Un utilitaire saupoudré de quelques ingrédients qui font le sel des coupés sportifs (pavillon abaissé et fuyant, par exemple) est une recette que BMW exécute parfaitement. D'ailleurs, la firme bavaroise compte déjà deux autres utilitaires (X4 et X6) du même genre dans sa gamme. Son dernier-né, le X2, vient donc agrandir une famille déjà nombreuse, sans véritablement comporter le supplément de créativité attendu.

Pour vendre le même nombre de voitures, il faut toujours proposer un éventail de modèles plus large en les déclinant à partir d'une architecture commune. Il n'y a rien de nouveau à cela.

La General Motors, au temps de sa splendeur, était passée maître dans l'art de proposer sensiblement la même nouveauté sous des marques différentes. Ce concept qui consiste « à faire plus avec moins » demeure aujourd'hui le même. Seulement les méthodes se sont raffinées, de sorte que le consommateur se retrouve face à une offre foisonnante, sans doute, mais tellement plus pointue. À ce jeu, le groupe BMW excelle et pousse parfois cette logique très loin. Le constructeur allemand crée l'illusion de multiplier les lancements et d'accélérer le renouvellement de ses gammes comme personne.

La filière X

Prenons par exemple la filière X, qui réunit tous les utilitaires de la marque. Dans le sillage de modèles fondateurs (X1, X3 et X5), une kyrielle de variantes a vu le jour, contribuant à consolider un joli succès industriel et commercial. 

Dernier arrivé dans ce patchwork, le X2 devient le sixième membre de la famille à qui BMW assigne l'objectif de séduire les acheteurs autrement. 

Ainsi, plutôt que de le présenter comme « un autre VUS », BMW préfère identifier le X2 comme un SAC (Sport Activity Coupe). Appréciez la nuance. Et vous suivez la logique, n'est-ce pas ?

Plus simplement, le X2 est un X1 plus ramassé dont la ligne de toit, légèrement fuyante vers l'arrière, suggère le profil d'un coupé. La formule, un peu tarabiscotée, devrait plaire aux acheteurs, assurent les stratèges de BMW. La décision de jouer la carte du « faux coupé » a fort bien réussi à d'autres modèles (X4, X6, sans oublier les berlines GranCoupe et GT) au sein de la gamme du constructeur bavarois.

Célibataires et couples sans enfants

Le X2 vise à devenir la coqueluche d'un public de célibataires ou de couples sans enfants.

Hormis le fait que « le X2 représente une expression de la dynamique des véhicules modernes et extravertis » (dixit son designer), il reste à savoir ce que ce BMW apporte de neuf. Autant le dire, on reste sur sa faim.

L'inclinaison du pavillon de toit tend à alléger (ou dynamiser, c'est selon) la silhouette joufflue du X1, mais certains éléments de style laissent pantois. Au premier coup d'oeil, on pense bien sûr aux deux gros écussons BMW, réminiscence de certaines BMW d'antan sans doute, mais tout de même un peu kitsch de nos jours, accolés aux larges montants arrière.

Le qualificatif « large » prend tout son sens, une fois au volant, tellement ces portants gênent la visibilité. Naturellement, la présence de capteurs d'angles morts corrige en grande partie cette carence, mais encore faut-il cocher cette option.

Et il y a des choix à faire.

Sortez votre chéquier

D'ailleurs, le prix de détail suggéré (42 250 $) est un prix de départ. Pour le modèle essayé, celui-ci a été propulsé à 54 845 $. Comment arrive-t-on à cela ? Vraiment aisément. En additionnant les groupes Premium (5900 $), M Sport X (2250 $), les roues de 20 po (500 $), la chaîne audio Harman Kardon (1000 $), les palettes au volant (250 $) et la peinture or (895 $) qui colore le véhicule de la vidéo.

Bienvenue chez BMW !

L'intérieur est original et, comme toujours, tiré à quatre épingles malgré quelques matériaux de qualité quelconque pour un véhicule de ce prix.

À l'avant, les sièges procurent un confort et un maintien sans reproche, et la position de conduite - plus basse que sur un X1 - contribue à l'illusion de « faire corps avec son véhicule ».

