Chez nous comme ailleurs, le 4x4 de luxe construit sur un châssis à l'échelle est un véhicule exotique. Cette spécialité anglo-nippo-américaine en voie de disparition est destinée presque essentiellement au marché des États-Unis où l'essence coule, hélas, encore à flots.

Il est monnaie courante de voir apparaître des pseudo-nouveautés qui ne sont en réalité que des modèles pas tout jeunes hâtivement remaquillés. Et les dirigeants de la filiale canadienne de la marque ne cachent pas que le QX80 n'est pas tombé de la dernière pluie.

Avec son châssis bien charpenté et sa transmission à quatre roues motrices, il passerait pratiquement partout, n'eût été ses pneumatiques taillés pour le bitume et ses dimensions éléphantesques. Pourtant, sa face avant, ornée d'une large calandre chromée et d'un pare-brise élégamment incurvé, évoque davantage un bijou qu'on ne salit pas qu'un tout-terrain rustique. Contrairement au Nissan Patrol dont il dérive très étroitement, le QX80 n'offre pas une carrosserie taillée à la serpe, mais propose plutôt des angles adoucis. Les marchepieds qui courent au bas des portes font presque de la figuration.

Un tantinet surchargé, le hayon arrière s'ouvre sur un gigantesque espace couvert de moquette sous laquelle on découvre de petits casiers intégrés. Ce volume s'agrandit encore si l'on bascule la large banquette arrière capitonnée avec une telle insouciance - aucun imprimé et aucune surpiqûre - qu'on jurerait qu'elle n'était pas destinée à ce véhicule. Vous ne risquez pas de le voir très souvent de toute manière, pressés que nous sommes de rabattre son dossier pour améliorer la contenance du coffre.

La banquette ou les baquets (cette Infiniti est proposée en deux configurations : sept et huit places) de la rangée du milieu sont autrement plus confortables et plus pratiques (large console) et individuels (contrôles de climatisation indépendants). 

LA JOIE, OU PRESQUE

Tout à l'avant, c'est la joie. Sans étaler les dernières avancées de la marque en matière de style et d'ergonomie, le tableau de bord délicieusement clinquant ou kitsch (c'est selon) du QX80 fera, aux yeux de plusieurs acheteurs, chic. Ici, pas de technologies à gogo, pas de souris, pas de pavé tactile ni d'interminables sous-menus qui défilent à l'écran central. Rien de compliqué.

Pas vraiment bon marché, le QX80 n'en est pas moins un 4x4 à la bonne franquette qui, tout bien considéré, n'en donne pas pour son argent. Bien qu'il soit bien insonorisé et costumé comme un prince, le QX80 comporte une - malheureuse - option : le groupe technologie. Ce dernier regroupe des aides à la conduite tels le régulateur de vitesse intelligent ou les capteurs d'angles morts que d'aucuns jugeront essentiels - et normalement gratuitement offerts - sur un véhicule de ce prix. Infiniti ne l'entend pas de la même oreille et préfère plutôt rappeler la présence, sans frais cette fois, d'écrans individuels aux occupants de la deuxième rangée ou encore de nouvelles prises USB à bord. Nous n'avons pas tous les mêmes priorités...

POIDS LOURD

La grande nouveauté de ce modèle se trouve à l'abri des curieux. En effet, ce 4x4 pur jus adopte une suspension arrière qui ajuste en continu l'assiette du véhicule lorsqu'il tracte une charge ou que son coffre affiche complet. À cela s'additionne un dispositif hydraulique qui limite les mouvements de caisse lors de changements de trajectoire. Ces modifications ont permis d'éliminer l'agaçant dodelinement caractéristique de son prédécesseur qui donnait le sentiment à ses occupants de voyager à dos d'éléphant. Conséquence, et contrairement aux tout-terrain classiques, le QX80 ne sautille plus sur la route.

Comme son géniteur, le Patrol, cette Infiniti a pratiquement tout ce qu'il faut pour jouer dans la boue et le sable ou encore pour tracter de très lourdes charges. Mais jouer les polyvalents ne permet pourtant pas de gagner sur tous les tableaux. 

La tenue de route du QX80 ne rivalise pas avec celle de ses concurrents fabriqués sur un châssis monocoque. 

La répartition des masses place le centre de gravité assez haut et le poids de la bête, qui surpasse allégrement les deux tonnes, rend aléatoires les brusques changements d'appui lorsque les virages s'enchaînent sur une route étroite.

Sous le capot soigneusement sculpté, le moteur V8 à essence s'acquitte très bien de sa tâche. Costaude et robuste à la tâche, cette mécanique, aidée d'une boîte automatique à sept rapports correctement étagée, remue avec aisance ce mastodonte qui n'économise pas - et ne fait aucun effort pour le faire en adoptant des technologies aussi répandues que la coupure automatique à l'arrêt ou la désactivation des cylindres - les près de 100 litres d'essence (super) que peut contenir son réservoir.

Considérant le poids et la soif de ce modèle, on adopte spontanément une conduite coulée à son volant. Le dosage du freinage n'est pas une mince affaire lors d'un arrêt d'urgence et l'habitabilité paraît mesurée (la troisième banquette est plutôt étriquée), mais on peut avaler des kilomètres, perché bien au-dessus de la route. En ville, la force de couple du V8 de 5,6 L donne du nerf au QX80, mais son rayon de braquage de camion de pompier complique les manoeuvres. Sur les voies rapides, sa direction un poil flottante n'indispose personne, pas plus que l'armada de béquilles électroniques chargées de préserver la prestance de cet utilitaire à l'ancienne qui ne présente aujourd'hui que peu d'intérêt.

Les frais de voyage liés à ce reportage ont été payés par Infiniti Canada.

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR

La console centrale du Infiniti QX80 2018

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR

Les places arrière du Infiniti QX80 2018

L'essentiel

On aime

Motricité hors pair

Capacité de remorquage

Fiabilité éprouvée

On aime moins

Techniquement dépassé

Sécurité, une option

Consommation hallucinante 

***

Fourchette de prix : 75 650 à 93 800 $

Transport et préparation : 2045 $

Garantie de base : 48 mois / 80 000 km

Consommation réelle : 12,7  L/100 km

Visible dans les concessions : Janvier

Concurrentes à surveiller : Cadillac Escalade, Lexus LX, Lincoln Navigator 

Pour en savoir plus: www.infiniti.ca 

Fiche techniqueMoteur : V8 DACT 5,6 L   

Puissance : 400 ch à 5800 tr/min 

Couple : 413 lb-pi à 4000 tr/min 

Poids : 2697 kg

Rapport poids/puissance : 6,74 kg/ch 

Mode : 4x4 

Transmission de série : automatique à 7 rapports

Transmission optionnelle : aucune 

Diamètre de braquage : 12,6 m

Freins (av.-arr.) :Disque-disque 

Pneus (av.-arr.) : 275/60R20 

Capacité du réservoir : 98 L

Essence recommandée : Super 

Capacité de remorquage maximale : 3856 kg

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR

Infiniti QX80 2018