« Véhicules d'ingénieurs » avec tout ce que cela peut avoir d'avantages (performances, technicité) et d'inconvénients (manque d'originalité, difficultés à saisir les phénomènes de mode), les Subaru ne jouent pas sur le même registre que les véhicules des autres marques. Moteur à plat et rouage intégral à prise permanente, notamment, les distinguent du lot.

Le Forester jouit d'une formidable rente de situation. La nouvelle version de cet utilitaire qui apparaîtra dans les prochaines semaines ne constituera que la cinquième évolution d'un modèle apparu il y a 20 ans. Rares sont les produits qui peuvent se permettre un rythme de renouvellement aussi tranquille.

Plus gros qu'avant

Ce train de sénateur participe de la légende de ce véhicule qui ne brille en rien, mais qui se révèle assez homogène en tout. On ne dit pas du Forester qu'il est conservateur, plutôt qu'il trace sa propre voie.

Nul ne saurait donc s'offusquer de découvrir que le style du nouveau Forester s'inspire de celui de ses prédécesseurs. Le Forester n'a toujours rien d'une gravure de mode. Plus massif qu'il n'a jamais été, sa silhouette vise avant tout à être rassurante plus qu'à être distrayante. À l'exception de la hauteur, toutes les dimensions extérieures ont été revues à la hausse. La garde au sol, l'une des meilleures du segment, demeure, elle, intacte à 220 mm.

Sous ces dehors un peu raides se dissimulent de profonds changements. Face à une concurrence qui ne cesse de grandir, le Forester avait-il d'autres choix que de faire de même ? Non. 

Mis en chantier sur la plateforme globale du constructeur japonais, le Forester nouveau ne présente pas de réelles surprises au chapitre du comportement. Moins balourd que l'Ascent, mais moins dynamique que le Crosstrek. Voilà en une phrase toute simple le positionnement de ce Forester au sein de la gamme.

Cet « entre-deux » reste plutôt décevant et concourt assurément à la personnalité plutôt mièvre de ce véhicule. L'agilité des moutures précédentes a pratiquement disparu, à notre grand regret. Cela dit, le Forester gagne des points dans d'autres domaines. Son architecture beaucoup plus rigide que la précédente lui assure une plus grande stabilité et un confort acoustique (surtout aux places arrière) nettement supérieurs. En outre, les éléments suspenseurs encaissent avec plus d'aplomb les imperfections de la chaussée.

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Idéal pour respecter les limites de vitesse

Sur les routes sinueuses de la vallée de l'Okanagan, le Forester affiche un comportement solide qui a tôt fait de mettre en confiance celui ou celle qui se trouve au volant, pour peu que le Code de la sécurité routière soit respecté à la lettre.

Si le rythme s'accélère, il perd de sa superbe. Dès lors, le freinage manque de mordant et s'échauffe rapidement, les changements de trajectoire paraissent moins tranchés, plus imprécis.

On trouvera cependant encore à redire sur le moteur à plat de 2,5 L qui n'affectionne pas particulièrement grimper dans les tours. Bien que sa cylindrée soit identique, ce moteur est, dit-on, entièrement nouveau. Quelque 90 % de ses composants ont été revus, et cela se traduit par un gain relativement important du côté de la puissance (12 %), mais presque insignifiant sur le plan du couple (2 lb-pi). Contre toute attente, il s'agit de la seule motorisation proposée pour les débuts de cette cinquième génération. Il y a fort à parier que la mécanique suralimentée par turbocompresseur inaugurée il y a quelques mois sur l'Ascent trouvera plus tard sa place sous le capot du Forester. Questionnée à ce sujet, la direction de Subaru a répondu avec un large sourire...

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Plus puissant, mais plus lourd aussi

La puissance accrue du Forester souffre, par ailleurs, de son poids plus élevé et, en fin de compte, elle se perçoit difficilement. La boîte automatique à variation continue (CVT), et ses sept rapports artificiels, n'arrange en rien les choses, tant celle-ci étrangle les prestations du moteur indépendamment du mode choisi. Et impossible maintenant de se rabattre sur la boîte manuelle ; celle-ci a déserté le catalogue...

