General Motors (GM), qui va commercialiser des voitures low-cost pour les pays émergents, a annoncé vendredi espérer de gros bénéfices en 2018 et 2019, fruit des économies que va générer sa vaste restructuration en cours.

Le premier constructeur automobile américain va commencer à vendre dès cette année des voitures low-cost dans les pays émergents, ce qui lui permettra de limiter les dégâts causés par les tensions commerciales, même si la PDG Mary Barra s'est voulue vendredi optimiste sur un apaisement du bras de fer entre les États-Unis et la Chine.

GM ambitionne de dégager un bénéfice par action ajusté des éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, compris entre 6,50 et 7 dollars, en dépit d'un déclin des ventes de voitures en Chine et d'un plafonnement attendu aux États-Unis, les deux premiers marchés automobiles au monde.

Les analystes financiers anticipent, eux, 6,29 dollars.

Des travailleurs de GM-Oshawa après l'annonce que l'usine fermera avant la fin de 2019. Photo Eduardo Lima, Presse Canadienne

Pour l'année 2018 écoulée, le bénéfice par action « va dépasser » la fourchette de 5,80 à 6,20 dollars livrée en octobre dernier, a déclaré le groupe dans des documents adressés aux investisseurs.

L'action s'envole grâce à la restructuration

Ce tableau optimiste était salué à Wall Street, où le titre bondissait de près de 9 % ce matin, une hausse qui se maintenait vers midi et quarante alors que l'action valait 37,81 $ US (+3,08 $) en hausse de 8,87 %.

L'optimisme du constructeur repose sur les effets positifs de la restructuration en cours, qui devrait se traduire par un gain de 2 à 2,5 milliards de dollars, a indiqué la directrice financière Dhivya Suryadevara lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

La présidente de GM Mary Barra en entrevue ce matin sur le plancher de la Bourse de New York. Photo Richard Drew, AP

« Il n'y a pas d'autres suppressions d'emplois » prévues en 2019 pour l'instant, a pour sa part relevé Mme Barra lors de la même téléconférence.

Ces annonces tombent au lendemain de la décision du rival Ford de supprimer des milliers d'emplois en Europe pour pouvoir être concurrentiel dans un paysage automobile appelé à être dominé par les technologies autonomes et électriques, l'autopartage et le covoiturage.

GM avait tiré le premier fin novembre en officialisant une sévère cure d'amaigrissement, à coups de 14 000 emplois supprimés, pour économiser 6 milliards de dollars.

Au total, il prévoit de supprimer en 2019 15 % des emplois du groupe en cessant la production sur sept sites : un à Oshawa au Canada, quatre aux États-Unis et deux en dehors de l'Amérique du Nord.

Élu sur la promesse de rapatrier aux États-Unis les emplois industriels délocalisés, le président américain Donald Trump avait menacé de couper des « subventions » au géant de Detroit.

Photo Carlos Osorio, REUTERS

Des travailleurs de l'usine GM-Oshawa le 26 novembre, après l'annonce de la restructuration de la compagnie.

Outre les économies, GM table sur une stabilisation des ventes de voitures en Chine et aux États-Unis, alors qu'analystes et économistes s'accordent, eux, sur une baisse. 

Mme Barra s'est aussi montrée optimiste sur les discussions entre Pékin et Washington, alors que les tensions commerciales ont renchéri les coûts de l'acier et de l'aluminium, matériaux stratégiques dans l'automobile.

« C'est un très bon signe que ces discussions soient constructives », a-t-elle déclaré. GM est l'un des groupes les plus vulnérables face à la guerre commerciale que se livrent les deux premières économies mondiales depuis plusieurs mois.

Virage dans le low-cost

Le constructeur a ainsi décidé de commercialiser dès cette année des voitures low-cost pour les pays émergents et envisage de transformer sa marque Cadillac en constructeur de véhicules électriques haut de gamme pour rivaliser avec Tesla.

Deux travailleuses de GM-Oshawa après l'annonce de la fermeture de l'usine. Photo AFP

Les voitures à prix bas, la plupart sous la marque Chevrolet, seront notamment vendues en Chine, en Inde, au Mexique et en Amérique du Sud (Brésil), régions où elles seront également produites. 

Elles seront exportées dans d'autres pays émergents, mais GM exclut d'en vendre en Europe et aux États-Unis. 

Le géant de Detroit, qui s'est allié avec le constructeur public chinois SAIC, espère produire un peu plus de 2 millions de voitures low-cost par an. 

Il est en revanche resté évasif sur les détails concernant les premières Cadillac électriques, ne révélant ni leur lieu d'assemblage, ni la date de début de production. Aucune information n'a filtré non plus sur le type de véhicule que ce sera : une berline, un VUS ou un multisegment ? 

Le groupe de Mary Barra s'était contenté jusqu'ici de fabriquer des voitures électriques sous sa marque Chevrolet (Chevrolet Volt, dont il a décidé d'arrêter la production, et la Chevrolet Bolt), sans rencontrer le succès commercial escompté.

Des travailleurs de GM-Oshawa après l'annonce de la restructuration. Photo Reuters