Le 18 juillet prochain marquera un nouveau chapitre dans la tumultueuse et passionnante histoire de la Chevrolet Corvette. C’est durant cette journée qu’on dévoilera sa huitième génération, la version la plus révolutionnaire depuis sa naissance – il y a bientôt 66 ans – en raison de son architecture à moteur central arrière. Pour souligner cette passation des pouvoirs, nous avons pris le volant de la version vitaminée Z06 de ce qui devrait être la toute dernière Corvette à moteur avant.

Son design

Malgré cinq années sans refonte majeure, le dessin de Tom Peters demeure un exercice d’adresse qui passe le test du temps avec brio. Ce constat, on le doit à ses proportions classiques de coupé, à savoir un museau long et bas, un habitacle reculé vers le train arrière et un très court porte-à-faux arrière. La voiture est aussi basse, bien assise et a une voie arrière plus large, ce qui force les lignes à converger naturellement vers l’avant. Certes, on doit ces choix esthétiques à des considérations aérodynamiques et de gestion thermique, mais ça demeure un festin pour les yeux composé d’une grande somme de détails, surtout avec cette version Z06. Le profil est aussi fort accrocheur, avec ses ailes arrière remontées, ce qui donne une impression de mouvement. On ne peut évidemment taire la présence orgueilleuse des quatre pots d’échappement. Ça reste une Corvette, tout de même…

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Le profil de la Z06 est fort accrocheur, avec ses ailes arrière remontées, ce qui donne une impression de mouvement.

À bord

Dès le premier contact, on est spontanément plongé dans une ambiance sportive. Les moulures de fibre de carbone et le cuir la couvrant sont élégants, mais demeurent bordés par certains plastiques moyens. La Corvette a beau sembler une voiture imposante, elle a un empattement à peine 14 cm plus long que celui d’une Toyota 86. Conjuguez à cela le positionnement du V8 derrière les roues avant, donc très près du conducteur et de son passager, et on obtient un habitacle plutôt exigu. L’espace pour les jambes est calculé, tout comme celui pour la tête. Si vous mesurez plus de 6 pi, cela pourrait devenir problématique. Cela dit, le volume disponible est bien occupé, avec des espaces de rangement suffisants. Le coffre arrière, accessible au moyen d’un hayon, permet, avec ses 425 L, de rendre cette Corvette étonnamment pratique.

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Les moulures de fibre de carbone et le cuir la couvrant sont élégants, mais demeurent bordés par certains plastiques moyens.

Sous le capot

Voilà donc la pièce de résistance de cette Z06, un V8 de 6,2 L coiffé d’un compresseur volumétrique Eaton et doté d’un carter sec pour l’alimenter en huile constamment. La puissance se situe à 650 ch et 650 lb-pi de couple. Fort en caractère, il fait sentir sa présence au démarrage, lâchant un cri sec. Le ralenti rappelle les vieux muscle cars, avec un son de percussions continues et sourdes. C’est envoûtant. Ce moteur demeure toutefois très facile d’approche. La transmission automatique est douce. L’accélérateur est facile à moduler. C’est lorsqu’on l’enfonce plus tard que cette fureur, cette énergie, sature nos sens et nous bouscule sans la moindre hésitation. La trame sonore, plutôt riche dans ses tonalités grâce à l’échappement adaptatif, s’y superpose. C’est une démonstration de force fascinante, sans jamais être terrifiante. L’instrumentation de mesure embarquée, indiquant un 0-100 km/h en 3,6 s, confirme l’impression.

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Le V8 de 6,2 L produit 650 ch et 650 lb-pi de couple.

Derrière le volant

L’œil avisé l’aura remarqué, les ailes élargies de cette Z06 abritent des roues nettement plus charnues que celles des versions ordinaires. Les pneus Michelin Pilot Super Sport, de 285 mm de largeur à l’avant et 325 mm à l’arrière, ont une mission bien précise : scotcher la voiture au sol, guidés par une direction ultraprécise. Bon, il y a aussi les amortisseurs électromagnétiques, le châssis rigide en aluminium ainsi que la répartition des masses de 50 : 50, bonifiée par le positionnement de la transmission à l’arrière et du moteur, très reculé. L’efficacité est désarmante et les limites avant le décrochage, démesurément hautes. Elle communique également beaucoup, cette Corvette, ce qui rend l’expérience immersive tout en étant particulièrement confortable grâce à ses amortisseurs qui s’adaptent continuellement au relief de la route.

