Pas question de remettre ici en cause l'intérêt évident de la technologie hybride. Relativisons plutôt les espoirs que l'on peut placer en elle. Si elle consomme moins en ville, par rapport à un modèle à essence de puissance équivalente, et émet moins de CO2, elle demeure encore aujourd'hui lourdement pénalisée par son coût.

Si l'on compare ainsi deux Infiniti M, l'une traditionnelle, l'autre hybride, on se demande comment rationaliser l'achat de la seconde. Sortez votre calculette. La plus verte des M coûte 12 400$ de plus que le modèle à essence équipé de façon - presque - comparable, la M37x. À noter que ce dernier compte quatre roues motrices contre deux pour la version hybride. Et ça coûte combien, d'ajouter le suffixe x à une M35h? Aucune idée. Pour l'heure, elle n'existe pas.

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À ce jour, le plus grand mérite de l'hybridation des moteurs aura été de relancer les réflexions sur la «voiture propre». Et donner bonne conscience aussi bien à son propriétaire qu'à son constructeur. Infiniti d'abord puisqu'il s'agit du premier véhicule hybride mis au point par l'Alliance Renault-Nissan, groupe auquel appartient cette marque de luxe. Premier? Et l'Atima Hybrid alors? Sa motorisation verte emploie sous licence la technologie conçue par Toyota...

Pour les férus de technique, la M hybride est dotée d'une batterie lithium-ion, ayant la même taille qu'une batterie conventionnelle, mais avec une puissance de 50 kW. La M35 Hybrid combine un moteur électrique dont la puissance traduite en chevaux-vapeur équivaut à 67 chevaux et 199 livres-pieds de couple à un V6 essence de 3,5 litres de 302 chevaux. En dehors de son rôle d'unité propulsive d'appoint, le moteur électrique permettra de recharger la batterie et de récupérer l'énergie produite en décélération et au freinage. Dans certains cas, cette berline de luxe peut fonctionner uniquement à l'électricité, mais sur une distance de 1,9 kilomètre.

La M35h d'Infiniti est aussi la première hybride à offrir de série un système d'avertissement sonore pour piétons. Ce dispositif appelé VSP (pour Vehicle Sound for Pedestrians) produit une gamme de sons distincts dans le but de prévenir les autres usagers de la route que vous êtes en mouvement. Celui-ci se fait entendre jusqu'à ce que la voiture atteigne 32 km/h.

Des «gadgets» comme celui-là, l'Infiniti M en a un plein traîneau. Comme ce système d'intervention qui veille à corriger vos erreurs d'inattention et ramène automatiquement le véhicule vers le centre de la voie de circulation. Contre votre gré? Non, pour votre sécurité. Il y a aussi le panneau de climatisation qui s'enrichit d'une touche qui apporte une brise à l'odeur naturelle de forêt. Et il y aussi l'Eco Pedal. Une pédale d'accélérateur qui, par souci pour l'environnement, résiste au pied pesant et encourage le conducteur à adopter une conduite plus feutrée. Autant de technologies finissent par taper sur les nerfs. Comme le dispositif de changement de voie et ses éternelles alarmes.

 

Par chance, il est possible de débrancher individuellement chacune de ces supposées «aides à la conduite». Mieux encore, pas la peine de détenir une maîtrise en informatique ou de farfouiller dans le manuel du propriétaire pendant des heures. Il suffit d'appuyer sur le bouton correspondant ou sur l'écran tactile pour tout paramétrer, y compris la résistance de l'Eco Pedal.

Hélas! À chaque mise en route, il faut tout recommencer. On ne peut s'opposer au principe qui est d'assurer votre sécurité, mais on peut cependant s'interroger sur deux choses. D'abord sur l'absence d'un menu personnalisé à l'intention du ou des conducteurs qui prendront le volant. Une sorte de mémoire virtuelle qui permettrait de définir vos paramètres personnels une fois pour toutes. Vous changez d'idée au fil des mois, des années? On crée un nouveau profil et c'est tout! Ensuite sur les coûts de réparations de ces articles de sécurité une fois la garantie échue.

