À lui seul, le Kicks a permis jusqu'ici à Nissan de doubler ses ventes de VUS en Amérique latine, mais aussi de réaliser une solide percée des marchés mexicains et chinois. Moins déjanté que ne l'était le Juke dont il assure la descendance, le Kicks reflète les valeurs très rationnelles de l'automobile, ce qui ne saura déplaire à deux types d'acheteurs distincts: les pragmatiques et les consommateurs financièrement contraints. Et ça risque de très bien fonctionner.

Fruit d'une collaboration entre les équipes brésilienne, américaine et japonaise de Nissan, le Kicks a des ambitions planétaires. Pour nous en convaincre, Nissan a adroitement fait la promotion de sa recrue à la face du monde lors des Jeux olympiques de Rio 2016, en lui décrochant le titre de véhicule officiel. Une belle carte de visite avant d'amorcer sa tournée de quelque 80 pays, dont le Canada.

Assemblé dans de modernes installations au Brésil, le Kicks puise dans l'immense entrepôt de pièces du conglomérat franco-japonais (Nissan-Renault-Mitsubishi) pour se confectionner une fiche technique moderne, mais pas trop. Ainsi, pour maintenir au plus bas le prix de revient, le Kicks retient les services d'un quatre-cylindres de 1,6 L atmosphérique de 125 ch, une évolution d'une mécanique Renault conçue au début des années 2000. Alimenté par un système d'injection multipoint des plus traditionnels et pauvrement vêtu (pas même un chapeau pour couvrir sa culasse de tête), ce 1,6 L s'aimante à une boîte automatique à variation continue (CVT). Une idée fixe de Nissan depuis déjà « trop longtemps », diront les mauvaises langues, mais qui permet à tout le moins d'atteindre les objectifs fixés.

«Circulez, y'a rien à voir»

Comme le titre de cette comédie française où figuraient au générique Jane Birkin, Michel Blanc et Jacques Villeret, on ne s'attarde pas trop longtemps sur la fiche technique de ce VUS urbain. Comme le groupe motopropulseur, le châssis n'a pas de secret, lui non plus. Il s'agit d'une évolution de l'architecture V, similaire à celle que l'on trouve sur l'actuelle Nissan Versa Note, à laquelle se boulonnent des éléments suspenseurs classiques. Aux extrémités de ceux-ci, on trouve des freins à disque à l'avant et à tambours à l'arrière. Rien de bien compliqué, ce qui devrait se traduire par des entretiens simples et pas trop onéreux. Côté sécurité, on ne sait pas encore combien d'étoiles la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) collera à son cahier. En revanche, on sait que le Kicks est équipé, de série, du freinage automatique d'urgence et peut, sur les déclinaisons les plus chères, notamment recevoir des capteurs d'angles morts ou encore des caméras périphériques.

S'il y a un élément sur lequel le Kicks prend un peu tout le monde par surprise, c'est son poids plume. Celui-ci a un effet plutôt étonnant sur les performances du moteur dont la puissance semblait, sur papier à tout le moins, nettement insuffisante.

Le Kicks ne traîne pas aux coins des rues et fait preuve d'une certaine vélocité (pour un véhicule de cette catégorie, s'entend) pour s'arracher de sa position statique.

La sensibilité de la pédale d'accélérateur conjuguée à la célérité de la boîte CVT concourt à donner cette impression. Le verdict du chronomètre dissipe ce ressenti. Le Kicks met un peu plus de 9 secondes pour atteindre les 100 km/h et les reprises nécessitent une bonne dose d'anticipation. Les chiffres de consommation sont plus enthousiasmants, et en dépit d'une carrosserie pas aussi fluide qu'elle ne le laisse paraître (Cx de 0,34), le Kicks consomme peu.

