L'heure n'est plus au VUS pour tous, mais au VUS pour chacun. Un quadrillage animé par la volonté d'occuper la moindre niche de marché pour ne rien céder à la concurrence. Land Rover se laisse aussi prendre à ce jeu, au risque de désorienter son aimable clientèle. Dernier arrivé dans ce patchwork, le Velar se voit assigner des objectifs susceptibles de gêner son partenaire Jaguar.

Historiquement, le maillage entre Land Rover et Jaguar était marqué par la complémentarité. L'insatiable demande des consommateurs à l'égard des véhicules utilitaires a rendu quelques constructeurs complètement mabouls. Dès lors, le débat au sujet du partage des rôles entre les marques d'un même groupe devient de plus complexe à décrypter pour le consommateur.

Tout le monde se chevauche, convaincu que l'offre crée la demande, et l'arrivée de chaque nouveau concurrent augmente la part du gâteau. Le Velar en est un bon exemple puisqu'il doit beaucoup techniquement au F-Pace de Jaguar. D'ailleurs, ces deux modèles défilent sur la même chaîne d'assemblage à Solihull, en Angleterre. Alors qu'est-ce que le Velar apporte de neuf à la catégorie ? Autant le dire, pas grand-chose.

L'ÈRE NUMÉRIQUE

Les portières du Velar s'ouvrent sur le XXIe siècle. Plutôt chargée, la présentation intérieure a visiblement puisé une partie de son inspiration du côté de chez Tesla et Volvo. Sur la très verticale et lisse console se trouvent juxtaposés deux écrans tactiles où l'essentiel des commandes est regroupé.

Les boutons sont peu nombreux - celui du volume de la chaîne audio a heureusement été conservé - et invitent le consommateur à une nouvelle expérience. Celle-ci ne s'annonce pas immédiatement plaisante. Malgré la présence de pictogrammes, la prise en main exige une certaine adaptation. L'interface n'est pas aussi intuitive que ses concepteurs aimeraient nous le faire croire.

Ainsi, selon le menu affiché, les molettes (cela vaut également pour les touches rétroéclairées au volant) changent de fonction. Et armez-vous de patience. Le temps de réaction du système est désespérément long.

En dépit de la carrure et du fort empattement du Velar, son habitabilité n'a rien de spectaculaire. Quatre personnes seulement trouveront plaisir à voyager à son bord. Une cinquième ? Elle devra composer non seulement avec une vilaine bosse à ses pieds, mais aussi avec une assise tronquée et un dossier dur comme de la pierre. En contrepartie, le volume du coffre, lui, est des plus généreux, et ce, sans même condamner en tout ou en partie les places arrière.

À l'avant, accordons de bonnes notes aux sièges, faciles à régler et sculptés de manière à offrir un maximum de confort et de maintien. La finition est soignée, mais la qualité de certains plastiques (partie basse du tableau de bord, base des sièges et palettes au volant) laisse à désirer sur un véhicule de ce prix.

SOLIDE, MAIS SANS ÂME

Deux mécaniques se disputent une place sous le capot. En première monte figure un quatre-cylindres turbodiesel, mais les acheteurs lui préféreront sans l'ombre d'un doute le six-cylindres suralimenté par turbocompresseur, plus en adéquation avec la nature de ce véhicule. 

Malheureusement, cette mécanique à l'avenir incertain (une nouvelle génération de six-cylindres sera bientôt inaugurée) gonfle de plusieurs milliers de dollars le prix du Velar et le rend, du coup, moins compétitif devant ses concurrents présumés. Cela ne poserait pas un véritable problème si le Velar se trouvait au-dessus du lot, mais tel n'est pas le cas. 

Le comportement routier est solide, agréable, mais sur le plan dynamique, les Macan, Stelvio, voire Levante (Maserati) font mieux. En dépit d'une tenue de route très saine, le Velar manque d'agilité dans les enchaînements de courbes et l'adhérence de ses pneumatiques n'a rien d'exceptionnel.

Les béquilles électroniques ainsi que le vecteur de couple veillent à masquer ou à tout le moins à minimiser ces défauts, mais le plaisir n'est pas plus au rendez-vous. 

CONFORT MOYEN

Le confort est également très moyen, mais ici la faute incombe davantage à la pointure des pneus optionnels. Si les tailles 21 et 22 po épousent parfaitement les puits de roue, celles-ci pénalisent gravement le confort, surtout si vous avez le malheur d'habiter à Montréal.

Solide et réputé fiable, le moteur V6 3 L offre de belles performances en matière d'accélération et de reprises, mais sa sonorité est plutôt quelconque pour un véhicule à caractère sportif. En outre, comme il en est fait mention un peu plus haut, cette mécanique se trouve en fin de carrière et ne bénéfice pas des dernières avancées dans le domaine de la réduction de la consommation et des émanations polluantes. Et ça se paie à la pompe (que de l'essence super) et même souvent, en raison de la petitesse du réservoir de carburant.

Fidèle à la réputation de son constructeur, cet utilitaire ne craint pas de s'aventurer hors route ni de traverser un cours d'eau de 61 cm (24 po). 

Mais qui osera faire rouler ce Velar dans la boue ? Personne. 

La clientèle appréciera plutôt les ressorts pneumatiques qui permettent de faire varier la garde au sol de 9 cm. Pratique en cette saison.

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME 

Habitacle valorisant 

Choix de motorisations 

Aptitudes sur tous les terrains 

ON AIME MOINS 

Ergonomie avant-gardiste 

Suspension ferme 

Moins sport qu'il n'y paraît

La facture

Fourchette de prix : de 62 000 $ à 95 000 $

Coût des frais de transport et de préparation : 2095 $

Garantie de base : 48 mois/80 000 km

Consommation réelle : 12,3 L/100 km

Chez les concessionnaires : maintenant

Concurrentes : Alfa Romeo Stelvio, Mercedes GLC, Porsche Macan

Fiche technique

Moteur : V6 DACT 3 L suralimenté

Puissance : 380 ch à 6500 tr/min

Couple : 332 lb-pi entre 3500 et 5000 tr/min

Poids : 1884 kg

Rapport poids/puissance : 4,96 kg/ch

Mode : intégral

Transmission de série : automatique à huit rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11,6 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 265/45R21

Capacité du réservoir : 63 L

Essence recommandée : super

Capacité maximale de remorquage : 2500 kg