Il y a sept ans presque jour pour jour, Jaguar présentait au monde le successeur spirituel du modèle le plus emblématique de son histoire, l’E-Type. La vie de la F-Type commençait alors, avec tout le poids des plus grands espoirs sur ses épaules. De ce positionnement risqué, l’une des plus belles créations de la dernière décennie est née pour célébrer l’art du design automobile.

Son design

PHOTO FOURNIE PAR JAGUAR

L’arrière expose deux pots d’échappement centraux (version V6), une référence à l’E-Type, mais aussi l’intégration d’un hayon sur lequel est fixé un déflecteur actif qui se rabat à basse vitesse, pour garder la ligne intacte.

L’identité de Jaguar s’est essentiellement cristallisée autour du coupé sport. Normal, donc, qu’il ait résisté aux nombreux tumultes qui ont parsemé son histoire. Pour faire l’éloge de ce glorieux passé, la F-Type couche des traits carrément sublimes. Taillés par le brillant designer Ian Callum, ils présentent des proportions quasi parfaites sur le plan latéral. Le museau est long, l’habitacle ne prend pas trop d’espace et la partie arrière s’y confond avec sa ligne de toit fuyante. De l’avant, on perçoit les grands phares qui cascadent vers l’avant pour la continuité, mais aussi toutes les nuances de textures dans le capot, et surtout les ailes arrière galbées. L’arrière expose deux pots d’échappement centraux (version V6), une référence à l’E-Type, mais aussi l’intégration d’un hayon sur lequel est fixé un déflecteur actif qui se rabat à basse vitesse, pour garder la ligne intacte. C’est pur, magnifique.

À bord

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L’intérieur n’est pas entièrement en phase avec la si belle robe extérieure. Les plastiques durs sont trop présents et un concert de craquements se fait entendre sur les revêtements accidentés.

La version limitée Checkered Flag de la F-Type mise à l’essai cette semaine cherche à rendre hommage à l’illustre lignée de modèles sport chez Jaguar depuis la XK120. L’habitacle biplace se contente à certains endroits d’en faire le rappel avec des drapeaux en damier, mais l’exercice n’est pas particulièrement éloquent. Outre cela, on constate qu’il n’est pas entièrement en phase avec la si belle robe extérieure. Les plastiques durs sont trop présents et un concert de craquements se fait entendre sur les revêtements accidentés. Cela dit, c’est tout de même raffiné. L’usage du cuir sur la planche de bord, les surpiqûres présentes ici et là s’agencent avec des baquets enveloppants pour mettre dans l’ambiance sportive. L’accès n’est pas très aisé cependant avec des assises placées assez bas. Il y a aussi la ligne de toit, qui enlève de précieux centimètres pour la tête.

Sous le capot

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C’est la motorisation de milieu de gamme de la F-Type qui animait l’exemplaire essayé, à savoir un V6 suralimenté par compresseur de 3 L. De cette configuration rarement employée ailleurs, Jaguar soutire 380 ch et 339 lb-pi.

C’est la motorisation de milieu de gamme de la F-Type qui animait l’exemplaire essayé, à savoir un V6 suralimenté par compresseur de 3 L. De cette configuration rarement employée ailleurs, Jaguar soutire 380 ch et 339 lb-pi. Dans un univers où les moteurs de plus de 400 ch sont légion, ces chiffres ne sont pas très convaincants. Il faut néanmoins nuancer tout ça un peu. Évidemment, les accélérations ne vous donneront pas une entorse cervicale – le 0-100 km/h est estimé à 5,1 s par Jaguar –, mais ce V6 est particulièrement onctueux et amplement nerveux. C’est surtout la trame sonore qui rend l’expérience mémorable, une musique très rauque rythmée autant par la transmission à huit rapports ZF, toujours aussi compétente, que par le pied droit et l’échappement actif. C’est sans doute l’un des V6 les plus harmonieux à l’heure actuelle.

Derrière le volant

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Malgré sa carrosserie faite entièrement d’aluminium, cette F-Type pèse près de 1700 kg, soit environ 200 kg de plus qu’une Corvette C7 ou une Porsche 911. Sans que ce soit problématique, on sent ces kilos plutôt présents dans les transitions rapides et les freinages appuyés.

