Avec la motorisation hybride, Lincoln veut refaire son image et Lexus, consolider la sienne. Même si cette technologie représente encore aujourd'hui une part marginale de la production automobile, elle jouit d'une aura qui va bien au-delà de sa diffusion réelle. Et les deux marques tablent notamment sur cette double motorisation pour se démarquer de la concurrence, mais aussi l'une de l'autre.

Combiner la force d'accélération, la propreté de l'énergie électrique et l'autonomie du moteur classique, tout le monde en rêvait. Toyota et, dans une moindre mesure, Honda l'ont fait.

Cela dure depuis maintenant près de 15 ans. Ceux qui accusaient ces deux constructeurs japonais de vendre cette avancée technologique à perte doivent réviser leurs analyses au vu des volumes produits qui ne cessent d'augmenter.

Contrairement à une voiture tout électrique incapable de se déplacer sur de longues distances sans un fil à la roue, un véhicule hybride fonctionne de manière autonome et c'est là toute l'astuce. Les piles sont rechargées en permanence grâce au moteur à essence et à l'énergie récupérée pendant les freinages.

Lexus et Lincoln proposent cette solution aux acheteurs d'ES et de MKZ. Curieusement, pour l'ES, qui fait l'objet d'une refonte cette année, c'est une première. Pas pour Lincoln. La marque américaine l'offrait déjà sur la génération précédente et la maintient avec le renouvellement de ce modèle visible dans les concessionnaires depuis quelques jours seulement.

Les ES et MKZ soulèvent également leur capot à des mécaniques « classiques «. Mais celles-ci n'émergeront jamais autant que leurs versions hybrides. D'autant plus que les hybrides sont plutôt rares dans cette catégorie de berlines de luxe d'entrée de gamme. En effet, hormis la très confidentielle BMW ActiveHybrid 3 et la future Infiniti Q50, l'offre est plutôt ténue.

Pour se démarquer, Lexus et Lincoln nous invitent à prendre ce sentier vert encore trop peu fréquenté. Lincoln surtout, puisque la marque américaine commercialise la version hybride au même prix que celle à essence. Du jamais vu. Généralement, une prime additionnelle est exigée pour la « motorisation double «. C'est toujours le cas de Lexus. L'ES300h est en effet vendue 43 950 $, alors que l'ES350 (V6 de 3,5 litres) s'affiche à 39 500 $. L'avantage bascule clairement du côté de la Lincoln.

L'américaine est moins coûteuse à acquérir et globalement mieux équipée aussi. Au jeu des options, cependant, la Lexus offre un éventail plus complet que sa rivale. L'ES est la seule à inscrire des phares au xénon à son catalogue. Au sujet des accessoires toujours, mentionnons que la MKZ hybrid propose trois ensembles dont le prix oscille entre 995 et 5700 $. L'ES300h aussi compte trois groupes optionnels, mais le coût ici varie entre 1800 et 9300 $...

On ne s'attardera pas très longtemps sur le style de ces deux autos, si ce n'est que pour souligner le caractère affirmé de la calandre maillée de la Lexus et les agréables formes arrière de la MKZ.

Des deux, la MKZ est la plus distinctive et aussi la plus impressionnante lorsque le toit panoramique - le plus grand jamais conçu - la coiffe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce toit en met plein la vue. À tel point qu'une fois ouvert, il gêne même la visibilité vers l'arrière.

Dans l'espoir de se démarquer toujours, ces deux autos proposent chacune leur propre interprétation du luxe. La Lexus est sans doute la plus valorisante des deux. La qualité des matériaux est sans équivoque et tout ce que l'oeil voit ou que la main touche fleure doux et bon avec des garnitures convenablement moussées et des appliqués de bois soigneusement cirés. Lincoln décore autrement sa MKZ. Les textures utilisées ne sont pas aussi recherchées. Elles sont soit trop caoutchouteuses, soit trop dures.

Cependant, on sent bien cette volonté de faire différemment. On peut ou non apprécier que la sélection des rapports de la boîte de vitesse se fasse par des boutons-poussoirs, une trouvaille apparue pour la première fois en 1955 sur les Chrysler... Mais qui s'en souvient ? Et n'est-ce pas rafraîchissant de revoir cette idée remise au goût du jour ? Et que dire de cette console centrale - vaguement inspirée de la défunte Buick RendezVous cette fois-ci - qui propose des rangements sur deux niveaux ? Dommage que les stylistes et autres décorateurs de Lincoln se soient arrêtés ici. Derrière la vitrine du bloc d'instrumentation, par exemple, on aurait souhaité un aménagement plus distinctif.

À l'exception de l'immense écran logé au centre du tableau de bord avec ses multiples applications colorées ou de l'ingénieuse souris qui permet de naviguer, la Lexus se cantonne dans une vision un peu rétrograde du luxe. Rien de mal à cela, mais pour l'originalité, on repassera.

