Tout le monde n'a-t-il pas droit à une seconde chance? Scion, discrète et jeune filiale de Toyota, propose, avec l'iM, un véhicule destiné à la grande diffusion. En effet, d'ici la fin de 2016, la marque estime que ce seul modèle représentera 59% de ses ventes.

La direction canadienne de Scion a mis de l'ordre dans ses idées et sa gamme de produits. À l'exception des coupés FR-S et tC, tout le reste est passé à la trappe. Et c'est tant mieux, les Xa, Xb et iQ (vous ne les connaissiez pas?) semblaient toutes les trois échappées d'un dessin animé premier âge.

Scion a aussi substantiellement augmenté ses points de vente et de service. On en compte 50 de plus cette année, ce qui porte le total à 146. Ceux-ci sont toujours jumelés, rappelons-le, aux concessionnaires Toyota.

Officiellement, l'iM ne remplace pas la Matrix au sein du groupe Toyota, mais la direction de Scion estime cependant que sa dernière-née risque de servir de succédané à la polyvalence que lui procure sa carrosserie cinq portes.

Dans le noir



Trop consensuel sans doute, mais pas désagréable à regarder pour autant, l'iM puise son inspiration à gauche et à droite. Plusieurs consommateurs ne manqueront pas de relever des similitudes surtout avec la CT200h de la luxueuse filiale de Toyota, Lexus. Les deux affichent en effet sensiblement les mêmes cotes extérieures, mais l'iM se révèle plus spacieuse pour ses occupants et leurs bagages. Hélas, devant ses concurrentes directes, la Scion se trouve à la traîne dans ces deux domaines. D'ailleurs, il suffit de se glisser sur la banquette arrière pour s'en rendre compte. Le dégagement y est compté.

Le volume du coffre se trouve, lui aussi, en retrait par rapport à ce que propose la concurrence. Le seuil de chargement peu élevé facilite le chargement. On peut également obtenir en un tournemain une grande surface parfaitement plane en lieu et place de la banquette arrière dont les dossiers se rabattent individuellement (60/40). L'iM aurait pu faire mieux et permettre, comme la défunte Matrix, de plier le siège du passager avant afin de se ménager plus d'espace encore pour le transport de longs objets.

Les appliqués «piano noir» contribuent sans doute à enrichir la décoration intérieure, mais ne la rendent pas moins austère pour autant. La finition ne soulève cependant aucune critique et les matériaux utilisés fleurent la qualité. Le bloc d'instruments est clair et lisible et les principales commandes se trouvent à portée des doigts. La position de conduite, plus basse que celle offerte anciennement par la Matrix, est facile à trouver grâce à de nombreux ajustements et à une colonne de direction qui s'articule sur deux axes (profondeur et hauteur).

Vu le prix demandé, l'inventaire de caractéristiques de série apparaît satisfait. Pas la liste des accessoires optionnels, cependant. Elle tient sur quelques lignes à peine et plusieurs «petites douceurs» appréciées des consommateurs n'y figurent carrément pas. On pense notamment aux baquets avant chauffants, à une sellerie de cuir, aux capteurs d'angles morts ou encore à un toit ouvrant.

Dans le but de simplifier sa production et de rendre la prise de commande plus simple pour ses concessionnaires, la direction canadienne de Scion cherchera à transformer ce handicap pour un atout aux yeux de l'acheteur qui n'a à proprement dit que deux choix à faire: la boîte de vitesse et la teinte extérieure. En fait, la seule autre option touche la présence d'un système de navigation (7 po) dont le prix n'avait pas été encore fixé au moment de mettre sous presse.

On s'excite ou pas?



L'iM repose sur une architecture à roues avant motrices avec moteur à l'avant implanté transversalement. Celle-ci provient de la Toyota Auris notamment commercialisée en Europe.

Assemblée au Japon, cette plateforme comporte de très classiques jambes de force de type McPherson à l'avant et une suspension à double triangulation à l'arrière dans le but d'améliorer le comportement dynamique de ce véhicule.

D'une cylindrée de 1,8 L, la motorisation qui l'anime ne comporte aucune avancée technique susceptible de faire trembler la compétition en ce qui a trait à la consommation; et pas assez de chevaux et de couple pour l'inquiéter non plus lorsque le feu passe au vert. Aucun avantage, donc, sur ces deux fronts. Ce 1,8-litre a en revanche le mérite d'avoir atteint un stade de mise au point (et de fiabilité!) difficile à surpasser.

Pas très fougueuse, cette motorisation se trouve liée à une boîte manuelle à six rapports décevante. Commande caoutchouteuse, étagement trop long - classique de nos jours - et embrayage difficile à doser par la faute d'une course trop longue. Mieux vaut dépenser les 825$ exigés et retenir la transmission automatique à variation continue (CVT). Celle-ci compte «sept rapports virtuels» mimant autant que faire se peut le comportement d'une boîte classique avec convertisseur de couple. Dans le cadre d'une utilisation normale, la plupart des automobilistes ne suspecteront pas la présence de cette boîte entraînée par une courroie. Ils la détecteront (ou démasqueront, c'est selon) seulement au moment des accélérations vives. C'est à cette occasion que l'iM fait moins bonne figure et les manoeuvres de dépassement, notamment, exigent une certaine dose d'anticipation. Même en appuyant sur la touche Sport qui l'accompagne. L'autre déception concerne le diamètre de braquage de ce véhicule qui nécessite de s'y prendre à deux fois pour le garer.

Au volant, l'iM est sûre, douce, (très) silencieuse et facile à conduire, mais ne procure pas un agrément de conduite très relevé. La majorité des utilisateurs s'en moqueront sans doute, mais le titre de «sportive» promulgué par la direction de Scion apparaît ici usurpé. Il reste à voir si l'inscription au catalogue de pièces haute performance issues de l'antenne sportive de Toyota (TRD) promises en cours d'année pourra corriger le tir.

D'ici là, l'iM représente néanmoins un choix intéressant pour quiconque recherche un véhicule à la fiabilité éprouvée et offrant une expérience d'achat d'une simplicité désarmante. Grâce à l'appui de la machine commerciale bien huilée de Toyota, aucun doute que l'objectif d'écouler annuellement 4000 unités de l'iM se trouve à la portée de Scion.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Toyota Canada.

L'ESSENTIEL

> Marque/Modèle: Scion iM

> Fourchette de prix: 21 165 $ à 21 990 $

> Frais de transport: 1690 $

> Garantie de base: 3 ans/60 000 km

> Consommation réelle: 8,9 L/100 km

> Pour en savoir plus: www.scion.ca

TECHNIQUE



> Moteur (essence): L4 DACT 1,8 litre

> Puissance: 137 ch à 6100 tr/min

> Couple: 126 lb-pi à 4100 tr/min

> Poids: 1375 kg (version automatique)

> Rapport poids-puissance: 10,03 kg/ch

> Mode: Traction

> Transmission de série: Manuelle 6 rapports

> Transmission optionnelle: Automatique à variation continue (CVT)

> Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/11,4

> Freins av-arr: Disque/Disque

> Pneus (av-arr): 245/45R17

> Capacité du réservoir/Essence recommandée: 53/Ordinaire

ON AIME



> Sérieux de la construction

> Comportement rassurant

> CVT agréable

ON AIME MOINS



> Embrayage épuisant (manuelle)

> Personnalisation restreinte

> Performances lymphatiques