Comment ne pas trahir sa propre légende qui lui a jusqu'ici valu l'amour inconditionnel de passionnés de conduite hors route tout en élargissant son auditoire ? Voilà le dilemme contre lequel butent les concepteurs du Wrangler chaque fois que celui-ci doit être renouvelé. En d'autres mots, comment préserver les aptitudes de coureur des bois de ce modèle sans l'émasculer pour plaire à une clientèle qui veut seulement donner l'impression que son véhicule est capable de grimper aux arbres ? Ainsi naissent les compromis...

Pour apporter une touche de renouveau aux produits les plus mythiques, les constructeurs marchent sur des oeufs. Entre progression et stagnation, la tentation de privilégier la seconde apparaît sans doute bien tentante pour ne pas effaroucher une clientèle qui ne demande rien de plus que d'escalader souches et montagnes. Le cahier des charges comporte impérativement la mention que le Wrangler doit répondre aux attentes des amateurs de Jeep (des purs et durs), mais aussi inciter des citadins à affronter la jungle urbaine à son volant.

Un joli jouet coûtant facilement 50 000 $

Sans doute ébloui et enchanté par les lunettes rondes et la calandre peinte et rayée du Wrangler, l'amateur, tout comme le néophyte, croit se retrouver en présence d'un jouet. Joli comme tout à en juger les commentaires positifs entendus lors de cet essai, ce Jeep apporte de la fraîcheur dans un segment où toutes les participantes finissent maintenant par se ressembler.

L'amateur trouvera normal que presque tous les accessoires du Wrangler figurent sur la liste des options. Et elle est longue, cette liste, de sorte que le prix de la version Unlimited essayée ici atteint aisément les 50 000 $ pour qui désire l'habiller un peu avant sa sortie de chez le concessionnaire.

Encore chanceux que, contrairement à d'autres constructeurs, les dirigeants de la mise en marché de Jeep permettent aux consommateurs de personnaliser leur véhicule selon leurs goûts et leur budget plutôt que de leur imposer des groupes d'options extrêmement coûteux.

Cela dit, les passagers qui s'installeront sur la banquette arrière auront tout le loisir d'apprécier l'habitacle ensoleillé (il suffit de retirer les panneaux du toit) du Wrangler. Mais non sans mal, puisque tout comme celles de son ancêtre, les portières toujours aussi étroites rendent l'accès difficile ; et, comble de malheur, le dégagement est compté pour nos jambes. Dans la version deux portes, c'est plus étriqué encore : l'accès et la sortie exigent de réels talents de contorsionniste.

Tableau de bord rétro-moderne

Les places avant sont cependant plus accueillantes, et vous installent aux premières loges pour scruter un tableau de bord coloré où rétro et modernisme se côtoient avec --hélas-- en prime une petite dose de kitsch, comme ces multiples reproductions du Jeep original ici et là (jantes, pommeau du levier de vitesse). 

Les principales commandes tombent, au sens propre, sous la main à l'exception sans doute des commandes de glaces tapissées dans la partie verticale de la console. La position de conduite est délicate à trouver puisque, d'une part, elle est décentrée et, d'autre part, le galbe des sièges manque de relief.

Un mot sur le coffre, pas plus grand qu'il ne faut, dont le (lourd) battant s'ouvre à l'horizontale, peu pratique dans les espaces restreints.

Les concepteurs de cet utilitaire ont eu pour objectif de rendre la conduite plus stable et surtout plus confortable sur chaussée asphaltée. Les éléments suspenseurs ne sont pas les seuls responsables des gains réalisés en matière de confort et de stabilité, loin de là.

Civilisé sur route, agile en dehors

Ainsi, le Wrangler étrenne un châssis (toujours à échelle) nettement plus rigide et des éléments suspenseurs plus efficaces, notamment pour ce qui est des amortisseurs.

