Ce nouveau modèle, qui vise ouvertement une jeune clientèle, ne se destine pas aux acheteurs traditionnels de la marque à l’étoile. En tenant compte de son prix (38 300 $), on peut dire de la Classe A qu’elle se démocratise.
Moins élitiste, l’A250 souhaite devenir la solution de rechange la plus séduisante aux productions des constructeurs généralistes qui dominent la catégorie des compactes. En s’affichant à 38 300 $, l’A250 n’est pas donnée, mais elle n’est pas plus chère qu’une Subaru WRX et coûte un peu plus que la Mazda3 Sport à rouage intégral. Deux concurrentes plus habitables, plus confortables et mieux équipées, mais qui n’arborent pas un blason aussi prestigieux. Faut-il se laisser convaincre ?
On l’aura compris, cette voiture s’adresse à ceux que l’idée même de rouler en Mercedes n’a jamais effleurés. Car la plus vieille marque automobile au monde n’est pas dupe. Elle inspire le respect, mais, pour le plus grand nombre, son prestige (et sa grille tarifaire) est distant et n’inspire pas spontanément la sympathie.
Avec la Classe A, Mercedes cherche de nouveau à élargir sa clientèle en offrant des produits financièrement plus accessibles. Pour réaliser le souhait des acheteurs de posséder un véhicule orné d’un blason prestigieux, la Classe A a été rendue possible par l’abaissement des coûts de conception grâce à la modélisation numérique, mais aussi par la politique des plateformes uniques qui permet de fabriquer plusieurs modèles sur la même chaîne d’assemblage ou à l’aide de plusieurs composants communs. Rien de bien sorcier dans tout cela.
Aujourd’hui, en élargissant son offre vers le bas, Mercedes ne cherche pas seulement à s’adapter aux besoins d’une clientèle financièrement plus contrainte. Ses modèles d’accès sont aussi des instruments de conquête, conçus pour rouler sur les plates-bandes des marques « populaires » les plus malmenées par la crise.
Il s’agit de ne pas avoir à accorder de grosses remises sur les versions mieux dotées, mais aussi de réduire l’écart tarifaire avec les marques du milieu de gamme. Cet écart se réduit d’autant plus considérablement si l’acheteur opte pour la location à long terme comme mode de financement, en raison de la valeur résiduelle (celle-ci est prise en compte dans le calcul des mensualités) qui contribue à combler encore le différentiel de prix. C’est d’ailleurs grâce à leurs modèles d’entrée de gamme que les marques les plus emblématiques ont, ces dernières années, gagné du terrain en Europe en grappillant des parts de marché au détriment de Mazda, Subaru ou Volkswagen, pour ne nommer que ces trois marques.
Toutefois, jusqu’ici, les premiers modèles d’entrée de gamme de Mercedes en Amérique du Nord (Classe B, CLA et GLA) n’ont pas été unanimement salués par la critique ni par les consommateurs, loin de là. Poliment, disons que ces trois modèles ont laissé un souvenir mitigé et qu’ils ont surtout déçu plusieurs attentes.
Riche de ces enseignements, Mercedes remet cela avec la Classe A qui, cette fois, ne passera pas pour une Mercedes au rabais sur le plan de l’ingénierie et du soin apporté aux détails. À la Classe A maintenant de convaincre un public qui ne s’est jamais intéressé à la marque qu’une Mercedes peut être compacte, agile et relativement abordable.
Conquérante
Museau plongeant, astucieux phares en amande, petites roues plantées à chaque extrémité, hayon arrière, sièges démontables, teintes plus gaies (en option), tableau de bord qui évoque davantage La guerre des étoiles que le Ritz-Carlton, moteur modeste (2 litres) et un habitacle qui n’a rien à envier aux petites douceurs des grandes Mercedes. Bref, c’est la révolution. L’allure générale de cette cinq-portes n’en est pas moins avenante et dynamique, avec le dessin de la vitre arrière fuyant vers le haut et une face avant dont la seule chose que l’on puisse dire est qu’elle est très réussie.
Agréable à regarder, cette Classe A est aussi très facile à prendre en main. Elle est d’une maniabilité amusante, y compris en ville. Sur la route, elle s’adapte sans trop broncher aux rapides changements d’appuis.
On regrettera toutefois que la direction offre un si faible ressenti et un agrément de conduite moyen par rapport à d’autres véhicules comparables vendus dans la même fourchette de prix (voir les rivales). Voiture bien suspendue, on y est parfaitement assis, sur des sièges fermes, parfaitement adaptés aux voyages au long cours.
