Avec le GLS, Mercedes-Benz s’engage dans une surenchère comme on n’en avait jamais vu auparavant. Plus encombrant, plus puissant, plus avancé techniquement, le GLS cherche à devenir l’utilitaire grand format de luxe préféré des Canadiens.
Le nouveau porte-étendard
Consciente que le marché de l’automobile se transforme, Mercedes recompose sa gamme autour des véhicules utilitaires. La marque à l’étoile en compte maintenant huit à son catalogue, lesquels assurent plus de 60 % des ventes. Face à cette demande, le GLS supplante désormais la Classe S comme ambassadeur des dernières avancées techniques du constructeur allemand.
Cette fois, personne ne dira que l’on est serré à l’arrière de cette Mercedes. Cette nouvelle mouture du GLS permet de prendre ses aises, même pour les occupants de la troisième rangée de sièges. Les jambes peuvent se déployer, la largeur aux coudes est généreuse et les grands gabarits n’ont pas à courber l’échine. Mercedes a vu grand pour tout le monde, prenant acte de la révolution silencieuse qui, ces dernières années, a vu les passagers arrière obtenir davantage d’espace et de considération.
Cette remise à niveau se fonde sans complexe sur le principe du « toujours plus ». Le nouveau GLS s’allonge de 77 millimètres, pousse de 22 millimètres en largeur pour atteindre des proportions proprement « américaines » qui ne devraient pas échapper à ses propriétaires. Une inflation galopante qui se traduit malheureusement par une prise de poids supplémentaire (environ 100 kg). Certes, le freinage surdimensionné, la vigueur des moteurs et la plus grande vivacité des trains avant et arrière parviennent presque à faire oublier cet embonpoint, mais il faut en payer le prix en termes d’encombrement et de consommation, notamment.
Si la prestigieuse et plus que centenaire maison automobile consent à descendre dans l’arène, elle s’y présente avec ses propres armes. Loin des rondeurs parfois molles des concurrentes, la silhouette est athlétique et plongeante, avec des épaulements prononcés pour suggérer la puissance. Seul ennui, bien peu d’observateurs parviendront à faire la distinction entre la nouvelle et l’ancienne. Par chance, la différence se fait nettement sentir en grimpant à bord.
Les dimensions extérieures permettent d’offrir encore plus d’espace intérieur et accentuent la réputation de salon roulant que s’est forgée cette Mercedes auprès de ses fidèles. L’habitacle accueille de nouveaux aménagements et verse dans la haute technologie. Son coffre gagne l’équivalent de 100 litres de volume utile et les deux banquettes (option de sièges individuels dans la rangée médiane offerte) fractionnables et rabattables ne manquent pas de confort.
L’aménagement intérieur se situe à l’heure actuelle au-dessus des standards de la catégorie et compte un interphone pour converser sans élever la voix entre les différentes rangées de sièges ainsi que 14 prises USB-USB-C.
Sans oublier bien sûr la fonction Car Wash (lave-auto) qui veille à remonter les glaces, fermer le toit ouvrant, abaisser la suspension et débrancher la fonction « détecteur de pluie » des essuie-glaces.
Strict, mais élégant, pourvu de revêtements de belle facture, le tableau de bord sur lequel se superpose une fine lamelle électroluminescente en guise de bloc d’instrumentation ne s’encombre cependant d’aucune coquetterie superflue. Toutes les commandes tombent (au sens imagé) sous la main et le léger relâchement observé ces dernières années dans la qualité d’assemblage semble avoir été corrigé. En revanche, on s’étonne que plusieurs dispositifs de sécurité, si sophistiqués soient-ils, se retrouvent toujours sur la liste des accessoires optionnels.
Tapis roulant
Sous ces dehors qui donnent l’impression d’être inchangés se dissimulent de profonds changements. Après avoir été l’un des premiers utilitaires allemands, le GLS est aujourd’hui exposé à la concurrence du BMW X7, son plus proche rival, mais aussi du Lincoln Navigator et bientôt du Cadillac Escalade entièrement rénové, de gros camions cossus aussi confortables et efficaces que de grosses berlines.
