La chancelière allemande Angela Merkel a salué mercredi l'accord européen trouvé la veille sur la baisse des émissions de CO2 des voitures neuves. Mais cette entente est pourfendue par le lobby de l'automobile qui prédit des suppressions d'emplois.

Cet accord est « acceptable », a déclaré la dirigeante allemande mercredi à Berlin après sa rencontre avec le président chilien Sebastian Piñera. Faute d'accord « il n'y aurait pas de prévisibilité pour l'industrie automobile européenne » et cela aurait constitué « un mauvais signal », a-t-elle poursuivi.

Le problème : l'auto électrique ne décolle pas

Les pays de l'UE ont conclu mardi un accord au forceps pour une baisse de 35 % des émissions de CO2 des voitures neuves en 2030, mais certains ont déploré un manque d'ambition après le rapport alarmant des experts de l'ONU sur le réchauffement climatique. 

L'Allemagne faisait partie d'un groupe, avec les pays de l'Est, qui ne voulait pas aller au-delà d'une baisse de 30 %, mais a finalement décidé de voter pour ce compromis. 

La réduction décidée au final à hauteur de 35 % est assortie d'une « série de conditions importantes », a précisé la chancelière, en premier lieu desquelles figure une clause de révision en 2023. 

La rapidité pour réduire les émissions de CO2 dépendra en grande partie de la percée du parc automobile électrique, un segment qui peine encore à connaître son envol en Allemagne.

Accord «iréaliste» et «dangereux pour l'emploi» ?

De son côté, la fédération allemande de l'automobile VDA, qui chapeaute un secteur employant 800 000 personnes dans le pays, a qualifié l'accord européen d'« irréaliste » et « dangereux pour l'emploi ». 

« Il est déjà clair que l'UE n'atteindra pas ces objectifs trop élevés pour l'industrie automobile, et aucun objectif comparable n'a jamais été envisagé ailleurs dans le monde », a dénoncé la VDA dans un communiqué.  

« L'industrie automobile européenne sera encore plus exposée à la concurrence européenne. [...] Cela met des emplois et des sites de production en danger », a commenté le président de la VDA Bernhard Mattes.  

Angela Merkel a déclaré quant à elle qu'il existait un « accord très strict » entre les États membres et la Commission européenne pour maintenir le compromis obtenu lors des négociations avec le Parlement européen. 

Les eurodéputés ont estimé mercredi dernier que les véhicules légers neufs devaient réduire leurs émissions de CO2 de 40 % d'ici 2030. 

Les constructeurs allemands sont sur la sellette depuis les révélations du « dieselgate » en 2015, qui ont mis au jour des tricheries sur plus d'une dizaine de millions de voitures équipées de dispositifs anti-pollution truqués.