(LOS ANGELES, Californie) C’est l’automne, mais le soleil chauffe encore le tarmac de l’Angeles Crest Highway, petite route panoramique, mais dangereuse, située à 20 minutes au nord de Los Angeles. D’une courbe à l’autre, sur 106 kilomètres, la Mustang Shelby GT500 danse, sans hésitation aucune, entre les flancs de montagne et le vide.

Quelques minutes plus tôt, au pied de la montagne, on prend ses repères à bord, où les sièges avant nous accueillent d’une belle étreinte dans un environnement plutôt moche, disons-le, pour une voiture vendue près de 100 000 $. La présence de décalcomanies censées faire bomber le torse de ses propriétaires (chaque exemplaire est numéroté et une plaque au tableau de bord le rappelle) ne peut faire oublier la qualité très moyenne des plastiques, le dessin peu inspiré de certaines commandes ou encore la petitesse de l’écran central.

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Les sièges avant nous accueillent d’une belle étreinte dans un environnement plutôt moche, disons-le, pour une voiture vendue près de 100 000 $.

Contact à l’aide d’un bouton-poussoir à l’allure quelconque, le gros V8 s’ébroue et éructe sa satisfaction d’une grosse voix au timbre grave – gracieuseté entre autres de son vilebrequin à surfaces plates – qui vous chavire l’eau du ventre et tourmente le voisinage.

Par chance, il existe un mode silence (Quiet mode) pour étouffer les vocalises de cette mécanique. Un coup d’oeil sur les instruments : tout est OK pour peu qu’on ait correctement paramétré le bloc d’instrumentation. Reste ensuite à effectuer les réglages de la voiture en fonction de ce que l’on a envie de vivre.

Le 0-100 km/h en 3,6 secondes

Départ arrêté, il lui faut 3,6 secondes pour atteindre les 100 km/h, performance que le VUS Mustang Mach-E promet lui aussi de réaliser, ne manqueront pas de relever les adorateurs du tout électrique. (Vrai, mais il reste à voir si au-delà de l’accélération, cette nouvelle addition à la gamme Mustang restituera les mêmes émotions ?)

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La Shelby GT500 est une sportive à « dimension humaine », dont la conduite révèle de fortes, mais contrôlables sensations à la portée de bien des automobilistes, chevronnés ou pas.

Cela dit, la Shelby GT500 s’arrache de sa position statique avec force, ne craint aucunement de tourner dans les hauts régimes et profite pleinement de l’assistance du compresseur qui lui est accolé pour délivrer 760 chevaux. Ce V8 de 5,2 litres, on le devine, délivre un couple généreux, et sa large plage d’utilisation facilite grandement la conduite. C’est aussi le cas de l’excellente boîte automatique à double embrayage, la seule disponible.

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Ce V8 de 5,2 litres, on le devine, délivre un couple généreux.

D’une précision clinique et d’un étagement carrément parfait, cette transmission armée de sept éperons d’acier balance sans ménagement puissance et couple aux roues arrière.

Hélas, ce groupe propulseur boit goulûment les 60 litres du tout petit réservoir auquel il est raccroché.

Fort maniable

Gros moteur, peut-être, mais une voiture pas trop encombrante : la Shelby GT500 se montre de ce fait fort maniable. Très directe, la direction se révèle d’une grande précision sans réclamer de gros bras comme ceux d’Arnold Schwarzenegger, l’ancien gouverneur de la Californie. Mais attention quand même à ne pas se laisser distraire ou intimider : elle transmet fidèlement les irrégularités de revêtement dans le volant.

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La Shelby GT500 se montre fort maniable.

Ce phénomène enregistré, la tenue de cap s’avère irréprochable, tant en ligne droite qu’en courbe. Le châssis, du genre viril, communique ses moindres réactions, ce qui contribue d’ailleurs à le rendre passionnant à maîtriser.

Toutefois, en raison de son empattement relativement court, le châssis réagit plutôt vivement au transfert de masses. Mieux vaut éviter les freinages en appui ! Au sujet du freinage, celui-ci se révèle puissant, insensible à la surchauffe, mais sa modulation exige néanmoins une certaine adaptation en raison de son manque de progressivité qui, en conduite sportive à tout le moins, ne met pas instantanément en confiance.

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La Shelby GT500 est ornée de l'emblème ophidien de la marque.

Sagement conduite, en revanche, la Shelby GT500 révèle un comportement sous-vireur sans histoire, et n’est pas du tout fatigante à piloter. Ses suspensions, bien que montées sur des articulations rigides, consentent plus de débattement qu’un bout de bois.