Réglable en hauteur et en profondeur, le volant renvoie des sensations plutôt étonnantes considérant la taille et le poids de ce véhicule. De prime abord, à basse vitesse, la direction assistée électromécanique est suffisamment légère pour créer l’illusion que le GLS est extrêmement maniable (son énorme diamètre de braquage fait mentir cette affirmation) ; mais à bonne allure, elle donne le sentiment d’être correctement lestée. Agile et bien assis sur ses roues, le GLS dispose d’une belle insonorisation, sans doute nécessaire pour masquer le sifflement du vent sur ses éléments de carrosserie dont le coefficient de traînée aérodynamique est digne d’une boîte à chaussures (Cx : de 0,36 à 0,39 selon les déclinaisons).
Entre le moteur et la boîte automatique à neuf rapports, l’entente est parfaite, ce qui permet de modérer le niveau de consommation qui, pourtant, bénéficie de l’apport d’un système 48 volts, une forme d’hybridation légère. Celle-ci permet d’injecter plus de puissance (21 chevaux) et de couple (148 livres-pied) à ces mécaniques pour favoriser l’accélération et les reprises. Elle permet également d’alimenter (ce qui soulage le moteur du même coup) le climatiseur, la fonction de coupure automatique à l’arrêt et l’assistance de la direction. Cela dit, considérant la nature feutrée de ce véhicule et la puissance largement suffisante du six cylindres, la 450 apparaît le choix tout indiqué.
Il a visiblement profité du savoir-faire des motoristes de Stuttgart et la suspension pneumatique à gestion électronique s’est encore améliorée. Elle permet de réduire la garde au sol pour faciliter l’accès à bord ou, au contraire, de l’accroître pour franchir pierres ou talus.
Avec une amplitude de 60 millimètres entre les deux positions extrêmes, cette suspension subtilement pilotée par l’électronique assure un excellent niveau de confort, y compris dans les chemins creux.
On voit mal la nécessité de s’offrir la suspension E-Activ Body Control (offerte sur la 580) dotée de caméras destinées à « lire le profil de la chaussée ». La suspension de base suffit et s’avérera sans doute à long terme moins coûteuse à entretenir et à réparer.
Plus grand, plus gros et plus lourd, le GLS conserve son statut de véhicule à part. La légère inertie que l’on éprouve parfois au volant procure une sensation de bien-être plutôt que de frustration. Cet utilitaire peut bondir sur ses suspensions, mais, aux commandes de ce véhicule extrêmement stable qui vous installe très haut au-dessus de la route, rien ne semble presser.
Pour ceux et celles que cela intéresse, le GLS reste capable de crapahuter dans les pires conditions avec des pneus standards. Même si, de facto, ses propriétaires ne se hasarderont probablement jamais sur les terrains accidentés, ils sauront que leur luxueuse monture leur permettrait tout à fait de s’y aventurer. Plus importante à retenir est la capacité de remorquage de ce véhicule qui se situe parmi les meilleures de sa catégorie.
Si Mercedes recrute aujourd’hui une clientèle aux fortunes les plus diverses (des Mercedes vendues dans les 30 000 $, ça existe), ses prix restent toujours aussi salés, qu’il s’agisse du tarif de base ou de celui des options. Ceux du GLS dépassent allègrement les 100 000 $, loin devant certains rivaux, sans doute moins raffinés, mais aussi bien motorisées et parfois plus ingénieux. Son allure de bourgeoise, sa qualité de fabrication, l’efficacité de ses moteurs et la grosse étoile déposée bien en évidence au milieu de la calandre devraient néanmoins suffire à lui assurer un succès qui, inévitablement, fera de l’ombre aux classiques berlines Mercedes, dont l’aura n’est plus tout à fait ce qu’elle était.