Cette version Checkered Flag intègre dans son arsenal le rouage intégral sans frais supplémentaires, un élément qui assure une certaine polyvalence à cette F-Type. Cela permet également de rendre la sportive très facile d’approche, une observation qui s’applique aussi aux puissantes variantes V8 utilisant ce même rouage. En revanche, elle gagne du poids dans l’exercice. Malgré sa carrosserie faite entièrement d’aluminium, cette F-Type pèse près de 1700 kg, soit environ 200 kg de plus qu’une Corvette C7 ou une Porsche 911. Sans que ce soit problématique, on sent ces kilos plutôt présents dans les transitions rapides et les freinages appuyés. L’agilité en souffre un peu. La direction électromécanique appuie le tout avec une étonnante légèreté et un aspect déconnecté pas toujours plaisant. Malgré tout, cette F-Type demeure fort efficace pour agrémenter les balades de fin de semaine, avec un comportement sûr et prévisible.

Les technologies embarquées

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Cette déclinaison de la F-Type est outillée de série du système d’infodivertissement Touch Pro prenant forme sur un écran panoramique tactile de 10 po. Sa présentation est sophistiquée et la résolution est excellente

Cette déclinaison de la F-Type est outillée de série du système d’infodivertissement Touch Pro prenant forme sur un écran panoramique tactile de 10 po. Sa présentation est sophistiquée et la résolution est excellente. On navigue assez facilement dans les menus, mais les onglets de la page d’accueil sont nettement trop petits et nombreux. Apple CarPlay et Android Auto sont proposés, tout comme une application télématique InControl qui permet d’interagir avec le véhicule. Les touches placées sur le volant pour explorer les menus d’instrumentation sont par ailleurs très peu intuitives. À revoir. Bien que ce soit une livrée dont le prix de base se chiffre à 105 000 $, la F-Type essayée est équipée de la chaîne Meridian d’entrée de gamme, dont le rendu sonore est beaucoup trop terne. C’est l’une de ses lacunes, l’équipement de série trop peu garni.

Verdict

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C’est surtout pour le plaisir des yeux que cette anglaise existe, et c’est tout à fait légitime.

Cette F-Type est un très bel objet, de la magnifique haute couture qui transcende son simple statut de voiture sport. Elle réussit à stimuler d’autres sens aussi, avec l’expressivité de sa mécanique et ses bonnes aptitudes dynamiques. On n’achète toutefois pas cette voiture pour les performances pures. Cette F-Type se situe à mi-chemin entre une voiture de grand tourisme et une vraie sportive, ce qui implique certaines concessions la reléguant derrière les Corvette et 911 de ce monde en ce qui concerne son comportement routier. Son positionnement lui permet sans doute de se démarquer et fait d’elle une création encore plus facile d’approche avec une puissance bien dosée et son rouage intégral. Mais c’est surtout pour le plaisir des yeux que cette anglaise existe, et c’est tout à fait légitime.

Carnet de notes

Mais où sont les poignées?

Pour préserver l’aspect lisse du design des portières, l’équipe de designers a décidé d’intégrer des poignées rétractables qui nécessitent tout de même une période d’adaptation.

L’édition Checkered Flag, une bonne affaire?

Hormis l’attrait d’une édition spéciale et de discrets ajouts uniquement esthétiques, l’édition Checkered Flag justifie difficilement son prix plus élevé de 10 000 $ par rapport à la livrée R-Dynamic de laquelle elle est étroitement dérivée.

Un hayon en prime

Tout comme la Corvette, cette F-Type dispose d’un hayon pour accéder à un compartiment arrière tout de même assez volumineux (408 L), mais dont l’ouverture est plutôt étroite.

Pour profiter du grand air

La F-Type est aussi proposée en version décapotable, ce qui augmente en moyenne le prix d’environ 3000 $, selon la livrée choisie.

Habitacle sur mesure

Comme c’est le cas pour la plupart des véhicules de sa trempe, l’habitacle de la F-Type bénéficie d’une multitude de possibilités de combinaisons de couleurs et de matières.

Fiche technique

Version à l’essai: Checkered Flag

Prix (avec options, transport et préparation): 112 200 $

Moteur: V6 DACT 3 L suralimenté par compresseur volumétrique

Puissance: 380 ch à 6500 tr/min

Couple: 339 lb-pi de 3500 à 5500 tr/min

Transmission: Automatique à huit rapports avec mode manuel

Architecture motrice: Moteur longitudinal avant, transmission intégrale

Consommation (ÉnerGuide): 10,4 L/100 km (super)

Concurrentes directes: Chevrolet Corvette (C7), Porsche 911

Du nouveau en 2020?: Édition Checkered Flag