Une forme atypique doublée d'un logo évocateur et de la ribambelle d'accessoires qui les accompagne, voilà la Countryman John Cooper Works. Une déclinaison qui vise à redonner de la fraîcheur à la gamme en mettant en exergue non pas tant le style ou le raffinement du modèle que ses performances. Ce qui peut paraître assez surprenant, au moment où la vitesse n'est plus une valeur montante.

Le feu d'artifice promis par la Countryman John Cooper Works (JCW) masque en partie les difficultés de la marque. En effet, depuis quelques mois, Mini se trouve en délicate posture. La gamme vieillit, les usines ne tournent pas à plein régime et la vision de la marque ne semble plus aussi claire qu'avant. D'ailleurs, aux États-Unis (le Canada compte pour si peu, vous savez), on évoque la possibilité d'intégrer les produits Mini aux salles d'exposition de BMW.

Il reste que la Countryman est le véhicule qui se vend le mieux au sein de la gamme. Et Mini veille à la maintenir au mieux de sa forme en lui réservant une attention toute délicate. En effet, elle a été la première à étrenner le rouage à quatre roues motrices (ALL4) et demeure à ce jour - ses dimensions aidant - la seule à proposer une motorisation hybride à prise rechargeable. La déclinaison JCW n'est que la cerise sur le gâteau (d'anniversaire) et permet à la marque d'interpeller une clientèle plus âgée ou plus nostalgique que celle à qui elle destinait ses produits au départ. D'ailleurs, qu'on se le dise, les Mini d'aujourd'hui ne sont plus des modèles purement urbains et populaires comme leurs ancêtres construits de 1959 à 2000, mais des autos raffinées et chères.

Boulotte à l'entraînement

Mini tire donc dans toutes les directions. Et la JCW cible une clientèle bien particulière. Malgré son design un peu ampoulé et tristounet, la Countryman JCW se veut l'héritière d'une lignée qui s'autoproclame, non sans raison, capable de distiller la joie de vivre au volant. En effet, on retrouve immédiatement les joues rouges de son enfance à son volant.

En raison de sa vocation «utilitaire», accéder à bord de la Countryman ne signifie pas de se laisser tomber au fond des sièges. À l'arrière, c'est un peu plus compliqué - l'angle d'ouverture des portes n'a rien d'exceptionnel - , mais la banquette est confortable. Aussi, ses assises coulissent, ce qui permet de fractionner le dossier en trois sections. Le volume du coffre n'a rien de spécial en soi, mais n'a rien à envier à bien des compactes à hayon sur le marché. En revanche, pour un véhicule de ce prix, on se désole d'entendre autant de bruits de caisse.

Dans l'habitacle, on reprend le même ameublement que sur les autres modèles de la gamme. On retrouve donc l'énorme compteur circulaire installé en position centrale et, juste en dessous, une barrette d'interrupteurs à bascule, façon avion, au centre duquel se trouve l'interrupteur de «mise à feu» du moteur. L'ergonomie de certaines commandes paraîtra sans doute déroutante à certains automobilistes, mais contribuera assurément à son charme et à sa distinction. À cet égard, cette Mini propose diverses options de personnalisation, se couvrant à la demande de couleurs extérieures affolantes ou pas. Le catalogue regorge d'accessoires et il faut prendre garde de ne pas y laisser son chèque de paie.

Le sport à basse altitude

Malgré son poids, cette petite boulotte enchaîne les virages avec entrain, ramassée sur son excellent châssis et ses suspensions raffermies, mais pas inconfortables pour autant même avec les pneus optionnels de 19 po.

Campée sur ses grosses roues installées aux quatre coins de la carrosserie, pourvue d'un châssis très rigide et de quelques anges gardiens électroniques pas trop intrusifs, cette Mini, dotée par ailleurs d'une direction à assistance variable bien lestée en son point milieu, se conduit pratiquement comme un kart, pour reprendre l'expression consacrée. La réjouissante maniabilité de cette voiture un peu empesée et qui souffre d'un diamètre de braquage assez élevé pour un véhicule de cette taille s'apprécie dès les premiers tours de roue, sans qu'il soit nécessaire de forcer l'allure.

Un freinage renforcé avec étriers rouges bien visibles, une direction très directe et un moteur de 2 L turbocompressé affûté comme John Cooper lui-même l'aurait fait. Celui-ci ne gagne que 39 ch par rapport à celui de la S classique, mais son couple, plus généreux, et l'absence de temps de réponse lui permettent d'accélérer plus fort et plus vite, passant de 0 à 100 km/h en 6,5 s, contre 7,3 s pour une Countryman S. Des performances en partie attribuables à la boîte automatique à 8 rapports parfaitement adaptée à la courbe de puissance et aux caractéristiques d'une mécanique suralimentée. La boîte manuelle, également offerte, procure plus de plaisir encore et surtout permet de retrancher une vingtaine de kilos au poids du véhicule.

