Aston-Martin, Bentley, Ferrari, Lamborghini, McLaren et Rolls-Royce. Il suffit de prononcer ces noms aux quatre coins du monde pour déclencher une réaction. Y compris dans la grande région de Montréal, où ces marques ont aujourd'hui toutes une adresse.

Pour apercevoir régulièrement une Lamborghini Aventador, une McLaren 720S ou une Rolls-Royce Phantom, mieux vaut fréquenter la Côte d'Azur ou les beaux quartiers de Beverly Hills. Il faut un peu plus de chance pour en entrevoir une dans les rues de Montréal, en dehors évidemment de la semaine où débarque le grand cirque de la Formule 1 ou pendant le Salon de l'auto.

Il s'écoule pourtant quelques centaines d'unités de ces modèles prestigieux dans la métropole.

Une quantité infime, sans doute, mais largement suffisante pour justifier, si épars soit-il, la création d'un réseau de concessionnaires de marques de prestige.

Les Montréalais seraient-ils plus riches qu'ils ne le pensent ? « Oui et non », estiment prudemment les concessionnaires de ces marques, qui se gardent bien de révéler les noms de leurs clients ou le mode de financement qu'ils utilisent.

L'Urus. Photo Lamborghini

Gad Bitton, président et chef de la direction de Rolls-Royce Montréal, abonde dans le même sens. Et ce phénomène ne s'observe pas qu'à Montréal.

À ce propos, la marque anglaise se bombe la poitrine en rappelant qu'au cours des 10 dernières années, l'âge moyen de sa clientèle est passé de 56 à 44 ans.

Umberto Bonfa, directeur général de Ferrari-Maserati Québec, dit lui aussi accueillir une nouvelle génération d'acheteurs dans son commerce de la rue Jean-Talon, parmi lesquels se trouve une forte concentration d'Asiatiques.

« Je ne dirai pas que celle-ci est la locomotive de nos ventes pour autant, dit-il, mais elle est assurément beaucoup plus importante qu'auparavant. »

M. Bonfa estime toujours que le quart de ses acheteurs sont des tifosi. « Et je vous prie de me croire, ce ne sont pas tous des Italiens, précise-t-il avec un sourire dans la voix. Ce sont des Québécois qui aiment les belles voitures et qui, sans doute comme moi, ont été témoins des exploits de Gilles Villeneuve au volant de sa monoplace rouge. »

REPOSITIONNEMENT DES GAMMES

Au-delà de l'argent, il faut également tenir compte du repositionnement des gammes de ces constructeurs pour expliquer leur présence et leurs succès commerciaux à Montréal.

La Ghost. Photo Rolls Royce

Des modèles (à peine) moins élitistes comme la Lamborghini Urus, la Bentley Bentayga ou la Rolls-Royce Ghost tendent leurs clés à de nouveaux clients. « Grâce à des automobiles comme la Portofino [moins de 250 000 $], un coupé cabriolet, nous avons doublé nos ventes et intéressé de nouveaux clients, se réjouit Umberto Bonfa.

Même son de cloche chez Lamborghini Montréal, où les quelque 50 unités de l'Urus, utilitaire très sportif de 245 000 $, qui débarqueront chez les concessionnaires au cours de la prochaine année ont (presque toutes) déjà trouvé preneur.

L'arrivée de ces nouveaux modèles fait en sorte que le coût moyen des transactions a reculé au bénéfice du volume qui, lui, a plus que doublé dans certains cas.

La Presse

La Bentayga. Photo Bentley

Négligeable sans doute, mais nullement dénué d'intérêt, le surenchérissement de ces véhicules d'exception auprès des collectionneurs incite aussi parfois des acheteurs à considérer un tel achat comme un investissement plutôt qu'une dépense.

Umberto Bonfa a un bon exemple en tête avec la Ferrari F12 Tour de France (production de 799 unités), dont un exemplaire se trouve au Québec.

« Ce modèle a été vendu neuf pour quelque 900 000 $. Aujourd'hui, même s'il a accumulé quelques kilomètres à son compteur, ce véhicule se négocie à 1,3 million de dollars américains. »

Preuve que l'argent ne se retrouve pas que dans les banques, l'immobilier ou les bas de laine.

La Portofino. Photo Ferrari