Hier encore, l'Outlander était le véhicule que tout le monde trouvait original, mais pour lequel peu de gens passaient commande. Cette année, son constructeur revient à des valeurs plus sûres dans l'espoir que celles-ci répondent - enfin - aux aspirations des consommateurs. On en doute.

Pour tout vous dire, ce nouvel Outlander me laisse perplexe. De coutume, un constructeur qui cherche à se démarquer dans un segment hyper encombré - comme celui où cette Mitsubishi évolue - adopte une stratégie de renouvellement audacieuse dans l'espoir de quitter le ventre mou du peloton. Mitsubishi a emprunté cette voie avec la génération précédente. Sans succès. Voilà ce qui explique sans doute l'approche étonnamment conservatrice, pour ne pas écrire frileuse, de cette mouture 2014.

D'abord, la signature esthétique de la marque, un peu mièvre, si vous voulez mon avis. Par rapport au modèle qu'il remplace, cet Outlander manque de charisme et de singularité, deux attributs que la marque japonaise cultivait jalousement par le passé. Ensuite, d'un point de vue mécanique, le constructeur dont l'insigne se compose de trois diamants observe un étrange statu quo puisqu'il reconduit essentiellement les mêmes mécaniques quatre et six cylindres. Cette dernière représente par ailleurs le choix de 70% des acheteurs. Elle conserve la même cylindrée (3 L), mais délivre cependant légèrement moins de puissance dans le but d'améliorer ses performances à la pompe. Pour entraîner ses - quatre - roues motrices, l'Outlander V6 retient exclusivement les services d'une boîte semi- automatique à six rapports dont la sélection se fait manuellement sur de magnifiques palettes au volant.

Le rendement de ce groupe motopropulseur ne s'attire ni louange ni critique particulière. Il se contente d'exécuter correctement et avec douceur son travail, sans plus. La concurrence offre des mécaniques tantôt plus véloces, tantôt plus sobres que celle proposée par ce Mitsubishi. D'ailleurs, on se demande pourquoi la marque n'a pas songé à lui greffer en lieu et place le moteur de l'Evo, techniquement plus moderne et, surtout, plus en phase avec l'image de ce constructeur. Et un coup parti, pourquoi ne pas retenir une boîte de vitesses moins étourdie que celle qui se retrouve actuellement à bord de l'Outlander. Manifestement soucieuse de réduire la consommation, la gestion de cette transmission "chasse" continuellement le rapport le plus efficace et peine à le trouver. On peut se demander si la version quatre cylindres ne ferait pas mieux. Faute de l'avoir essayée, réservons notre jugement.

Légèrement moins puissant, l'Outlander est également un peu moins lourd que son prédécesseur. L'utilisation d'acier haute résistance, notamment, a permis d'alléger ce véhicule d'une centaine de kilogrammes, ce qui en fait l'un des plus légers de son créneau. Bien vu. Cela a très peu d'incidence sur les performances pures, mais contribue d'une manière plus importante aux qualités dynamiques de son châssis. D'ailleurs, cet Outlander figure parmi les plus agréables à conduire de sa catégorie. L'assistance électrique de sa direction est correctement dosée. En prime, le diamètre de braquage est étonnamment court, ce qui facilite grandement les manoeuvres dans les espaces réduits.

Dans sa configuration GT, la plus aboutie, l'Outlander adopte l'un des rouages à quatre roues motrices les plus sophistiqués et performants de l'industrie. Commercialisé sous le nom de S-AWC, celui-ci permet de le configurer du bout des doigts en fonction de la surface du terrain et ainsi tirer le maximum de cette précieuse aide à la conduite. Un qualificatif que l'on ne peut malheureusement attribuer aux autres anges gardiens qui se trouvent intégrés à l'électronique de ce véhicule. On pense notamment à l'avertisseur de changement de voie dont le timbre sonore est aussi agaçant que celui d'un réveille-matin. Par chance, il est possible de le débrancher en appuyant sur un bouton plaqué au tableau de bord (photo).

Sur une note plus positive, on retient la qualité de l'amortissement et surtout, l'insonorisation de l'habitacle, nettement supérieure à celle de l'ancien modèle.

Sans risque

Le nouvel Outlander conserve sensiblement les mêmes dimensions que son prédécesseur. La troisième rangée de sièges offre un dégagement accru, mais demeure néanmoins taillée (et accessible) exclusivement pour des enfants en bas âge. En d'autres mots, elle ne présente aucun intérêt. Mieux vaut l'escamoter et profiter de cet espace pour accroître le volume du coffre. Ce faisant, il faut cependant retirer les appuie-tête et les ranger dans un réceptacle prévu à cet effet sous le plancher.

Contrairement au modèle précédent, le coffre est accessible par un hayon construit d'une seule pièce. Peut-être pas aussi pratique aux yeux des amateurs de tailgate parties, cet ouvrant classique réduit la complexité d'assemblage du véhicule et offre une meilleure durabilité.

Les places arrière s'avèrent spacieuses et modulables - il est possible d'incliner les dossiers et de faire coulisser les assises sur des rails. Naturellement, il est également possible de condamner en tout ou en partie ces places pour augmenter encore l'espace de chargement.

À l'image des lignes extérieures, la présentation intérieure ne casse rien sur le plan du design. Encore une fois, l'audace qui caractérisait Mitsubishi dans ce domaine a totalement disparu. En revanche, saluons la qualité d'assemblage et la diversité des matériaux employés pour la confection de l'aménagement de l'habitacle. De bonnes notes également aux espaces de rangement ainsi qu'à l'ergonomie des principales commandes. On note, par exemple, la colonne de direction qui se déplace désormais sur deux axes et la plus grande proximité du levier de vitesses.

Jusqu'ici, l'Outlander n'a pas su créer le déclic auprès des consommateurs. Et tout laisse croire que cette nouvelle génération aura autant de mal. Il s'agit pourtant d'un multisegment honnête offrant de surcroît une garantie généreuse. L'ennui est qu'il ne brille en rien.

L'essentiel

> Fourchette de prix : 25 998 $ à 35 998 $

> Garantie de base : 5 ans/100 000 km

> Consommation réelle : 10,9 L/100 km

> Chez les concessionnaires : Maintenant

> Pour en savoir plus : www.mitsubishimotors.ca

Technique

> Moteur (essence) : V6 SACT 3 litres

> Puissance : 227 ch à 6250 tr/min

> Couple : 215 lb-pi à 3750 tr/min

> Poids : 1620 kg

> Rapport poids-puissance : 7,13 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Semi-automatique 6 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/10,6

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 225/55R18

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 60 litres/Super

On aime

> Amélioration de la qualité d'assemblage

> Perfectionnement du rouage intégral (S-AWC)

> Comportement sans histoire

On aime moins

> Les compromis entourant la 3e rangée de sièges

> Le côté frileux de cette refonte

> Le rendement effacé du V6