Sébastien Vettel, bientôt quadruple champion du monde de F1 et « directeur de la performance » chez Infiniti, doit certainement faire certains rapprochements entre sa Red Bull RB9 et les différentes versions de la Q50. Mais contrairement à ce que la marque de luxe de Nissan aimerait nous faire croire, la Q50 ne bénéficie actuellement d'aucune retombée directe des technologies de la Formule 1. Peut-être en sera-t-il autrement l'an prochain avec la nouvelle réglementation qui fera davantage appel à des solutions techniques différentes.

Pour bien se comprendre, la Q50 n'est pas à proprement une addition à la famille Infiniti. Ce modèle assure une descendance à la berline G. Contrairement à cette dernière, le matricule 50 ne correspond plus, comme c'était le cas autrefois, à la cylindrée du moteur, mais plutôt à établir une hiérarchie au sein de la gamme. À ce sujet, rappelons brièvement que toutes les automobiles Infiniti s'identifient à la lettre Q, à laquelle s'en ajoute une autre - X - pour les "camions".

Si le changement d'appellation prête à confusion chez le consommateur nord-américain et suscite l'agacement de nombreux concessionnaires, qui considèrent que la marque complique inutilement les choses, il a l'avantage de mettre de l'ordre dans un portefeuille de produits appelé à prospérer. En effet, Infiniti prépare activement, de concert notamment avec Mercedes-Benz, la réalisation de modèles d'entrée de gamme, plus abordables. D'ailleurs, l'étude Q30 présentée à l'occasion du dernier salon automobile de Francfort fait foi des projets de la firme de luxe japonaise.

Une douce évolution

Reconnue comme une référence dans le domaine de la qualité de fabrication de ses intérieurs, Infiniti souffrait jusqu'ici d'un défaut: elle ne flattait pas l'imaginaire. La nouvelle Q50 efface en partie cette critique et gagne en identité. En la détaillant, on reconnaît le galbe du prototype Essence apparu il y a quelques années, mais aussi un soupçon de Jaguar dans la partie avant. Personne ne va s'en plaindre, c'est très réussi. Pour ajouter à notre contentement, les piliers ont été amincis dans le but d'améliorer la visibilité.

Sous ce physique plus avantageux se cache la même architecture que la génération antérieure (nom de code FM). Elle a cependant fait l'objet de multiples modifications dont la plus visible est l'empreinte qu'elle appose sur la chaussée. Plus longue et plus large, la Q50 accepte de chausser des pneus pouvant atteindre 19 po de diamètre.

Malgré ces dimensions accrues, cette berline sport repose sur un empattement identique à celui de l'année dernière. La hauteur du pavillon a, pour sa part, été diminuée, ce qui ne rend pas les places arrière plus accueillantes. À noter que la concurrence n'a pas mieux à offrir.

Finalement, on retiendra que ce profil est légèrement plus aérodynamique et contribuera de ce fait à une plus grande stabilité sur route et à une réduction de la consommation de carburant. Dans ce domaine bien précis, il convient d'ajouter que la structure est plus légère de 24 kg. Infiniti aurait pu lui faire perdre une vingtaine de kilos supplémentaires, comme nous le verrons plus loin.

Sous le capot, on retrouve une vieille connaissance: le V63,7 L. Celui-ci a fait l'objet d'une révision des systèmes d'admission et d'échappement, sans plus. Dommage, car ce moteur longtemps louangé par certaines publications américaines affiche certaines rides, quant au couple notamment. Celui-ci, plutôt faible considérant la cylindrée, donne sa pleine mesure à 5200 tours/minute. Sur une note plus positive, cette motorisation a la réputation d'être solide et beaucoup moins complexe que celle offerte par de nombreuses concurrentes. La très conventionnelle boîte semi-automatique à sept rapports - elle ne dispose pas d'un double embrayage - demeure la seule associée à ce V6. Son rendement général ne pose pas problème, mais on regrettera tout de même l'absence de palettes au volant sur les versions moins bien nanties.

La grande nouveauté consiste en fait à l'ajout d'une motorisation hybride au catalogue de ce modèle. Cette version jumèle un V63,5 L (302 chevaux) à un moteur électrique d'une puissance de 50 kW (l'équivalent de 67 chevaux). Cette version s'annonce la plus performante, et ce, malgré un handicap de poids: 175 kg de plus.

Un peu plus loin?

À la réflexion, ces groupes deux motopropulseurs apparaissent comme un anachronisme dans une automobile qui fait de la haute technologie sa carte maîtresse. Ainsi, à la ribambelle d'aides à la conduite et capteurs de toutes sortes s'ajoute cette année une direction électrique. Une première application en série. Attention de ne pas confondre avec le système d'assistance qui, lui, s'est électrifié sur plusieurs modèles. Le concept mis au point par Infiniti ne comporte en théorie aucune liaison mécanique entre le volant et la crémaillère. Une impulsion électrique transmet l'ordre du conducteur à un moteur électrique actionnant la crémaillère. Cela vous rend nerveux? N'ayez crainte, un dispositif mécanique prend le relais en cas de défaillance. Baptisé Direct Adaptive Steering (DAS), celui-ci se prétend plus rapide en plus d'offrir le choix de quatre programmes différenciés. Ceux-ci permettent de durcir ou d'alléger la direction. À l'exception du mode Sport, la différence est subtile et plusieurs consommateurs s'interrogeront sur le bien-fondé de cette avancée technologique. D'autant plus que ce complexe système pèse 18 kg de plus qu'un système traditionnel. Alors, pourquoi se donner tant de mal à le développer? Pour se démarquer de la concurrence, mais aussi parce que ce dispositif marque l'ultime étape avant la mise en production du premier système de pilotage automatique de la marque.

Par rapport au modèle auquel elle succède, la Q50 n'offre guère une expérience de conduite différente. Le braquage constitue toujours son point faible dans les espaces étroits et son freinage n'a pas la résistance attendue sur une voiture de cette catégorie. En revanche, cette nouvelle mouture apparaît plus confortable et talonne moins sur les grosses imperfections de la chaussée. Dans sa configuration de base, elle demeure entraînée par ses seules roues arrière. Un rouage intégral est aussi proposé, mais celui-ci n'a apparemment fait l'objet d'aucune modification, c'est donc dire qu'il est plus réactif que progressiste.

On attendait une révolution, mais celle-ci viendra. Infiniti travaille, dit-on, à l'élaboration d'une mécanique suralimentée et d'une boîte semi-automatique à huit rapports. Patience.

L'essentiel

> Fourchette de prix : 37 500 $ à 56 450 $

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation réelle : 11,4 L/100 km

> Visible dans les concessions : Maintenant

> À considérer : BMW Série 3, Cadillac ATS, Mercedes Classe C

> Pour en savoir plus : www.infiniti.ca

Technique

> Moteur (essence) : V6 DACT 3,7 litres

> Puissance : 328 ch à 7000 tr/min

> Couple : 269 lb-pi à 5200 tr/min

> Poids : 1701 kg

> Rapport poids-puissance : 5,18 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Semi-automatique 7 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/11,8

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 225/55R17

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 76/Super

Nous aimons

> Version hybride

> Assemblage soigné

> Confort de roulement amélioré

Nous aimons moins

> Diamètre de braquage (AWD)

> Statu quo mécanique (essence)

> Places arrière étriquées