La Lincoln Continental est née en 1939 à la demande d'Edsel Ford, le fils unique d'Henry Ford, pour incarner la suprématie de Ford et celle d'une Amérique résiliente qui se sortait de la Grande Dépression. Le président de l'époque, Franklin Roosevelt, en avait d'ailleurs fait sa voiture de fonction, baptisée la Sunshine Special. Une icône était née, associée plus tard, bien malgré elle, à l'assassinat de John F. Kennedy à son bord. Quinze ans après son abandon, elle nous revient cette année.

Design

Quiconque espérant percer dans un segment où l'opulence est beaucoup plus une règle qu'une exception doit essentiellement se démarquer sur un autre front. Force est d'admettre que les designers de Lincoln ont insufflé à cette Continental une belle présence. Longiligne, bien assise, elle n'affiche rien de totalement original, mais le tout est harmonieux. Ce design s'apprécie d'ailleurs beaucoup plus en sa présence qu'en photo. Une fois la première impression réussie, on s'approche pour découvrir des touches intéressantes. Les poignées de portières à activation électrique qui épousent le bas des cadres de fenêtres et les miroirs placés sur un mince support chromé se relevant à son extrémité en sont deux exemples probants.

À bord

La Continental prend au sérieux son rôle de berline de grand luxe. D'abord, il y a les sièges optionnels, que Lincoln caractérise comme étant « à position parfaite ». On découvre assez rapidement que ce n'est pas de la poudre aux yeux : ces sièges à 30 réglages (oui, oui, 30 !) sont probablement les plus confortables qui m'aient jamais été donné d'essayer. Du reste, l'ambiance est feutrée et chic. Les textures et matières cohabitent de belle façon, sauf pour l'utilisation de certains plastiques durs sur le haut de la planche de bord. L'assemblage est aussi fort soigné. Les passagers arrière bénéficient également d'énormément d'espace.

Sous le capot

Face à une concurrence européenne qui outille ses livrées de série de quatre-cylindres turbo, Lincoln se démarque avec un choix de deux V6 biturbo de 2,7 L (335 ch) et 3 L (400 ch). C'est ce dernier, offert pour un supplément de 3000 $, qui équipait la version d'essai. Pas explosive, mais très linéaire et douce, cette motorisation sied bien au tempérament de la Continental. Sa discrétion et l'impression qu'elle n'est jamais surmenée rendent l'expérience accrocheuse. Ce groupe motopropulseur n'est malgré cela pas sans défauts. La boîte automatique à six rapports n'a pas sa place dans une voiture de cette trempe et la consommation de carburant est trop élevée.

Derrière le volant

Malgré de nombreuses rumeurs qui affirmaient avant son dévoilement que la Continental serait construite sur une architecture à propulsion, la Continental a plutôt hérité du châssis modifié de la MKZ. Elle réussit tout de même à nettement se démarquer de sa cousine, donnant un ressenti plus posé. Tout comme ses ancêtres, la Continental n'a pas l'ambition de cibler des rivales qui font dans le sport, mais isole l'habitacle des bruits de roulement et aspérités de la route. Le mode Sport, qui raffermit les amortisseurs adaptatifs, n'est donc pas très pertinent. La direction est pour sa part précise et assez communicative. Le rayon de braquage est toutefois beaucoup trop grand.

Technologies embarquées

Sur le plan technologique, la Continental n'est pas entièrement convaincante. La grande berline ne dispose pas d'affichage de la vitesse à tête haute, comme c'est maintenant la norme dans son segment. Son système d'infodivertissement n'est également qu'une version légèrement modifiée du Sync 3 de Ford avec des coloris de beige et de brun pas très élégants. Bien que compétent, il ne se distingue pas assez de la version que l'on retrouve dans des modèles beaucoup moins chers. La chaîne audio Revel Ultima à 19 haut-parleurs fait un travail tout à fait décent, mais n'a pas la profondeur qu'étalent les systèmes Bose ou Harman Kardon.

Verdict

À l'ère où les constructeurs de luxe étalent leurs prouesses sur le mythique circuit du Nürburgring Nordschleife, Lincoln s'avance avec un regard beaucoup plus nostalgique sur la fonction. Bien qu'outillée de la plupart des dernières technologies et d'une transmission intégrale de série, la Continental brille essentiellement par sa capacité à flatter les sens et à diminuer les sources d'irritation associées aux longs trajets. C'est une grande routière, dans le sens pur du terme, dont le rapport prix/équipement est très compétitif pour le segment. Reste tout de même que malgré ses qualités, il subsiste toujours une question : que serait devenue cette voiture avec son propre châssis ? Une expérience probablement encore plus complète.

La Continental en bref

Longueur La Continental est 18cm plus longue qu'un BMW Série 5, ce qui permet un considérable espace intérieur.

Espace arrière La Continental est très spacieuse à l'arrière, avec de l'espace pour les jambes de 1049 mm et, luxe oblige, des commandes individuelles pour la ventilation et le système audio (en option).

Poignées électriques Bien que très élégantes, les poignées électriques ont exposé leur limite lors de l'essai routier alors qu'une portière arrière, à l'occasion, ne voulait tout simplement pas s'ouvrir.

Rétroviseurs Les rétroviseurs latéraux, dont le dessin est très raffiné, sont malheureusement trop petits pour offrir un bon point de vue vers l'arrière.

Suspension Les amortisseurs adaptatifs de la Continental peuvent s'ajuster 23 000 fois à la seconde, un chiffre bien théorique qui se traduit par un confort particulièrement raffiné.</p>

Fiche technique

Version à l'essai : Reserve

Prix (avec options, transport et préparation) : 80 450 $

Moteur : V6 DACT 3 L biturbo

Puissance : 400 ch à 5750 tr/min (avec indice d'octane 93)

Couple : 400 lb-pi à 2750 lb-pi (avec indice d'octane 93)

Transmission : Automatique à six rapports avec mode manuel

Architecture motrice : Moteur transversal avant, transmission intégrale

Consommation (ÉnerGuide) : 12,3 L/100 km

Concurrentes : Du nouveau en 2017 ? Nouvelle génération

Pour en savoir plus : www.frlincolncanada.com