Ingénieux et provocant, le RAM est parvenu non seulement à dynamiser un segment fossilisé, mais surtout à séduire ceux qui avaient juré fidélité au duo Silverado/Sierra de GM et F-150 de Ford. Les ventes de RAM lui permettent aujourd'hui d'accaparer près de 30 % du marché. Avec cette cinquième génération, FCA (Fiat-Chrysler Automobiles) mise sur ses acquis innovants, mais aussi sur l'électrification partielle de ses motorisations.

Un jour ou l'autre, tout le monde a rêvé d'avoir un « beau gros pick-up ». Pour déménager fiston, pour emporter cet encombrant sofa entrevu dans une brocante, mettre l'embarcation du voisin à l'eau ou atteindre le camp retranché dont vous seul connaissez le nom. 

La camionnette est d'un précieux secours. Mais de là à la retrouver tous les jours au pied de sa porte...

Outre ses capacités de chargement et les multiples services qu'il peut rendre, ce sont les sensations presque « camionnesques » éprouvées à son volant qui font aussi le charme du « pick-up ». S'installer à bord de ce véhicule directement issu de l'univers des utilitaires, voire des chariots tirés par des chevaux, s'inscrit à l'exact opposé de l'expérience de conduite trop neutre que proposent la plupart des véhicules modernes.

Voyou branché, costaud et confo

S'il y a longtemps que vous n'avez pas posé les fesses à bord d'une camionnette, sachez que le RAM - cela vaut aussi pour ses concurrents - a été conçu selon le principe du dédoublement de personnalité. 

Son aspect un peu voyou force le trait : grosses roues, museau frondeur (Rebel) ou gracieux (Limited) rehaussé parfois par des accessoires faussement agressifs.

En contrepoint, son côté « branché » est mis en exergue par les jantes en aluminium et par le nickelé de ses garnitures.

Au gré des accessoires, le plateau arrière, qui peut transporter plus de 1000 kg de charge, peut se dissimuler sous une élégante bâche noire que les nostalgiques des roadsters anglais appellent « tonneau cover ». Et que dire aussi de ces pratiques réceptacles verrouillables, aussi appelés « RAM Box », taillés dans les parois longitudinales de la benne et dans lesquels on peut aller jusqu'à déposer de la glace (un robinet dans la partie inférieure permet de tout vidanger) pour refroidir ses boissons favorites ?

Le RAM 1500 déborde d'astuces de ce genre.

Trop de choix c'est comme pas assez

Cela nous amène à aborder un aspect fâcheux ou amusant, c'est selon, de ce genre de véhicule : la qualité du représentant. À moins de compter sur l'expertise d'un bon conseiller, l'achat d'un RAM se révèle, comme pour toutes les autres camionnettes, une expérience pour le moins étourdissante. 

D'abord, le type de cabine ?

Laquelle des sept déclinaisons ?

La dimension de la benne ?

Deux ou quatre roues motrices ?

La cylindrée ?

Le rapport de pont ?

Et ce n'est pas tout. Il y a une liste d'accessoires longue comme ça à parcourir, allant de la taille de l'écran d'infodivertissement au revêtement des sièges. Deux heures de plaisir... Bref, de deux choses l'une : ou bien vous prenez l'un des RAM que le concessionnaire a en stock, ou bien vous vous accordez tout l'été pour réfléchir.

Un pickup civilisé, quand même...

Cela dit, peu importe la déclinaison ou le niveau d'équipements, l'histoire retient que cette camionnette a été la première à ouvrir tout grand ses portes à l'ergonomie, science qui naguère effrayait certains esprits étroits voyant en elle une machination susceptible d'émasculer l'apparente robustesse de leur véhicule. 

Cette mouture fait honneur à ses ancêtres. Les commandes sont tout à fait accessibles et l'instrumentation complète. La présentation d'ensemble ne manque pas de fraîcheur et de luminosité. La colonne de direction est réglable dans tous les sens (hauteur et profondeur) et le pédalier ajustable (en option) facilite la recherche d'une position de conduite agréable. L'écran central tactile, qui peut atteindre 12 pouces, est remarquablement intuitif et propose les connectivités les plus avancées et une série de prises auxiliaires (115V, USB et type C).

Pour améliorer sa compétitivité face à la concurrence, le nouveau 1500 soigne son aérodynamique, perd du poids.

Hybridation légère

La puissance de ses propulseurs (V6 et V8) a aussi été augmentée en leur greffant un petit moteur électrique 48 V (qui sert aussi de générateur et de démarreur) et une batterie 48 volts au lithium-ion. 

C'est une forme d'hybridation légère que RAM appelle e-Torque. Elle permet notamment d'augmenter sur une courte période le couple du moteur, en plus de rendre plus fluides les transitions démarrage et arrêt du dispositif de coupure automatique, destiné à réduire la consommation et les émanations polluantes.

Et pour répondre à la question que vous vous posez sans doute, le gouvernement du Québec n'accorde aucune subvention.

Aussi curieux que cela puisse paraître (voir l'encadré à la fin), les acheteurs de RAM 1500 privilégient le V8 5,7 litres plutôt que le V6. La consommation affichée (et obtenue) lors de cet essai a été réalisée avec le V8 dépourvu de l'e-Torque. Ce moteur que tous les sympathisants de la marque connaissent par coeur étonne toujours par sa souplesse et sa vivacité à bas régime.

