(Munich) Le constructeur automobile allemand BMW a annoncé mardi qu’il comptait accélérer la mise sur le marché de ses modèles électriques, signe de l’urgence à développer cette technologie face à l’imposition de strictes normes environnementales.

«Nous allons avoir 25 modèles électrifiés d’ici 2023, soit deux ans plus tôt» qu’initialement annoncé, a expliqué le patron du groupe, Harald Krüger, ajoutant viser pour ce type de motorisation un rythme annuel de progression des ventes de 30% jusqu’en 2025.

«Plus de la moitié» des 25 voitures sera entièrement électrique et l’autre partie sera des hybrides, précise BMW.

Cet ajustement n’aura «pas d’impact négatif» financier, dans la mesure ou «nous pouvons peut-être retarder certains investissements» dans d’autres projets liés aux moteurs conventionnels, a expliqué le directeur financier, Nicolas Peter.

Avec le nouveau plan, BMW réagit à une «croissance de la demande» pour ces technologies dans plusieurs marchés, notamment au Royaume-Uni ou en Californie, a détaillé M. Peter.

L’annonce n’impacte cependant pas les dates de lancements déjà connues des prochains modèles purement électriques: la Mini, les VUS iX3 et iNext et la berline i4, qui seront mis sur le marché d’ici 2021.

Retard

Avec la citadine i3 présentée fin 2013, le groupe bavarois était parmi les premiers constructeurs à proposer une voiture 100% électrique. Mais il avait depuis perdu son avance sur cette motorisation devenue incontournable pour les constructeurs, contraints de réduire rapidement les émissions de CO2 des voitures pour respecter des limites imposées par l’UE à partir de 2020.

Aujourd’hui, l’automobile allemande, fleuron de l’industrie du pays, accuse du retard par rapport à l’américain Tesla ou aux groupes chinois.

Au cours des cinq premiers mois de l’année, BMW a vendu quelque 48 000 voitures électrifiées, soit 2% de plus que sur la même période en 2018 – mais ces modèles représentent moins de 5% du bon million d’unités vendues au total par le groupe.

«D’ici 2021, nous allons doubler le nombre de modèles électriques vendus par rapport à 2019», a promis M. Krüger.

Les investissements lourds nécessaires pour adapter la production et développer ces motorisations pèsent cependant sur les bilans, poussant les constructeurs à des coopérations.

BMW, qui s’attend pour 2019 à un «net recul» de son bénéfice avant impôts en raison de la hausse des investissements et des coûts, s’est notamment allié à Jaguar Land Rover pour développer la prochaine génération de moteurs électriques.

De surcroît, le succès des voitures électriques dépend de l’infrastructure disponible, une question évoquée lundi soir lors d’un sommet à la chancellerie.

Réunis autour de la chancelière Angela Merkel, des représentants politiques, de l’industrie et des syndicats s’y sont mis d’accord pour multiplier les points de recharge afin de pouvoir accueillir d’ici 2030 entre 7 et 10,5 millions de voitures électriques sur les routes allemandes.

Si la réunion a été jugée «constructive» par le directeur de la recherche de BMW, Klaus Fröhlich, les ONG environnementales ont dénoncé une réunion «sans résultat».

Le géant Volkswagen s’est lui aussi lancé dans une ambitieuse stratégie électrique: il compte introduire sur le marché 70 modèles électriques d’ici 2028 et table sur 22 millions d’unités vendues en 10 ans.