On a beaucoup, beaucoup parlé de la voiture volante au cours des dernières semaines, notamment avec le passage de la Terrafugia Transition au salon de l'auto de New York. Mais le rêve un peu fou de faire voler l'auto ne date pas d'hier.

L'industrie de l'automobile et celle de l'aviation sont nées sensiblement à la même époque. On aurait pu penser qu'elles auraient généré un produit commun. Ce ne fut évidemment pas le cas. En fait, à peine quelques prototypes de voitures volantes ont été créés depuis le début du siècle dernier.

Le premier de ces prototypes aurait très bien pu être l'Autoplane tout aluminium du légendaire constructeur d'avion américain Glenn Curtiss, dessinée en 1917. Toutefois, cette tentative de voiture volante n'a jamais quitté le sol sauf pour quelques petits bonds, sans suite.

S'ensuivirent quelques essais peu fructueux, dont le plus sérieux aurait pu être le Convair 103 développé par l'inventeur américain George Spratt, en collaboration avec l'ingénieur automobile et aéronautique William Stout. L'auto, la Spratt-Stout 8 (1944) possédait une aile détachable qui transformait l'appareil en voiture. Malgré certains vols réussis, l'idée est demeurée au stade de prototype.

L'après-guerre, une ère plus fructueuse

C'est après la Deuxième Guerre mondiale que l'idée de l'auto volante a vraiment pris son envol.

Stout a tenté sa chance une nouvelle fois, en acceptant le prototype de Theodore Hall, la HFC (Hall Flying Car). La machine a été révisée et rebaptisée Convair 116.

Entre-temps, l'Américain Robert Fulton, lointain parent de l'inventeur du moteur à vapeur, a pensé adapter un avion à la route plutôt que de créer une auto qui pourrait voler. Son Airphibian a été la première voiture volante certifiée par la Civil Aeronautics Administration, prédécesseur de la Federal Aviation Administration (FAA). Bien que le projet ait pu sembler viable grâce au moteur à six cylindres de 150 chevaux qui permettait à l'Airphibian de voler à 195 km/h et de rouler à 90 km/h, Fulton n'a jamais trouvé d'investisseur pour la production de son engin.

Mauvais départ

La société Convair est revenu à la charge et a créé la Convair Car, probablement une des autos-volantes les plus reconnaissables de l'histoire. Celle-ci avait vraiment l'aspect d'une voiture sur laquelle on avait installé un module de vol incluant un moteur Lycoming de 190 chevaux. Testé dès 1947, le véhicule dont la partie automobile était mue par un petit moteur Crosley, devait être proposé en location dans des aérodromes. Malheureusement, un des prototypes s'est écrasé, ce qui a refroidi l'ardeur des investisseurs.

Quelques années plus tard, l'Aerocar de Molt Taylor aurait pu enfin réussir l'exploit. Celui-ci voulait améliorer l'Airphibian, une autre petite auto avec des ailes rétractables. Il a construit six exemplaires de son Aerocar et il reçu sa certification de vol en 1956. Molt Taylor a réussi à convaincre des investisseurs de la viabilité de son projet, mais ceux-ci ont imposé 500 commandes fermes, pour la création de l'entreprise. Évidemment, Taylor ne pouvait remplir cette condition et il a dû abandonner le projet. Ironiquement, au moins un Aerocar vole toujours aujourd'hui.

Photo fournie par Fulton Airphibian

L'Airphibian a été dévoilée en 1946. Moins d'une douzaine de ces autos ont été construites.

Photo fournie par le musée Smithsonian National Air and Space

Cette photo du Smithsonian National Air and Space Museum de Washington est une des seules de la Convair Car.

Au Canada, la société aéronautique Avro a développé pour les militaires canadiens et britanniques un prototype, l'Avrocar. Mais ce qui ressemblait plus à une motocyclette volante a été abandonné vers 1960.

Au début des années 70, la compagnie californienne Advanced Vehicle Engineers (AVE) a eu la brillante idée de modifier une Ford Pinto en y greffant un module «ailes et moteur» provenant d'un avion Cessna Skymaster. L'idée a intéressé plus d'un investisseur, mais, encore une fois, le 11 septembre 1973, le destin a frappé. Le prototype mal assemblé a perdu une aile en vol et s'est écrasé, tuant le pilote et l'inventeur Henry Smolinski.

Aujourd'hui, un autre Américain, Paul Moller, développe un principe différent d'auto volante. La M400 Skycar, complètement contrôlée par ordinateur, peut décoller et atterrir à la verticale. Cependant, la Skycar tient plus de l'avion que de l'auto. Enfin, la compagnie Terrafugia (Fuir la terre) fondée en 2006 est sur le point d'offrir sa Transition, une voiture à deux places dont les ailes se replient contre la carrosserie. Il faut même un permis de pilote pour la conduire, mais il semble que ce ne sera pas demain que le ciel grouillera de voitures volantes...

Photo USAF National Museum

À la fin des années 50, le constructeur aéronautique canadien Avro avait créé l'Avrocar, une sorte de monoplace volante.