant le processus, comme changer une poignée de porte», relate M. Staub, exaspéré.

Et quand ils arrivent au bout de leurs peines, un autre problème surgit: impossible d'assurer la «Staubus». «Comme autobus scolaire, on n'avait pas de problème, mais en tant qu'autobus modifié, plus personne ne voulait nous assurer», dit Mme Benoît, pâtissière de métier. Désemparés, ils contactent le Bureau d'assurance du Canada. Avec leur appui, ils dénichent une couverture minimale. «Si c'était à refaire, on achèterait un VR usagé. Point final», affirme le couple.

Mais c'est fait. Dans quelques semaines, en roulant sur les routes des Amériques, ces petits pépins seront bien vite oubliés. Si leur vieil autobus tient le coup, bien entendu.

La famille Staub-Benoît raconte ses aventures (et mésaventures) sur www.exploraventure.com.

Photo fournie par Marieve Côté/Artfotovision

La famille Staub-Benoît.