Ça décolle!

Oubliez les performances lymphatiques des deux hybrides de notre duel de la semaine dernière. La M35h, elle, décolle vite et sans effort. En fait, ses temps d'accélération et de reprise se comparent avantageusement à ceux enregistrés à bord de la version équipée du moteur V8 5,6 litres de 420 chevaux. Contrairement à la majorité des «hybrides», la M retient les services d'une boîte semi-automatique conventionnelle et non d'une à variation continue (CVT). Comptant sept vitesses, cette transmission épaule correctement la courbe de puissance de cette motorisation bicéphale. Elle se révèle un brin paresseuse toutefois à enclencher promptement le rapport adéquat pour favoriser les relances aux sorties de virage ou sur un faux plat.

Sur le plan de la consommation, la M35h représente une surprise. Sans trop d'effort, il est possible de consommer moins de 8L/100 km. Hélas, cette auto requiert de l'essence Super pour offrir son plein rendement.

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Les perfromances de la mécanique hybride de la M35h se comparent avantageusement à celles enregistrées à bord de la version équipée du moteur V8 5,6 litres de 420 chevaux.

Sur la route, la M35h garde aisément le cap et fait preuve d'une stabilité étonnante. Ses mouvements de caisse sont bien maîtrisés. En revanche, sa direction manque de précision. Le flou qui l'afflige au point milieu agace et exige toujours des corrections pour l'inscrire proprement dans les virages. Aussi, malgré la rigidité de son châssis, son comportement n'a rien de très sportif. Aussitôt que la route se met à tournoyer, son poids élevé se fait aussitôt sentir. Et ce qui n'arrange pas les choses, ses freins manquent d'endurance et la pédale est difficile à moduler.

Palace roulant

En dépit de sa complexité, la M cherche quand même à vous rendre la vie agréable. Aux occupants des places avant surtout. Les fauteuils à l'avant vous réchauffent ou vous ventilent l'arrière-train, alors que l'écran central diffuse les images de la caméra pendant les manoeuvres en marche arrière, de votre vidéo préférée à l'arrêt ou de la navigation en mouvement. C'est bien joli, tout cela, mais cela n'excuse pas le manque de rangement à bord.

À l'arrière, toute la quincaillerie électrique permet difficilement de glisser nos orteils sous les baquets avant et il y aussi cette vilaine bosse - le tunnel de transmission - qui gêne. Et s'il n'y avait que cette «bosse». Le coffre aussi doit composer avec une contrariété: la batterie. Très cubique, son volume est si étriqué qu'Infiniti a cru bon tatouer contre l'une des parois un croquis indiquant comment la charger efficacement. Ce qu'il faut en faire, des efforts, pour économiser.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Infiniti M35h

Prix: 67 300$

Transport et préparation: 1950$

Version essayée: Hybrid

Garantie de base: 4ans/100 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 7,9 L/100 km

Pour en savoir plus: www.infiniti.ca

TECHNIQUE

Moteur: V6 DACT 3,5 litres - Hybride

Puissance (moteur essence): 302 ch à 6800 tr/min

Couple (moteur essence): 258 lb-pi à 5000 tr/min

Poids: 1873 kg

Rapport poids-puissance: 6,2 kg/ch (excluant la participation du moteur électrique)

Mode: Propulsion (roues arrière motrices)

Transmission (série): Semi-automatique 7 rapports

Transmission (optionnelle): Aucune

Direction/braquage: Crémaillère/11,1 mètres

Freins avant/arrière: Disque/disque

Pneus: 245/50R18

Capacité/type de carburant: 64 litres/super

ON AIME

> Garantie alléchante

> Performances et consommation

> Équipement complet

ON AIME MOINS

> Absence de rouage intégral

> Alarmes nombreuses

> Coffre étriqué

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

En dépit de sa complexité, la M cherche quand même à vous rendre la vie agréable. Aux occupants des places avant surtout.