La qualité du châssis, le bon équilibrage des masses et la présence de multiples aides à la conduite incitent à conduire sans la moindre appréhension ce modèle à hayon qui, comme la grande majorité des Mercedes, est entraîné, de série, par un rouage à quatre roues motrices (originalement, ce modèle est conçu sur une architecture de traction).
Plus encore que celui de la berline A220 dont cette voiture dérive assez étroitement, le moteur 2 litres bénéficie d’une quantité supplémentaire de chevaux qui lui permet de paraître ici nettement plus à son avantage. Sa sonorité est toujours aussi quelconque, mais l’accélération est beaucoup plus solide. Une part du mérite revient naturellement à la boîte automatique à double embrayage qui n’hésite pas à fouetter violemment les sept rapports, si l’on joue avec la programmation du style de conduite.
Mentionnons enfin que le freinage d’urgence décrié dans ces pages au lancement de la Classe A220 il y a un peu plus d’un an ne fait l’objet d’aucune critique. Sans doute avons-nous alors été victime d’un capteur récalcitrant qui déclenchait un freinage préventif dès que l’auto chevauchait une ligne de circulation.
Plein la vue
Au risque de s’attirer les foudres de sa clientèle la plus fortunée, Mercedes enjolive l’habitacle de l’A250 de ses dernières avancées dans le domaine du style et de la technologie. Mais il faudra y mettre le prix.
En effet, il faut débourser 2950 $ (ensemble haute technologie) pour bénéficier du massif et spectaculaire « téléviseur à écran plat » de 10,25 pouces. En échange de cette somme, vous bénéficierez également des applications Apple Car Play et Android Auto et du très discutable dispositif de reconnaissance vocale « Hey Mercedes », insuffisamment au point. Et ce n’est pas tout. Plusieurs autres petites douceurs (y compris le volant chauffant) figurent au catalogue des options. C’est le moment de casser la tirelire !
Sans surprise, le bloc d’instrumentation (voir encadré de notre fiche technique) est entièrement paramétrable, c’est-à-dire que le conducteur peut le configurer selon les informations qu’il souhaite mettre en avant ou selon le graphisme et les couleurs. Les ambiances colorées nocturnes sont également paramétrables.
Tout cela impressionne beaucoup et détourne le regard de l’essentiel : l’espace et la vie à bord. À l’avant, aucun problème, mais à l’arrière, l’A250 propose un dégagement plutôt compté. Le coffre offre pour sa part un volume raisonnable, pour la catégorie s’entend, et une belle polyvalence.
Alors, faut-il se laisser séduire par cette offre ? Oui, mais à la condition de prendre conscience que le prix affiché n’est pas aussi alléchant qu’il en a l’air (de nombreuses options parmi lesquelles certaines apparaîtront essentielles à plusieurs consommateurs) et de souscrire au service prépayé des entretiens pour éviter les surprises.
Rouage intégral en option
Contrairement à d’autres marchés où elle est commercialisée, la Classe A250 canadienne propose de série le rouage intégral. Ce dernier, baptisé 4Matic, est toutefois offert en option sur la berline Classe A220 (vendue à partir de 34 990 $) au coût de 2000 $. Outre cet accessoire de sécurité active, le prix de l’A250 trouve sa justification dans la forme singulière de sa carrosserie (hayon) et la présence d’une mécanique plus puissante (221 chevaux comparativement à 188) par rapport à l’A220.
Deux écrans
Le nouveau système d’affichage numérique du tableau de bord permet plusieurs configurations. Le pilote sélectionne l’affichage des informations désirées, qui se répartissent sur deux écrans – l’un face à lui, derrière le volant, l’autre en position centrale, sur le tableau de bord –, à partir de deux petites molettes situées sur le volant, devant ses pouces. Il peut ainsi faire défiler des menus sans qu’il soit pour autant nécessaire de quitter la route des yeux.
FICHE TECHNIQUE
Moteur
L4 DACT 2 litres turbocompressé
221 ch à 5500 tr/min
258 lb-pi entre 1800 et 4000 tr/min
Performances
Poids : 1505 kg
Rapport poids/puissance : 6,8 kg/ch
Accélération 0-100 km/h : 6,1 secondes
Boîte de vitesse
De série : automatique 7 rapports à double embrayage
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : intégral (4 roues motrices)
Pneus
205/55R17 (de série)
Capacité du réservoir et essence recommandée
50 litres
Super
Consommation
9,9 L/100 km
Dimensions
Empattement : 2729 mm
Longueur : 4419 mm
Hauteur : 1440 mm
Largeur : 1992 mm
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