À l'arrière, l'étroitesse des portières complique l'accès et la sortie, et le dessin de la poupe présente aussi l'inconvénient de limiter l'espace sous le plafond pour les passagers. En outre, il réduit la contenance du coffre (l'équivalent de deux bidons de lave-glace, souligne la porte-parole de la marque) par rapport au X1. Qu'à cela ne tienne, la modularité de l'espace utilitaire est presque sans faute avec la possibilité de fractionner en trois le dossier de la banquette arrière.

Au chapitre de la connectivité, BMW fait carton plein avec des fonctions multiples et intuitives, mais l'intégration au tableau de bord et la taille de l'écran (de série) sonnent faux dans un environnement censé interpréter la nouvelle signature esthétique de la marque.

Taillé pour les vraies routes

L'agrément de conduite du X2 a beaucoup à voir avec l'état de la route. 

Sur une chaussée parsemée de trous et de bosses, les rues de Montréal par exemple, ce BMW se trouve à la peine. Surtout si l'acheteur a eu la mauvaise idée de boulonner des jantes de 20 po aux extrémités de son véhicule. 

Ce jeu de jantes (et de pneumatiques) conjugué à une suspension plus ferme (et plus raide encore avec le groupe M Sport X) et à des barres antiroulis plus grasses n'apprécie guère les chemins entretenus par un État (ou une métropole) du tiers-monde. Les trépidations des trains roulants se font durement sentir et le X2 passe aisément alors pour un tape-cul. Ça se ressent et ça s'entend aussi.

Le plus grand plaisir que vous en retirez à son volant est sa démoniaque agilité à slalomer entre les cônes et les nids-de-poule.

En revanche, sur des routes en bon état (par chance, on en retrouve encore dans cette province), le X2 excelle. Sa direction, un brin lourde comme on les aime et très précise, permet de l'inscrire avec assurance dans les virages, qualité plutôt rare dans la catégorie. Bien qu'il partage la même architecture technique que le X1 et la Mini Countryman, le X2 a une personnalité et un toucher de route bien à lui grâce à une assiette abaissée de 10 mm. Très dynamique, son train avant s'accroche farouchement dans les courbes et le rouage intégral (de série) et toute sa quincaillerie permettent de repousser aux limites le sous-virage.

Très bon moteur

Le quatre-cylindres suralimenté qui l'anime figure également parmi les meilleurs de la catégorie. Plus soyeux qu'il ne l'était à ses débuts, ce moteur procure, à l'aide d'une boîte à huit rapports parfaitement étagée, une accélération linéaire et des reprises franches.

Le temps de réponse du turbocompresseur est pratiquement inexistant et la consommation, raisonnable, pour peu que vous ne conduisiez pas le couteau entre les dents.

Les nombreux petits désagréments ne sont pas, admettons-le, rédhibitoires au regard de la vocation de ce modèle, mais signalent cependant les limites de l'exercice du coupé utilitaire.

Pour tirer le maximum de satisfaction de ce véhicule, il faut bien choisir les options et, surtout, gardez-vous de le pavaner dans (certaines) villes...

Trois fleurs, trois tomates

On aime



Belle agilité

Moteur volontaire

Variation sur un thème connu (X1)

On aime moins



Montagne d'options

Niveau sonore

Suspension M

La facture

Marque/modèle : BMW X2 xDrive20i

Prix : 42 250 $

Frais de transport et de préparation : 2245 $

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 9,7 L/100 km

Chez les concessionnaires : maintenant

Concurrents : Jaguar E-PACE, Range Rover Evoque

Pour en savoir plus : www.bmw.ca

Fiche technique

Moteur : L4 DACT 2 L turbo

Puissance : 192 ch entre 5000 et 6000 tr/min

Couple :  206 lb-pi entre 1350 et 4600 tr/min

Poids : 1540 kg

Rapport poids/puissance : 8 kg/ch

Mode : intégral

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 12,4 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 225/55R17

Capacité du réservoir : 61 L

Essence recommandée : super

Capacité maximale de remorquage : 2000 kg