Un bestiau gros mais agile

Le RAM se révèle d'une étonnante agilité, et ce, malgré son extraordinaire encombrement (la bête fait près de 6000 mm de long). Il est aussi étonnamment confortable grâce à la suspension pneumatique qui parvient, même lorsque la benne est vide, à lisser plutôt habilement les imperfections et les joints de dilatation sans que le train arrière réalise le grand écart chaque fois. 

Ce n'est pas parfait, loin de là, mais puisque le cahier des charges de ce genre de véhicules prévoit de rééditer le cas échéant les douze travaux d'Hercule, il y a un compromis à faire. D'ailleurs, à ce sujet, le renouvellement du RAM a permis de revoir à la hausse sa capacité de charge. Ainsi, dans sa configuration ultime, il peut tracter une charge de 5783 kg, une hausse de 20 % par rapport à la génération antérieure.

Sur une route bien dégagée, la tenue de cap est assez imprécise, à cause d'une direction parfaitement assistée, mais un peu « flottante », et d'un centre de gravité passablement élevé. En matière de confort, soulignons l'insonorisation très poussée de ce véhicule, notamment dans ses déclinaisons les plus luxueuses, qui bénéficie notamment des glaces plus épaisses et d'un dispositif d'annulation active du bruit.

Un paquebot sur l'asphalte

Sur un parcours urbain, ce RAM est aussi à l'aise qu'un poisson rouge dans une flûte de champagne. Le rayon de braquage très large rend les manoeuvres particulièrement laborieuses, en dépit d'une direction légère qui veille à masquer habilement le poids de ce véhicule. Son encombrement extraordinaire ne facilite pas les choses non plus. 

Histoire de rendre l'expérience plus agréable, un assistant au stationnement s'ajoute à la liste des caractéristiques de ce modèle, qui compte pas moins d'une centaine d'aides à la conduite et de dispositifs de sécurité allant du régulateur de vitesse intelligent aux caméras périphériques, en passant par les phares directionnels - vous savez, ceux qui éclairent « dans les coins ». 

Et vous qui pensiez que les camionnettes étaient rustiques... Au prix demandé pour la mieux équipée, cela aurait été un comble.

Exclusivité canadienne

Aujourd'hui plus qu'hier, le renouvellement du RAM 1500 représente une opération délicate pour Fiat Chrysler Automobiles (FCA). La rentabilité de cette dernière repose en effet beaucoup sur cette filiale qui, à ce jour, représente à elle seule 39 % des ventes totales du groupe au Canada. Dès lors, on peut aisément comprendre pourquoi la mise à jour du 1500 en est une évolution plus que révolutionnaire. Les ingénieurs chargés de le concevoir ont davantage veillé à bonifier ses attributs existants et visiblement appréciés de la clientèle. Le succès rend frileux, vous savez ! Soucieuse de se démarquer de nos voisins de Sud, la filiale canadienne de FCA propose une déclinaison Sport (notre photo) exclusive à notre marché, laquelle représente le quart des ventes de RAM 1500 au pays. Ce modèle distinctif (par ses teintes et ses équipements) intègre, de l'aveu de ses concepteurs, les attributs les plus recherchés des consommateurs. Le coût d'entrée est fixé à 56 595 $, mais mine de rien, vous pouvez additionner 20 000 autres dollars juste en accessoires.

Note de la rédaction : les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par FCA Canada.

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME



Sage évolution

Assistant hybride e-Torque offert

Suspension pneumatique

ON AIME MOINS



Prix et nomenclature à donner le tournis

Loisir ou travail ? Travail

Consommation encore importante

La facture

Marque/modèle : RAM 1500

Fourchette de prix : de 40 095 $ à 70 595 $

Coût des frais de transport et de préparation : 1895 $

Garantie de base : 36 mois/60 000 km

Consommation réelle : 13,6 L/100 km (V8 5,7 litres)

Visible dans les concessions : maintenant

Concurrentes à surveiller : Chevrolet Silverado, Ford F-150, Nissan Titan

Pour en savoir plus : www.ramtruck.ca

Fiche technique

MOTEUR V6

Cylindrée : 3,6 litres

Puissance : 305 ch à 6400 tr/min

Couple : 269 lb-pi à 4800 tr/min

Poids : 2263 kg (Quad Cab 4 x 4 benne de 6,4 pieds)

Rapport poids/puissance : 7,41 kg/ch

Mode : 4 x 2 (propulsion), 4 x 4 (rouage intégral)

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 14,1 mètres (pneus 18 pouces)

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 275/65R18

Capacité du réservoir : 87 litres (de série)

Essence recommandée : ordinaire (87 octane)

Capacité de remorquage maximale : 3515 kg 



MOTEUR V8


Cyindrée : 5,7 litres

Puissance : 395 ch à 5600 tr/min

Couple : 410 lb-pi à 3950 tr/min

Poids : 2373 kg (Quad Cab 4 x 4, benne 6,4 pieds)

Rapport poids/puissance : 6 kg/ch

Mode : 4 x 2 (propulsion), 4 x 4 (rouage intégral)

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 14,1 mètres (pneus 18 pouces)

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 275/65R18

Capacité du réservoir : 87 litres (de série)

Essence recommandée : intermédiaire (89 octane)

Capacité de remorquage maximale : 5783 kg