L'objectif est atteint, et force est de reconnaître que le Wrangler est nettement plus agréable à vivre au quotidien que son prédécesseur qui se chargeait de nous retransmettre la moindre imperfection du revêtement avec presque autant d'intensité.

Si le Wrangler à quatre portières surtout gagne en confort (roulement et acoustique), ses concepteurs assurent et rassurent les consommateurs qu'ils pourront prendre la clé des champs sans même se demander « si ça passe ou pas » (comme certains propriétaires de produits concurrents). Ça passe, toujours.

Surtout si vous optez pour la version deux portes, plus maniable pour se jouer des embûches et se sortir de l'ornière, dans laquelle demeureront séquestrés bon nombre de ses concurrents. La version quatre portes, quoique beaucoup plus confortable, est loin d'être un modèle d'agilité, et son rayon de braquage particulièrement grand (12 m) ne facilite pas les manoeuvres dans les espaces restreints.

Rien de nouveau sous le capot

Les motoristes de Jeep nous apportent de nouveau la preuve que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » en ce bas monde. Pour preuve, le V6 de 3,6 L trouve toujours refuge sous le capot de ce tout-terrain. Cette mécanique offre un rendement adéquat et une consommation acceptable. On lui préfère toutefois --pour l'instant-- le quatre-cylindres de 2 L suralimenté qui procure à ce véhicule une plus grande souplesse et un rendement énergétique supérieur.

Un moteur turbodiesel fera son entrée dans la gamme dans les prochains mois.

Malgré un prix plutôt élevé, un comportement routier en net progrès, le Wrangler ne s'adresse pas à tout le monde. Quoique plus facile à vivre au quotidien, il demeure un engin hautement spécialisé, et à moins d'appartenir à la caste de ses adorateurs et d'exploiter pleinement ses qualités de tout-terrain, mieux vaut y réfléchir deux fois.

Trois fleurs, trois tomates

On aime



Aptitudes tout terrain inégalées

Plus agréable à vivre au quotidien

Caractère unique

On aime moins



Attente des motorisations plus économes

Modèle à deux portières pour initiés

Distances de freinage longuettes

La facture

Marque/modèle : Jeep Wrangler

Fourchette de prix : de 33 945 $ à 48 745 $

Frais de transport et de préparation : 1895 $

Garantie de base : 36 mois/60 000 km

Consommation réelle : 11,8 L/100 km

Chez les concessionnaires : maintenant

Pour en savoir plus : www.jeep.ca

Fiche technique

1) Moteur : V6 DACT 3,6 L atmosphérique

Puissance : 285 ch à 6400 tr/min

Couple : 260 lb-pi à 4800 tr/min

Poids : 1794 kg (Sport avec boîte auto)*

Rapport poids/puissance : 6,29 kg/ch*

Mode : 4x4

Transmission de série : manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle : automatique 8 rapports

Diamètre de braquage : 10,5 m (2 portières) 12 m (4 portières) 

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 245/75R17 (Sport), 255/70R18 (Sahara), LT285/70R17C (Rubicon)

Capacité du réservoir : 70 L (2 portières), 81 L (4 portières) 

Essence recommandée : ordinaire

Capacité de remorquage : 907 kg (2 portières) 1588 kg (4 portières)

2) Moteur : L4 DACT 2 L suralimenté (turbo)

Puissance : 270 ch à 5250 tr/min

Couple : 295 lb-pi à 3000 tr/min

Poids : 1819 kg (Sport)*

Rapport poids/puissance : 6,74 kg/ch*

Mode : 4x4

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 10,5 m (2 portières) 12 m (4 portières)

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 245/75R17 (Sport), 255/70R18 (Sahara), LT285/70R17C (Rubicon)

Capacité du réservoir : 70 L (2 portières), 81 L (4 portières)

Essence recommandée : ordinaire

Capacité de remorquage : 907 kg (2 portières) 1588 kg (4 portières)

* version la plus légère