La Mini Countryman JCW a le mérite d'être un des rares véhicules dont le terme «utilitaire sport» est loin d'être usurpé. Mais considérant ses faibles aptitudes en tout-terrain et son volume intérieur, il existe des options plus racées et moins chères.

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FICHE TECHNIQUE

L'essentiel

Marque/Modèle: Mini Countryman JCW

Prix de détail suggéré: 39 790 $

Coût des frais de transport: 2 135 $

Garantie de base: 4 ans/80 000 km

Consommation d'essence: 8,7 L/100 km

Visible dans les concessions: Maintenant

Rivales à surveiller: Subaru WRX, Volkswagen Golf R

Pour en savoir plus: https://www.mini.ca/fr

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Technique

Moteur: L4 DACT 2 litres turbocompressé

Puissance: 228 chevaux à 6 000 tr/min

Couple: 258 lb-pi entre 1 450 et 4 600 tr/min

Poids: 1657 kg (avec boîte automatique)

Rapport poids/puissance: 7,26 kg/ch.

Mode: Intégral

Transmission de série: Manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: Automatique 8 rapports

Diamètre de braquage: 11,4 mètres

Freins (av.-arr.): Disque-disque

Pneus (av.-arr.): 225/50R18

Capacité du réservoir de carburant: 60 litres

Essence recommandée: Super

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On aime

Agilité époustouflante

Boîte automatique rapide

Ergonomie atypique

On aime moins

Les options nombreuses et coûteuses

Qualité de fabrication (bruits de caisse)

Poids et encombrement pas très Mini

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UN PEU D'HISTOIRE

Dès son lancement en 1959, la Mini a marqué l'imaginaire. Petit résumé des faits d'armes d'une voiture qui a su s'imposer en dépit de sa petite taille...

Premiers succès

Forte de ses roues avant motrices et de son encombrement réduit, la Mini ira, peu de temps après sa naissance, briller au rallye Monte-Carlo. Elle décroche une première victoire en 1964 avec Paddy Hopkirk aux commandes. Le pilote Timo Mäkinen et son navigateur Rauno Aaltonen répéteront l'exploit sur le même tracé lors des éditions 1965 et 1967. De quoi peaufiner la réputation d'originalité et de fiabilité de la marque alors soucieuse d'accroître sa notoriété et ses exportations...



Photo fournie par Mini

Une Mini en action au Rallye de Monte-Carlo

Une pionnière

Lancée en 1959, la Mini était, avant sa réincarnation chez BMW, la première véritable citadine avec son moteur en position transversale et ses roues motrices à l'avant. Celle que l'on surnommait affectueusement «bébé Austin» a été parfaitement adaptée à la ville par Sir Alec Issigonis (notre photo), son créateur la voulait ainsi et la Mini se révèlera une auto au confort spartiate, mais drôlement amusante à conduire. Caractéristiques qui s'appliquent encore aujourd'hui à toute la gamme actuelle.

Dans sa forme originale, la Mini sera commercialisée sous plusieurs marques (Morris, Austin, Wolseley, Innocenti) et proposée en une multitude de déclinaisons. Plus de 5 millions d'unités ont été produites avant l'arrêt de la production, le 4 octobre 2000.

Un succès inattendu

John Cooper est à Mini ce que Carlos Abarth est à Fiat: un préparateur mécanique. L'histoire raconte qu'après avoir fait l'essai d'un modèle de série qu'il a jugé «diaboliquement agile et remarquablement équilibré», il a suggéré à la British Motor Corporation (BMC) de concevoir des versions survoltées et de tirer du moteur existant des ressources insoupçonnées. La direction de BMC a donné son aval, mais sans véritablement y croire. Pourtant, dès la première année, BMC a reçu 125 000 commandes pour une version retravaillée par John Cooper alors qu'elle en espérait tout au plus 1000.



Photo fournie par Mini

Sir Alec Issigonis, créateur de la Mini

Un avenir électrique

Pour marquer son 60e anniversaire, la marque présentera la version définitive de son modèle tout électrique jusqu'ici présenté sous une forme conceptuelle. Si l'on fait abstraction de l'éphémère Mini E présentée en 2008 et produite à quelques centaines d'unités, il s'agira donc de la première Mini à propulsion électrique de grande diffusion. Pour l'heure, la direction de Mini ne lâche rien sur la puissance ou encore l'autonomie anticipée de ce nouveau modèle, mais selon certaines sources, la Mini Electric aura beaucoup en commun avec l'actuelle BMW i3.

Photo fournie par Mini

Le modèle tout électrique jusqu'ici présenté sous une forme conceptuelle