(Londres) Les nuages s’accumulent sur Aston Martin, le fabricant de bolides préféré de James Bond ayant annoncé mardi une nouvelle fois des ventes en baisse et réduit ses prévisions de bénéfice tandis que son action plongeait.

Le titre avait perdu plus de 15 % à 458,10 pence (environ 7,81 dollars canadiens) à la clôture des marchés.

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Une Aston Martin Lagonda en attente d'expédition à l'usine de la compagnie à Saint-Athan, au Pays-de-Galles.

« Les conditions de vente difficiles dévoilées en novembre se sont poursuivies pendant le pic saisonnier des livraisons de décembre, ce qui s’est traduit par des ventes en baisse, des coûts en hausse et des marges compressées », a commenté le constructeur britannique dans un communiqué.

«Comment une marque si forte peut-elle publier autant de mauvaises nouvelles ? »

Des nouvelles qualifiées d’« assez horribles » par Neil Wilson, analyste de Markets.com, tandis que Russ Mould, du courtier en ligne AJ Bell, se demandait comment une entreprise « avec une marque aussi forte peut publier autant de mauvaises nouvelles ».

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L'acteur Daniel Craig interprétant James Bond dans une scène du film Spectre, lancé en 2015.

L’analyste qualifie l’action du groupe, le seul constructeur britannique indépendant coté à la Bourse de Londres depuis à peine plus d’un an, d’un des « pires flops boursiers de mémoire récente ».

Un des pires flops boursiers de mémoire récente.

Russ Mould, analyste chez AJ Bell

Le titre a été en effet introduit à la Bourse de Londres le 3 octobre 2019 à quelque 1900 pence (environ 32,40 dollars canadiens) et a vu sa valeur fondre depuis.  

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Le nouveau Aston Martin DBX --premier VUS du constructeur-- est le grand espoir du constructeur, en Chine et aux États-Unis en particulier.

Les ventes de décembre ont été particulièrement décevantes en Europe continentale, détaille le constructeur, même si les achats pour les flottes d’entreprises ont été meilleurs que ceux des particuliers.

« L’année 2019 a été très décevante », a commenté le directeur général Andy Palmer, précisant que le groupe allait notamment tenter de baisser ses coûts.

Après un avertissement sur résultats l’été dernier, Aston Martin prévient désormais que son bénéfice d’exploitation 2019 se situera entre 130 et 140 millions de livres (282 millions de dollars CAN), soit « environ la moitié des 247 millions de livres (422 millions de dollars CAN) de l’an dernier », remarque Neil Wilson.

Un espoir : le VUS DBX

Selon lui, « la seule bonne nouvelle est que les commandes de DBX », le VUS que vient de lancer en grandes pompes le constructeur et sur lequel il compte pour se refaire une santé, se portent bien et vont l’aider à lever les fonds dont il a besoin.

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La calandre du DBX lui donne une allure typiquement Aston Martin. On le voit lors de son dévoilement mondial à Pékin le 20 novembre dernier. Le PDG Andy Palmer, qu'on voit à droite, compte sur ce nouveau produit pour remplumer les ventes du groupe anglais indépendant.

M. Mould quant à lui s’inquiète du montant élevé de la dette, des taux d’intérêt élevés versés pour la financer, et assène : « la grande question c’est pourquoi les gens fortunés n’achètent pas ses voitures de luxe […], l’équipe marketing du groupe n’a clairement pas trouvé la formule ».

Aston Martin «s'est trop reposé sur ses liens avec la saga James Bond»

D’autant que le rival britannique d’Aston Martin, Rolls Royce, a lui annoncé mardi des ventes annuelles record sur ses 116 ans d’existence.

Aston Martin « s’est trop reposé sur ses liens avec la saga James Bond mais une fois que le dernier épisode est sorti, le buzz s’arrête […] Les efforts pour rajeunir la marque en y injectant plus d’émotions ne semblent pas avoir eu les effets désirés

Russ Mould, analyste chez AJ Bell

Pour M. Mould, Aston Martin « s’est trop reposé sur ses liens avec la saga James Bond mais une fois que le dernier épisode est sorti, le buzz s’arrête […] Les efforts pour rajeunir la marque en y injectant plus d’émotions ne semblent pas avoir eu les effets désirés ».

Nouveau pilote ?

Et de conclure : « il est peut-être temps que quelqu’un d’autre prenne le volant » chez le constructeur.

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Le PDG Andy Palmer est ouvertement critiqué.

Les résultats annuels préliminaires du groupe seront publiés le 27 février. Il était tombé dans le rouge au troisième trimestre, déplorant déjà une dégringolade de ses ventes, une croissance économique plus faible en Europe et au Royaume-Uni notamment à cause des incertitudes du Brexit, et le passage à vide du marché automobile mondial.

Début décembre l’action avait repris des couleurs après des informations de presse évoquant l’intérêt du milliardaire canadien Lawrence Stroll, propriétaire de l’écurie de F1 Racing Point et père du pilote Lance Stroll, qui préparerait une offre pour prendre une participation majoritaire.