À défaut de nous enthousiasmer avec ses performances pures, le Forester entend plutôt nous charmer avec sa consommation réduite qui, dans le cadre de cet essai, s'est soldée par un 9,1 L/100 km. 

Le Forester peut faire mieux, car la topographie du terrain où cet essai s'est déroulé ne rend pas véritablement justice à ce groupe motopropulseur qui devrait, selon nous, réaliser sans trop de peine 8,7 L/100 km, et ce, même avec un rouage intégral à prise permanente. 

Ce dernier comporte par ailleurs le module X-Mode, qui permet de paramétrer le système en fonction des conditions hivernales. Puisqu'il est question de motricité, un mot sur les pneumatiques offerts : détestables. Mieux vaut négocier à l'achat (ou à la location) des pneus de meilleure qualité et offrant une adhérence supérieure susceptible d'améliorer les qualités du châssis. Une critique qui pointe les deux pointures offertes sur ce véhicule.

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Bien-être et beaucoup d'espace intérieur

Plus large, plus gros et plus lourd, le Forester conserve son statut de véhicule à part. La légère inertie que l'on éprouve parfois au volant procure une sensation de bien-être plutôt que de frustration.

Les dimensions extérieures permettent d'offrir encore plus d'espace intérieur. L'habitacle accueille de nouveaux aménagements et se veut, lui aussi, à la fine pointe, notamment dans sa livrée la plus exclusive appelée Premier. Cette dernière intègre un « accessoire » du nom de DriverFocus qui permet non seulement de mémoriser les réglages préférés de cinq conducteurs, mais aussi de les inviter à prendre une pause, s'il juge la conduite erratique. Rien de nouveau, dites-vous, mais le système conçu par Subaru exécute son manège après reconnaissance faciale... Comme les nouveaux iPhone.

Heureusement, il y a plus sérieux à voir à bord du Forester. À commencer par l'angle d'ouverture très prononcé des portières arrière, ce qui facilite l'accès aux places arrière et la sortie. À ce sujet, les millimètres gagnés à l'extérieur se traduisent par un meilleur dégagement pour les occupants à l'intérieur, en particulier pour ceux de la banquette.

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Le porte-bagage se range sous le plancher

Selon la livrée, ceux-ci apprécieront les pochettes aménagées dans les dossiers devant leurs genoux, pouvant accueillir tablettes électroniques et téléphones portables.

Parmi les autres fonctionnalités dignes de mention, soulignons la vaste échancrure du hayon - qui s'ouvre et se ferme avec plus de rapidité qu'autrefois -, les gains en volume de la soute (68 L) et la possibilité de ranger l'encombrant porte-bagages sous le plancher du coffre.

Les adeptes du Forester apprécieront les améliorations apportées à leur chouchou. Les autres le trouveront plus concurrentiel (taille, consommation, présentation intérieure plus valorisante), à défaut de le trouver franchement plus excitant.

Note de la rédaction : les frais de voyage ont été payés par Subaru Canada, qui n'a exercé aucun droit de regard sur le contenu du reportage.

ON AIME

Le sérieux de sa construction

Les performances du rouage intégral

Les astuces fonctionnelles

ON AIME MOINS

Le freinage qui résiste mal à l'échauffement

Les pneumatiques bon marché de série

Le souffle court du moteur

La facture

Marque/modèle : Subaru Forester

Fourchette de prix : de 27 995 $ à 39 495 $

Frais de transport et de préparation : 1650 $

Garantie de base : 36 mois/60 000 km

Consommation réelle : 9,1 L/100 km

Chez les concessionnaires : automne 2018

Concurrents : GMC Terrain, Honda CR-V, Volkswagen Tiguan

Pour en savoir plus : www.subaru.ca

Fiche technique

Moteur : essence H4 DACT 2,5 L atmosphérique

Puissance : 182 ch à 5800 tr/min

Couple : 176 lb-pi à 4400 tr/min

Poids : 1569 kg (2,5i)

Rapport poids/puissance : 8,6 kg/ch (2,5i)

Mode : intégral

Transmission de série : automatique CVT

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 10,8 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 225/60R17 (225/55R18 pour versions Sport, Limited et Premier)

Capacité du réservoir : 63 L

Essence recommandée : ordinaire

Capacité maximale de remorquage : 680 kg