Icônes ternies de l'automobile américaine, Lincoln et Cadillac trouvent un nouvel élan en Chine, un eldorado prometteur leur redonnant des ailes face aux rivaux allemands et japonais sur le sol américain.

Lincoln, marque haut de gamme de Ford, entend ainsi voler la vedette à Audi (groupe Volkswagen), BMW, Lexus (groupe Toyota) et Mercedes-Benz, qui dominent le marché du luxe américain, en dévoilant mardi au salon de Detroit une nouvelle version de la mythique Continental, lancée en 1939 et retirée de la vente en 2002.

Plus luxueuse que la berline MKZ qu'elle est appelée à remplacer, la nouvelle Continental sera équipée d'un moteur à six cylindres de trois litres, selon un concept dévoilé au salon automobile de New York en 2015.

La calandre à aile fendue a disparu pour laisser place à une calandre chromée centrée et le modèle serait une traction avant avec une possible version à quatre roues motrices, selon les quelques éléments dévoilés par la presse automobile.

Lincoln veut se différencier également en mettant l'accent sur les services aux consommateurs via son opération «Lincoln Way».

«Nous voulons raconter l'histoire de la marque Lincoln», déclare dans une interview à l'AFP Khumar Galhotra, le président de Lincoln. En clair, le groupe veut capitaliser sur un passé prestigieux, les Lincoln Continental ayant été les véhicules de choix des présidents américains des années 1960 à 1980.

La Continental sera commercialisée en 2016 simultanément aux États-Unis et en Chine, mais pas en Europe.

Lincoln et Cadillac misent sur le premier marché automobile mondial, la Chine, où leurs noms restent associés au luxe, pour revenir dans le peloton de tête des constructeurs. Pour sa première année d'implantation en Chine, Lincoln a vendu 11 630 véhicules en 2015 et dispose déjà d'un réseau de 33 concessionnaires qu'il compte doubler d'ici 2020. Cadillac, griffe premium de General Motors, y a écoulé 62 630 voitures à la fin octobre, en hausse de 13,3%.

Séduire les jeunes

Aux États-Unis, ces deux marques légendaires semblent aller mieux et commencent à récolter les premiers fruits de leurs coûteux plans de relance.

Leurs ventes ont progressé, leur permettant de stopper l'hémorragie face à l'outrageuse domination de BMW, Lexus, Mercedes-Benz et Audi lors de la dernière décennie.

Cadillac a vendu 175 267 véhicules, en progression de 2,6% sur un an. Lincoln a pour sa part écoulé 101 227 véhicules, en hausse de 7,1%, en ligne avec l'évolution du marché du luxe (+7,7%). Par comparaison, BMW, premier groupe de luxe sur le sol américain, a vendu 346 023 véhicules (+1,8%).

«Le segment du luxe se porte très bien», souligne Karl Brauer, analyste chez Kelley Blue Book. S'il ne représente que 10% des ventes totales de véhicules, le luxe génère 50% des bénéfices grâce à des marges importantes, selon les chiffres des analystes.

Le renouveau tant attendu des deux marques américaines, qui ont dominé le marché du luxe dans les années 1980 avant d'être détrônées par les Japonaises et les Allemandes, est dû à un virage stratégique visant à séduire une clientèle jeune, branchée, aisée et à renouveler leur offre en gamme et services. En 2014, l'âge moyen d'un client de Cadillac était de 59,5 ans selon IHS Automotive.

Cadillac s'est installé en plein Soho, quartier branché de Manhattan à New York, qui sert désormais de décor à ses annonces publicitaires.

Pour renforcer cette image de modernité, la marque vieille de 113 ans, dont le nom vient du Français Antoine de la Mothe Cadillac, fondateur de la ville de Detroit au 18e siècle, s'est offert un lifting en devenant le premier constructeur automobile partenaire de la Fashion week pour hommes de New York.

Dans cette reconquête, l'offre et la gamme ont été étoffées, reprenant ainsi les recettes à succès des concurrents allemands: des modèles personnalisables dans chaque segment du luxe.

Cadillac, avec ses 13 milliards de dollars d'investissements, s'est fixée l'objectif de vendre 500 000 voitures par an et de créer huit nouveaux modèles d'ici 2020.

À moindre échelle, Ford a décidé d'investir 2,5 milliards de dollars pour relancer Lincoln et s'est fixé comme objectif de lancer quatre nouveaux modèles et de vendre 300 000 véhicules par année à l'horizon 2020.