Le groupe automobile français PSA ne donne pas la date exacte de son retour en Amérique du Nord, mais on sait maintenant avec quelle marque il tentera sa chance. «Nous avons pris la décision que Peugeot sera la marque qui nous ramènera en Amérique du Nord, sur les marchés américain et/ou canadien», a dit le président de PSA Carlos Tavares lors d'une conférence de presse donnée lundi à Paris et diffusée sur internet.

M. Tavares a expliqué ce choix par la rentabilité et la forte croissance de Peugeot depuis quelques années. Jusqu'à récemment, PSA avait aussi envisagé des modèles de ses autres marques Citröen, DS et Opel pour son retour au Canada et aux États-Unis.

Lors de sa conférence de presse, lundi, le PDG de PSA a sorti une donnée peu connue des archives de la compagnie fondée en 1896 par Armand Peugeot : «Nous pensons que lancer la marque qui a gagné trois fois les 500 milles d'Indianapolis est la bonne option», a dit M. Tavares, selon qui Peugeot a remporté la prestigieuse épreuve en 1913, 1916 et en 1919. 

Ça fait un bail et ça explique pourquoi «Peugeot» n'est pas la première chose qui vient spontanément à l'esprit quand on pense à l'Indy500. 

Peugeot a commencé à vendre des voitures en Amérique du Nord à partir de 1958, lançant la serviette en 1991 après plusieurs années de ventes en baisse.

Revenir «sur les marchés américain et/ou canadien» ?

La formulation «marchés américain et/ou canadien» utilisé par M. Tavares est intéressante. Le président de PSA Amérique du Nord, Larry Dominique, a déjà indiqué que le Canada serait un pays d'atterrissage avantageux, en vertu du traité de libre échange Canada-Union Européenne signé à l'automne 2017. Ce traité doit éliminer des tarifs de 6,1 % sur les véhicules automobiles importés au Canada d'Europe.

Les choses sont plus floues aux États-Unis. En juillet 2018, le président des Etats-Unis Donald Trump avait menacé l'imposition de tarifs supplémentaires de 25 % sur les importations automobiles européennes. À l'époque, M. Dominique avait affirmé que PSA pourrait choisir le Canada au lieu des États-Unis comme pays-cible de son lancement si cette menace tarifaire américaine était mise à exécution. Mais la direction de PSA a écarté ce scénario par la suite.

PHOTO PSA

Le prototype Peugeot E-Legend s'inspirait librement de la célèbre Peugeot 504.

Lundi, M. Tavares a ajouté que le retour au Canada et aux États-Unis serait fait de façon «frugale, prudente et rentable».

«Nous avons la stratégie de produits, une stratégie de distribution très innovante, une stratégie d'approvisionnement nous permettant de choisir la Chine ou l'Europe, au début, jusqu'à ce que les volumes atteignent un certain niveau», après quoi PSA construirait une usine en Amérique du Nord.

Tavares a répété que PSA n'est pas pressée et que sa seule position officielle sur la date de lancement est «d'ici 2026». Cette année avait été donnée en 2016 quand PSA a dévoilé son plan d'expansion internationale, qui vise aussi la Russie et l'Asie. 

Mais son plan d'affaires prévoit une présence nord-américaine limitée d'ici 2021. Quelques Peugeot pourraient traverser l'Atlantique d'ici deux ans, mais elles seraient minoritaires dans une flotte de véhicules nord-américains que Peugeot doit acheter pour sa filiale d'auto-partage Free2Move, première étape du retour de PSA en Amérique du Nord.

Peugeot, malgré son abandon des marchés canadien et américain en 1991, a maintenu une présence au Mexique, qui accepte l'importation d'automobiles venant de pays dotés de procédures d'homologation réputés, comme le NCAP européen.

PHOTO ERIC PIERMONT, AFP

Carlos Tavares.