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La Corvette communique beaucoup, ce qui rend l’expérience immersive tout en étant confortable grâce à ses amortisseurs qui s’adaptent continuellement au relief de la route.

Les technologies embarquées

C’est sans doute ici que la Corvette de septième génération accuse le retard le plus important face à des rivales plus modernes. Son système d’infodivertissement est une version plus vieille de celui que l’on trouve dans les autres produits Chevrolet, chose qui se traduit par une navigation moins intuitive. L’écran tactile réagit aussi moins rapidement aux commandes. L’instrumentation numérique a également une vitesse de rafraîchissement un peu engourdie à certains moments. Impossible par ailleurs d’équiper cette Corvette du régulateur de vitesse adaptatif ou du freinage automatique d’urgence. Ces omissions sont dues à sa fin de carrière, qui approche à grands pas. Heureusement, elle se reprend sur la sonorité du système Bose, qui demeure une référence dans l’industrie pour sa clarté cristalline.

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Le système d’infodivertissement est une version plus vieille de celui que l’on trouve dans les autres produits Chevrolet, chose qui se traduit par une navigation moins intuitive.

Le verdict

Certains pourraient évidemment être tentés de succomber aux préjugés les plus puérils à la moindre évocation de la Corvette. Ils n’ont probablement jamais été derrière le volant de cette génération. Admirable sur plusieurs points, elle demeure avant tout une voiture qu’on sent construite par une équipe de passionnés. Elle a donc une personnalité forte, charismatique, terriblement attachante qui transcende les données de performance, déjà convaincantes, en plus de son rapport prix/performance inégalé. Si l’ivresse de la puissance est trop irrésistible pour vous, la Z06 est sans doute un bon choix à plusieurs milliers de dollars de moins que la ZR1. Cela dit, la version Grand Sport, avec le V8 atmosphérique et un châssis tout aussi efficace, demeure l’option la plus équilibrée sur route, en étant moins chère. Souhaitons maintenant que son essence, son âme survivent à la transition vers la huitième génération.

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Admirable sur plusieurs points, la Corvette demeure avant tout une voiture qu’on sent construite par une équipe de passionnés.

Le carnet de notes

Pour prendre l’air Toutes les Corvette non décapotables ont un panneau de toit amovible qu’on peut mettre dans le coffre arrière, un élément particulièrement apprécié lors des journées ensoleillées.

La toute dernière La toute dernière Corvette assemblée de cette génération sera une version Z06 qui sera mise aux enchères le 28 juin.

Manuelle ou automatique ? Malgré sa grande rapidité à haut régime, la boîte automatique demeure plutôt lente à basse vitesse, ce qui gomme les sensations. La manuelle à sept rapports est le choix à privilégier, si une telle transmission vous intéresse.

Les freins carbone-céramique, un bon choix ? La Z06 peut être équipée de freins carbone-céramique, enchâssés dans le groupe Z07 (9195 $). Ce saut n’est justifiable que si vous roulez à pleine charge sur piste fermée. Les freins de série sont amplement puissants et bien ajustés.

Pour éviter les tête-à-queue Malgré la surdose de puissance, le comportement du train arrière est prévisible grâce au différentiel électronique configurable qui répartit continuellement le couple entre les deux roues arrière.

Fiche technique

Version à l’essai Corvette Z06

Prix (avec options, transport et préparation) 123 305 $

Moteur V8 ACC 6,2 L suralimenté par compresseur volumétrique

Puissance 650 ch à 6400 tr/min

Couple 650 lb-pi à 3600 tr/min

Transmission (modèle d’essai) Automatique à huit rapports avec mode manuel

Architecture motrice Moteur longitudinal avant, propulsion

Consommation (ÉnerGuide) 14 L/100 km (essence super)

Concurrentes directes BMW M8, Jaguar F-Type SVR, Mercedes AMG-GT, Nissan GT-R, Porsche 911 Turbo

Du nouveau en 2019 ?  Retour de la version ZR1 au sommet de la gamme avec 755 ch.