Le Kicks s'avère fort à l'aise en milieu urbain. Il vire court, se gare aisément et, pour peu que la chaussée soit lisse, ne se déhanche pas trop sur les trous, les bosses, voire les gros joints d'expansion. Sur les voies rapides, le bilan est un peu moins convaincant. Si appréciée en ville, la douceur de la direction devient alors un peu trop légère, surtout lorsque le vent souffle latéralement sur ses tôles. La tenue de route est honnête, ne réserve guère de surprises (bonnes ou mauvaises), et le train avant n'est pas des plus incisifs dans les virages. À noter que le Kicks n'offre qu'un mode d'entraînement: traction. Pour plusieurs consommateurs, cela suffit largement, comme en fait foi le succès commercial jusqu'ici remporté par le Soul de Kia, son plus proche concurrent.

Plus long que large

Des trois déclinaisons de ce modèle, la SV apparaît comme la plus homogène au chapitre du rapport qualité-prix. Lorsque l'on monte à bord, la qualité de fabrication et les matériaux utilisés ne sont pas (tous) en cause, mais il faut bien admettre que l'ambiance n'est pas très folichonne. Rien à redire pour ce qui est de la visibilité, du confort des sièges avant (le revêtement en similicuir de la SR respire mal) et de la position de conduite qui, légèrement surélevée, n'engendre pas de fatigue particulière sur les longs trajets. Le bloc d'instrumentation est minimaliste, mais il a le mérite d'être lisible et facile à consulter.

Sans surprise, l'insonorisation du Kicks est loin d'être optimale et la présence de haut-parleurs Bose dans l'appuie-tête de la version SR n'y change rien. Le Kicks est bruyant et sur un parcours autoroutier, il faut élever la voix pour se faire entendre de son voisin.

Le Kicks accueille quatre occupants sans difficulté en leur offrant une hauteur sous pavillon de premier ordre et beaucoup de dégagement au niveau des jambes et des genoux. En revanche, l'étroitesse de la caisse peut gêner certaines personnes, et pas forcément les plus corpulentes. Quant au coffre, facile d'accès, il défie celui de bien des concurrents au chapitre du volume. Dommage, quand même, que la banquette arrière ne se rabatte pas complètement à plat, comme sur un HR-V (Honda), par exemple.

Franchement, pourquoi dépenser plus? Voilà la petite musique que susurre ce VUS sans chichis qui va faire de l'ombre à une concurrence pas toujours plus talentueuse.

Celle-ci ne se gêne pourtant pas pour exiger le gros prix pour des véhicules qui, en dépit de leur rouage intégral, craignent de sortir des sentiers battus ou encore affichent «complet» à la vue de quelques valises. Un peu d'humilité! En revanche, à moins de vouloir à tout prix suivre la tendance, une compacte à hayon propose parfois beaucoup mieux que ces pseudo-utilitaires.

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Fiche technique

L'ESSENTIEL

Marque/modèle: Nissan Kicks

Fourchette de prix: de 17 998 $ à 22 798 $

Frais de transport et de préparation: 1795 $

Garantie de base: 36 mois/60 000 km

Consommation réelle: 7,4 L/100 km

Chez les concessionnaires: maintenant

Concurrentes: Ford EcoSport, Kia Soul, Toyota C-HR

Pour en savoir plus: www.nissan.ca

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TECHNIQUE

Moteur: L4 DACT 1,6 L atmosphérique

Puissance: 125 ch à 5800 tr/min

Couple: 115 lb-pi à 4000 tr/min

Poids: 1215 kg

Rapport poids/puissance: 9,72 kg/ch

Mode: traction

Transmission de série: automatique (CVT)

Transmission optionnelle: aucune

Diamètre de braquage: 10,3 m

Freins (av.-arr.): disque-tambour

Pneus (av.-arr.): 205/60R16 (SV et SR : 205/55R17)

Capacité du réservoir: 41 L

Essence recommandée: ordinaire

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ON AIME

Tarifs attrayants

Places arrière spacieuses

Rapport poids/puissance étonnant

ON AIME MOINS

Niveau sonore élevé

Suspension sautillante

Finition légère