Oublions un moment les perceptions pour nous concentrer sur l'essentiel. Plus ample, surtout à l'arrière, la Lexus offre un meilleur confort général que sa rivale américaine. Cette dernière offre un faible dégagement à la tête - si vous mesurez comme moi 1,75 m. D'un point de vue utilitaire maintenant, la Lincoln est dotée d'un volume de coffre moins important que la Lexus en raison de ses formes plus tourmentées. Mais ce que les chiffres ne disent pas, c'est que la MKZ permet de rabattre en tout ou en partie les dossiers de sa banquette arrière. Cela a été rendu possible en repositionnant certains composants du système hybride, mais aussi en éliminant la roue de secours.

L'économie et le silence priment

Les acheteurs se préoccupent ici davantage de l'aiguille de la jauge à essence que de celle du tachymètre. Sous cet angle, la MKZ leur donnera satisfaction même si, comme en font foi les tableaux qui accompagnent ce reportage, l'écart n'est pas très net. D'ailleurs, on se demande pourquoi la MKZ n'a pas remporté une victoire plus franche encore. La cylindrée de son moteur thermique est inférieure à celle du moteur de la Lexus (2 litres contre 2,5), tandis que le moteur électrique est plus puissant. En outre, la MKZ fait usage de batteries au lithium-ion, alors que Lexus utilise un procédé plus ancien - plus fiable, diront certains - au nickel-hydrure métallique.

Ne serait-ce que pour ces deux raisons, la MKZ donnait l'impression de pouvoir creuser un écart plus important avec sa concurrente en matière de consommation. Il n'en est rien. Une partie de l'explication réside sans doute dans le très faible kilométrage de la Lincoln mise à notre disposition, mais aussi dans son poids. En dépit de la présence de batteries plus légères, la MKZ est plus lourde de 114 kg...

Si, en matière de consommation, la MKZ ne se détache pas vraiment de l'ES, celle-ci parvient à le faire quand vient le moment de mesurer les temps d'accélération et de reprises. Mais cela vous importe peu, je le sais. L'important à retenir est que nos protagonistes sont en mesure de parcourir plus ou moins trois kilomètres en mode tout électrique. Pour les amateurs de statistiques, la MKZ peut atteindre 100 km/h sans faire de bruit, la Lexus 40 km/h.

Sur la route, les deux se ressemblent. L'une comme l'autre connecte leurs roues avant à des directions trop assistées. On ne s'en plaint pas en ville, mais sur les voies rapides, c'est une autre histoire. Malgré les nombreuses améliorations dont il a fait l'objet, l'équilibre du châssis de la Lexus n'est pas aussi finement réglé que celui de la Lincoln. Cette dernière bénéficie, il est vrai, d'une suspension plus sophistiquée offrant un meilleur compromis entre tenue de route et confort. Puisqu'il est question de confort, ajoutons que l'habitacle de la Lexus est mieux insonorisé que celui de sa rivale d'un jour. Les lamentations du quatre-cylindres et de la boîte à variation continue (CVT) sont moins présentes qu'à bord de la Lincoln.

Sur le plan du freinage, accordons un avantage à la Lexus, dont la pédale est plus facile à moduler, surtout lors d'une situation d'urgence.

Au final, l'ES300h l'emporte. Hormis son prix plus avantageux, certaines avancées techniques (batteries, suspension pilotée), une ligne séduisante et un coffre modulable, la MKZ offre un habitacle trop étriqué, un châssis encore trop lourd et n'entraîne aucune économie marquée à la pompe.

L'auteur tient à remercier Jean-François Guay de sa participation à ce duel.

Lincoln MKZ Hybrid

Fiche technique



Prix de base : 38 350 $

Garantie de base : 4 ans / 80 000 km

Consommation réelle : 6,2 L/100 km

Visible dans les concessions : Maintenant

Pour en savoir plus : www.lincolncanada.com

Moteur (essence) : L4 DACT 2 litres

Puissance : 141 ch à 6 000 tr/min

Couple : 129 lb-pi à 4 000 tr/min

Moteur (électrique) : 118 ch. - 199 lb-pi

Puissance combinée : 188 chevaux

Poids : 1660 kg

Mode : Traction

Transmission de série : Automatique CVT

Transmission optionnelle : Aucune

Direction / Diamètre de braquage (m) : Crémaillère / 11,5

Freins av-arr : Disque / Disque

Pneus (av-arr) : 245/45R18

Capacité du réservoir : 66 litres

Essence recommandée : Ordinaire



PHOTO FOURNIE PAR LINCOLN

Lexus ES300h

Fiche technique



Prix de base : 43 900 $

Garantie de base : 4 ans / 80 000 km

Consommation réelle : 6,4 L/100 km

Visible dans les concessions : Maintenant

Pour en savoir plus : www.lexus.ca

Moteur (essence) : L4 DACT 2,5 litres

Puissance : 156 ch à 5 700 tr/min

Couple : 156 lb-pi à 4 500 tr/min

Moteur (électrique) : 141 ch. - 199 lb-pi

Puissance combinée : 200 chevaux

Poids : 1660 kg

Mode : Traction

Transmission de série : Automatique CVT

Transmission optionnelle : Aucune

Direction / Diamètre de braquage (m) : Crémaillère / 11,2

Freins av-arr : Disque / Disque

Pneus (av-arr) : 215/55R17

Capacité du réservoir : 65 litres

Essence recommandée : Ordinaire

PHOTO FOURNIE PAR LEXUS