Fourchette de prix : de 95 100 $ à 117 300 $
Visible dans les concessions : Maintenant
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On aime
Confort à toutes les places
Niveau de sophistication élevé
Comportement rassurant et agréable
On aime moins
Consommation importante et difficile à justifier (580)
Dispositifs de sécurité en option
Coût d’une Classe S
Fiche technique
Moteur
450 :
L6 DACT 3 litres suralimenté
362 chevaux de 5500 à 6100 tr/min
369 lb-pi de 1600 à 4500 tr/min
580 :
V8 DACT 4 litres turbocompressé 483 chevaux à 5500 tr/min
516 lb-pi de 2000 à 4000 tr/min
Performances
Rapport poids/puissance : 6,85 kg/ch (450) – 5,4 kg/ch (580)
Accélération : 6,2 s (450), 5,3 s (580)
Capacité maximale de remorquage : 3500 kg
Boîte de vitesses
De série : automatique à 9 rapports
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : intégral (4 roues motrices)
Pneus
275/45R21 – 315/40R21
Capacité du réservoir et essence recommandée
90 litres
Super
Consommation
12,7 L/100 km (450) – 13,9 L/100 km (580)
Dimensions
Empattement : 3135 mm
Longueur : 5207 mm
Hauteur : 1823 mm
Largeur : 2157 mm (compris rétroviseurs extérieurs)
Pour les gens (très) pressés
Parallèlement au lancement des GLS 600 Maybach, Mercedes introduira, au terme d’une éclipse de plus de deux ans, une version AMG du GLS. Celle-ci s’animera du moteur V8 suralimenté par deux turbocompresseurs de la déclinaison 580, mais sa puissance sera portée à 603 chevaux, soit 26 de plus que la mouture autrefois offerte. Selon les responsables de son développement, cette livrée permettra d’atteindre les 100 km/h en un peu plus de 4 secondes.
Classe affaires
Comme si le GLS n’était déjà pas suffisamment cossu, Mercedes ajoutera une déclinaison Maybach de ce modèle à partir du printemps prochain. Une première ! Celle-ci se reconnaîtra notamment à sa calandre et à ses ornements distinctifs, à sa carrosserie bicolore (huit combinaisons possibles) et à ses marchepieds rétractables en aluminium anodisé. À l’intérieur (notre photo), les passagers arrière bénéficieront de sièges individuels entièrement modulables qui leur permettront de travailler ou de se détendre. La console (en option) comporte des tablettes pliantes et extensibles, et même un coffre réfrigéré pour mettre au frais des bouteilles de champagne… Les tarifs n’ont pas été communiqués.
Les rivales
BMW X7
Prix : à partir de 94 000 $
À l’heure actuelle, le X7 de BMW est sans doute le rival le plus sérieux du GLS de Mercedes. Plus statutaire encore que le Mercedes en matière de style, le BMW n’offre toutefois pas un volume intérieur aussi vaste que son rival. En outre, les sensations de conduite au volant du GLS sont supérieures avec un confort plus ouaté et des mouvements de caisse mieux contrôlés, notamment en mode « Confort ». En revanche, le moteur six cylindres de BMW apparaît plus véloce et sa boîte automatique mieux étagée.
Lexus LX
Prix : à partir de 113 300 $
Face au GLS, le LX de Lexus peine à soutenir la comparaison et dissimule mal son âge. Lourd et pataud, le LX se fait avaler tout rond par le GLS, plus sophistiqué, plus moderne et – surprise – moins coûteux à acquérir. Le moteur V8 qui l’anime, le seul offert, est sans doute fiable et durable, mais sa consommation laisse songeur (plus de 15 L/100 km). En contrepartie, le LX a le mérite d’offrir une finition extrêmement soignée et surtout une fiabilité à toute épreuve.
Lincoln Navigator
Prix : à partir 95 250 $
Le succès cogne de nouveau aux portes du Navigator. Offert en deux formats (empattement régulier ou long), le Navigator en impose, mais demeure cependant en retrait face au GLS sur le plan de l’espace intérieur. En effet, peu importe la configuration retenue, la troisième rangée de sièges du GLS est la plus confortable. Cela dit, le Navigator se présente comme un huit places, comparativement à sept pour le GLS. En matière de performances, le V6 suralimenté de l’américaine est plus puissant, mais cela ne se traduit pas par de meilleures accélérations ou reprises. En outre, cette mécanique consomme davantage que celle du GLS.
Autres rivales à considérer
Audi Q7
Cadillac Escalade
Infiniti QX80
Genesis QV80
Range Rover
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La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Audi Q3, Ford Explorer, Toyota Highlander et Volkswagen Atlas. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.