Entre la ruade échevelée d'une Ferrari et la force majestueuse d'une Rolls, il y a une place à prendre, pense Aston Martin. Et sa dernière-née, la DB11, veille à l'occuper.

Depuis son divorce d'avec Ford, Aston Martin est redevenue britannique. Isolée, endettée, mais britannique. Dans les couloirs du Gaydon --le siège de la société en Grande-Bretagne--, beaucoup sont persuadés que la renaissance de la marque ailée, si elle impose de nouvelles alliances, passe aussi par un retour aux sources.

Ils n'ont sans doute pas tort. La DB11 permet à la firme ailée de reprendre son envol.

Ramassé, musclé et équilibré, sobre sans être passe-partout, le dessin du coupé DB11 se situe en marge des courants esthétiques dominants qui inspirent des calandres hypertrophiées et des ailes biseautées.

Son agressivité est délicate, comme en font foi les arches « flottantes » qui donnent l'impression que le toit se trouve en état d'apesanteur.

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Du cuir (mais les boiseries en option)

L'habitacle, pas bien vaste, mais lumineux, s'affranchit du cliché « ambiance Club ». Il y a du cuir, bien sûr, mais de l'aluminium, de la fibre de carbone plutôt que des boiseries, à moins que le client ne les réclame. La position de conduite un peu haute offre de la visibilité et les nouveaux sièges maintiennent parfaitement les occupants.

Derrière le volant, un gros compte-tours tridimensionnel crève le petit écran coiffé d'une casquette soigneusement cousue à la main, comme le reste du mobilier, d'ailleurs. La console centrale accueille, à la manière des Lincoln, le sélecteur de vitesse en forme de bouton-poussoir et l'écran d'infodivertissement de Mercedes (la marque allemande possède une participation de 5 % dans l'entreprise anglaise).

En fait, hormis certaines commandes et certains interrupteurs très quelconques puisés dans le réservoir de pièces de Mercedes-Benz, guère en rapport avec un véhicule de ce prix, il y a peu à redire.

On chipotera sur le manque de rangements à bord - pas même un coffre à gants - ou encore sur les très symboliques places arrière. En revanche, on s'étonne du volume du coffre et de son accessibilité.

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Un douze-cylindres dopé aux turbos

Teinté d'un classicisme sourcilleux, le coupé DB11 prône une révolution dont le morceau de bravoure est la présence d'une toute nouvelle architecture modulaire. La première depuis 13 ans. Plus rigide, plus légère aussi, cette structure sera à terme le fondement de toutes les futures Aston, y compris du VUS (étude DBX) attendu d'ici 2020.

L'autre révolution touche le moteur. Plus puissant, plus velouté et moins archaïque que le V12 5,9 litres atmosphérique qui animait le modèle précédent, la DB9, le moteur --un V12 aussi, mais 5,2 litres-- du nouveau coupé est également beaucoup plus progressif dans ses montées en régime, parfaitement linéaires. 

On ne sent pas la poigne de fer d'une Bentley Continental GT Speed ni la ruade échevelée d'une Ferrari F12, mais l'aiguille du compte-tours ne se fait pas prier pour bondir sous l'effet de la poussée, magistrale, du V12 suralimenté par deux turbocompresseurs dont la signature est un très distingué grondement feutré.

Une mécanique V8, plus économique à l'achat comme à la pompe, est aussi offerte sous le long capot de cette anglaise.

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Sport+

La charge de la cavalerie est encore plus impressionnante lorsqu'on appuie sur le bouton Sport+. Ce faisant, les sept rapports de la boîte de vitesses, commandée par deux petites palettes installées de chaque côté du volant et positionnées juste sous l'index et le majeur, claquent en rafale comme un fouet. C'est trop remuant pour une si belle carrosserie.

Le même commentaire s'applique à la suspension pilotée électroniquement, laquelle comporte aussi un mode Sport+. Ce dernier durcit la DB11 comme une planche si l'envie prend à son propriétaire de faire un tour sur un vrai circuit. L'honneur est sauf, mais au prix d'un inconfort souverain.

Mieux vaut la paramétrer sur « Confort » ou « Sport » --les mouvements de caisse sont idéalement contrôlés--, plus en adéquation avec la nature grand tourisme de ce majestueux coupé.

Enchanteresse à conduire à allure raisonnable, cette voiture à propulsion, bien équilibrée, quoique capable d'être aussi très remuante, doit être menée avec délicatesse dès qu'on la sollicite et l'accélérateur exige d'être manié avec beaucoup de tact en sortie de virage.

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Exquise élégance, prix à l'avenant

La direction à l'assistance, bien dosée pour les manoeuvres et les balades, n'offre hélas pas un toucher de route suffisamment tangible en conduite sportive.

Idem pour le freinage qui, en dépit d'une puissance largement suffisante, gagnerait à proposer un meilleur ressenti au moment où l'on enfonce la pédale.

En clair, il convient de mettre « le pied dedans » pour apprécier son efficacité et s'adapter à son manque de progressivité.

Objet de moindre convoitise sans doute qu'une Ferrari ou une Rolls-Royce, l'Aston Martin reste pourtant une voiture d'exception. Son prix, ses prestations et son exquise élégance suffisent à le rappeler.

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Fiche technique

Prix : à partir de 284 039 $

Frais de transport et préparation : variable

Garantie de base : 36 mois (kilométrage illimité)

0-100 km/h : 3,9 secondes

1/4 de mille : non-disponible 

Vitesse de pointe : 322 km/h 

Freinage de 100 km/h à 0 km/h : non-disponible

Moteur : V12 DACT suralimenté

Puissance : 600 ch à 6 500 tr/min

Couple : 516 lb-pi entre 1 500 et 5 000 tr/min

Boîte de vitesse : automatique 8 rapports

Poids : 1827 kg

Mode : propulsion