(Detroit) General Motors commencera à produire son nouveau pick-up tout électrique fin 2021 dans son usine de Detroit Hamtramck, que le constructeur américain va dédier entièrement à la production de véhicules fonctionnant sans carburant.

Le groupe concrétise ainsi un des engagements pris lors de grandes négociations à l’automne avec le syndicat de l’automobile UAW, qui a fait pression pour sauver l’usine située au cœur du berceau historique de l’industrie automobile des États-Unis.  

Au total, GM investira 2,2 milliards de dollars pour moderniser les ateliers de peinture, de carrosserie et la zone d’assemblage de l’établissement, qui produit actuellement la Cadillac CT6 et la Chevrolet Impala avec environ 900 salariés, a détaillé l’entreprise dirigée par Mary Barra lors d’une conférence de presse mardi.

L’activité devra y cesser pendant plusieurs mois à partir de fin février pour permettre les rénovations, mais GM affirme que ses investissements créeront à long terme 2200 emplois.

Le groupe dépensera également 800 millions de dollars pour outiller ses fournisseurs et pour d’autres projets liés au lancement des nouveaux pick-up électriques.

Avec ce nouveau véhicule, General Motors s’inscrit dans le sillage de Ford, qui développe aussi une version électrique de son modèle phare F-150, et de Tesla qui a dévoilé en novembre son « Cybertruck », un véhicule futuriste à l’allure peu conventionnelle avec ses lignes anguleuses. Sa présentation avait alors fait sensation quand un collaborateur, voulant vanter la solidité à toute épreuve de l’engin, avait enfoncé une vitre en y lançant une masse en acier, arrachant un juron à Elon Musk.  

Outre le pick-up, GM prévoit aussi de construire à Detroit Hamtramck le Cruise Origin, sa nouvelle navette autonome, sans pédale ni volant, dévoilée la semaine dernière, ainsi que des VUS.

« Notre programme dédié aux véhicules électriques est sans précédent dans l’industrie », a assuré Mark Reuss, numéro deux du groupe, lors de la conférence de presse.

Le sort de l’usine, ouverte en 1985 et visible depuis le siège social de GM, a longtemps été un sujet de discorde majeur entre GM et l’UAW.  

Le groupe avait initialement annoncé son intention de la fermer complètement dans le cadre d’une vaste cure d’austérité comprenant la suppression de 14 000 emplois annoncée en novembre 2018, une décision rapidement contestée par le puissant syndicat ainsi que par des responsables politiques locaux.  

Le président américain Donald Trump s’était aussi dit « très déçu » et avait menacé de supprimer toutes les subventions accordées à l’entreprise.

« J’ai appelé Mary Barra » en novembre 2018, a raconté le maire de Detroit, Mike Duggan, lors de la conférence de presse lundi. S’il ne s’attendait pas à ce que GM s’engage à continuer à construire des vieux modèles comme la Chevrolet Impala, « je lui ai demandé “pourquoi GM ne peut-il pas construire de nouveaux véhicules ici” », a-t-il ajouté en affirmant lui avoir aussi rappelé que l’installation de l’usine dans les années 1980 avait conduit au départ contraint de 4000 personnes.

L’UAW a aussi fait fortement pression sur la direction de GM lors des négociations pour un nouveau contrat collectif qui avaient culminé en septembre et octobre par une grève de cinq semaines. Dans un communiqué lundi, le responsable du syndicat chez GM, Terry Dittes, a salué la décision du constructeur, « témoignage de la persévérance de nos membres ».