À l'honneur au salon de Genève, les voitures de luxe misent toujours sur les mêmes recettes, des motorisations ultra-puissantes et des vitesses record, même si de nouvelles orientations font timidement leur apparition.

La guerre des chevaux a encore de beaux jours devant elle, à en croire les modèles dévoilés en Suisse à la presse mardi, et au public à partir de jeudi et jusqu'au 17 mars. Pour ses 50 ans, l'italien Lamborghini a exposé son modèle Veneno, un nom qui annonce d'emblée le caractère guerrier de la voiture. Avec ses 750 chevaux sous le capot mais aussi son prix, elle a de quoi faire tourner les têtes. Produit en trois exemplaires, ce concentré de technologie a déjà été vendu à un prix unitaire étourdissant: 3 millions d'euros (4 millions $) hors taxes. Avec des pointes à 355 km/h, il s'agit de la voiture la plus rapide jamais construite par la marque sans être une voiture de compétition, soutient son président, Stephan Winklemann.

Autre grande attraction du salon, la nouvelle folie de Ferrari (groupe Fiat); baptisée tout simplement LaFerrari, cette supervoiture vole sans effort la vedette aux autres modèles de la marque présents à Genève. Pour l'approcher, la patience est le maître mot, tant elle intrigue. Cette héritière de l'Enzo attrape l'oeil avec son rouge éclatant, et le coeur des amateurs de vitesse avec sa promesse de passer de 0 à 200 km/h en moins de 8,5 secondes.

Elle est équipée d'un moteur électrique qui, couplé au moteur thermique de 12 cylindres, lui permet d'atteindre 963 chevaux sur une courte distance. Ses 499 exemplaires ont déjà trouvé preneurs, à plus d'un million d'euros l'unité (1 340 000$) , hors taxes toujours.

Sa grande rivale se nomme P1. Le modèle jaune à portes papillon construit par le britannique McLaren, vendu au même tarif, ne sera fabriqué qu'en 375 exemplaires. Lui aussi dispose de deux moteurs, qui le dotent de 916 chevaux.

Symbole du raffinement, Rolls-Royce (groupe BMW) propose un nouveau coupé quatre places, la Wraith. Avec ses 633 chevaux, il n'oublie pas les performances sportives et se pose clairement en concurrent de la Bentley Continental GT. D'après le fabricant, la Wraith est le modèle le plus puissant jamais sorti de ses usines. Ses courbes généreuses sont associées à un habitacle grand confort et à des équipements technologique dernier cri. Elle sera commercialisée en Europe en fin d'année, pour 245 000 euros (328 000$).

En face, Bentley montre la nouvelle version de sa Flying Spur, présentée comme le modèle à quatre portes le plus rapide de l'histoire du constructeur (625 chevaux). Cette berline racée, habillée d'une peinture dorée sur le salon, sera lancée prochainement à un prix légèrement inférieur à 200 000 euros (268 000$).

Porté par la croissance du marché américain et par le fort dynamisme en Asie, le segment du luxe a bien résisté à la crise l'an dernier, et continue de communiquer en terme de superlatifs.

«Dans le superluxe, il y a toujours une tendance à essayer d'atteindre de nouveaux records», explique Stefan Bratzel, spécialiste automobile allemand.

«La course à la puissance n'est toujours pas terminée» chez Ferrari et consorts, s'accorde à dire Bertrand Rakoto, analyste chez Polk.

Certains tentent toutefois d'innover en élargissant leur portefeuille de produits, promesse de revenus supplémentaires. À l'instar de l'allemand Porsche, dont le modèle Cayenne a donné un coup de fouet aux ventes de la marque, plusieurs fabricants de voitures de luxe comptent partir à l'assaut de nouveaux types de modèles, en particulier celui - prometteur - des véhicules utilitaires sport. Ainsi, Bentley espère en lancer un en 2015 et Lamborghini d'ici 2017. Tous deux attendent le feu vert de leur maison mère, l'empire Volkswagen. Rolls-Royce réfléchit aussi à cette option et Maserati (groupe Fiat) prévoit un VUS citadin ainsi qu'une petite berline pour multiplier ses ventes par huit d'ici 2015.