Un choix passionné (mais totalement irrationnel)

Parce qu’elle n’engendre qu’un appui aérodynamique raisonnable, sans plus, sur les voies publiques, la Shelby GT500 en fait beaucoup trop. À moins d’être un fanatique de ce modèle, d’avoir les poches bien creuses (le prix dépasse aisément les 100 000 $) et d’avoir l’intention de la rouler sur circuit, cette auto – comme tous les autres modèles de la même espèce – représente un choix passionné, sans doute, mais totalement irrationnel.

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On peut effectuer les réglages de la voiture en fonction de ce que l’on a envie de vivre.

Par chance, il existe d’autres déclinaisons, moins radicales, mais financièrement plus accessibles et mieux adaptées à la réalité de tous les jours. On pense bien entendu à la GT350 ou encore à la Bullitt, mais surtout aux déclinaisons d’entrée de gamme qui collent, plus que toutes les autres, à la mission première de ce modèle : une sportive financièrement accessible. 

Un 4 cyl. qui descend de la Focus RS

L’intégration pour l’année-modèle 2020 d’un ensemble hautes performances conçu par l’antenne sportive du groupe comporte un quatre-cylindres 2,3 litres 330 chevaux et 350 lb-pi de couple. Ce moteur dérivé de la défunte Focus RS offre des performances largement suffisantes avec un 0-100 km/h en 4,5 secondes et une vitesse de pointe limitée électroniquement à 250 km/h. Mais la puissance n’est rien sans la maîtrise et, dans ce domaine, cet ensemble reprend plusieurs composants du châssis de la GT, lesquels se retrouvent sur un châssis à la répartition des masses plus équilibré encore en raison du poids moins élevé de son moteur.

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Au départ arrêté, il faut moins de 4 secondes à la Mustang Shelby GT500 pour atteindre les 100 km/h.

Ce dernier, contrairement à d’autres déclinaisons de ce modèle, autorise le choix entre une boîte automatique (10 rapports) ou manuelle (6 rapports). Autre avantage de cette version : elle est offerte au choix sous les traits d’un coupé ou d’un cabriolet. Dès lors, cette nouvelle déclinaison se révèle sans doute la plus homogène du groupe et la plus apte aussi à remplacer le 6 cylindres (voir réactions de nos lecteurs) dans le cœur des fidèles. Une sportive à « dimension humaine », dont la conduite révèle de fortes, mais contrôlables sensations à la portée de bien des automobilistes, chevronnés ou pas. Là réside tout le charme de cette auto.

Carénage avant

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Le dessin de la partie basse du carénage avant et les ouvertures pratiquées dans le capot ont une fonction bien précise.

Contrairement à certaines réalisations du passé (pensez à l’époque de la Mustang II), la GT500 accole à sa carrosserie des excroissances fonctionnelles dans le but d’en améliorer la stabilité directionnelle et l’appui en courbe. Le dessin de la partie basse du carénage avant et les ouvertures pratiquées dans le capot améliorent non seulement le refroidissement des organes internes auquel six échangeurs y contribuent, mais améliore également la portance aérodynamique du train avant.

Moteur

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Chaque bloc moteur est assemblé à la main par un seul mécanicien, du premier au dernier écrou.

Comme certaines marques d’exception, Ford s’appuie sur la tradition du « un homme, un moteur » : chaque bloc est assemblé à la main par un seul mécanicien, du premier au dernier écrou. À l’issue de ce travail d’orfèvrerie, une plaque portant la signature de son créateur est fixée sur le haut de la culasse.

Fiche technique

Moteur

V8 DACT 5,2 litres suralimenté par compresseur

760 ch. à 7300 tr/min

625 lb-pi à 5000 tr/min

Performances

Poids : 1892 kg (GT500)

Rapport poids/puissance : 2,4 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 3,6 secondes

Boîte de vitesse

De série : automatique 7 rapports à double embrayage

Optionnelle : aucune

Mode d’entraînement : propulsion

Pneus

305/30R20 – 315/30R20

Capacité du réservoir et essence recommandée

60 litres Super

Consommation

15,3 L/100 km

Dimensions

Empattement : 2583 mm Longueur : 4813 mm Hauteur : 1379 mm* Largeur : 1946 mm *Hauteur de la GT500 avec Track Package et fibre de carbone : 1364 mm

NOTE DE LA RÉDACTION : Les frais d’hébergement liés à ce reportage ont été payés par Ford du Canada.