Elon Musk, le PDG de Tesla, a vertement critiqué mardi le gendarme américain de la Bourse, la SEC, en fustigeant tout particulièrement ses mécanismes de contrôle, ce qui risque d'envenimer des relations déjà tendues entre les deux parties.

« Il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans les mécanismes de surveillance et de contrôle de la SEC », écrit sur son compte Twitter M. Musk, répondant à un tweet d'un fan prenant sa défense dans le nouveau bras de fer opposant le dirigeant au régulateur.

Lundi soir, le gendarme américain de la Bourse, la Securities and Exchange Commission, a demandé à une cour fédérale de New York de condamner Elon Musk pour outrage au tribunal.

Encore dans le pétrin à cause de ses tweets

En effet, la SEC accuse M. Musk d'avoir violé les termes d'un accord à l'amiable conclu mi-octobre 2018. Ce compromis prévoyait que le chef d'entreprise devait faire approuver par le conseil d'administration de Tesla tous ses tweets contenant des informations substantielles sur l'entreprise. Musk et Tesla étaient donc tenus --par une entente approuvée par un juge-- d'éviter tout tweet trompeur pouvant influer sur le cours de l'action de l'entreprise.

La SEC affirme que Musk a agi contrairement à cet engagement lors d'un tweet diffusé le 19 février dernier.

Avant d'expliquer ce que la SEC reproche aujourd'hui à Musk, revenons quelques mois en arrière et examinons l'entente que Musk est accusé d'avoir violée.

Au mois d'août 2018, Musk a tweeté son intention sortir Tesla de la Bourse et de racheter les actions des actionnaires à 420 $ grâce à un investissement majeur d'un fonds souverain saoudien. Cette affirmation était complètement fausse et l'enquête de la SEC avait dénombré une dizaine d'autres «déclarations trompeuses» de Musk dans cette affaire, pour laquelle Musk et Tesla ont été sanctionnés.

En échange d'un abandon des poursuites, Musk et Tesla ont reconnu avoir diffusé des informations trompeuses, payé des amendes de 20 millions chacun, et se sont engagés à ce que soit supervisé et approuvé par le conseil d'administration tout tweet de Musk diffusant une information susceptible d'avoir un impact sur la valeur de l'action de Tesla.

Encore un autre tweet erroné

Mais le 19 février, le dirigeant du constructeur de voitures électriques a tweeté que Tesla allait produire 500 000 voitures en 2019, quand le groupe ne parlait jusqu'ici que d'environ 400 000 unités du fait de problèmes de production rencontrés par son Modèle 3.  

Quatre heures plus tard, le milliardaire rectifiait le tir : « Je voulais dire que le taux de production annualisé à la fin de 2019 serait probablement d'environ 500 000 (unités), c'est-à-dire 10 000 voitures par semaine. Les livraisons pour cette année demeurent attendues à environ 400 000 » unités.

La SEC a enquêté sur ce tweet et lundi après-midi, l'accusation d'outrage au tribunal était déposée en cour. On peut y lire que Musk a reconnu ne pas avoir demandé l'approbation du conseil d'administration avant son tweet du 19 octobre.

« Ça n'a pas fait bouger l'action mais la plainte de la SEC si », écrit mardi un fan de M. Musk, en référence au plongeon de plus de 3 % de l'action Tesla dans les échanges électroniques lundi soir suivant la saisine de la Justice par la SEC.

« Exactement. c'est déjà arrivé plusieurs fois », opine M. Musk, répondant à cet internaute.

Une insulte publique qui revient hanter Musk

Ce qui est aussi arrivé dans le passé, c'est que Musk a insulté publiquement la SEC après avoir échappé de peu aux poursuites, en septembre dernier. D'ailleurs la poursuite de lundi illustre le comportement «outrageux» allégué de Musk en citant ses déclarations à l'émission d'information 60 Minutes du 9 décembre. Durant cette entrevue, Musk a révélé que personne chez Tesla ne vérifiait ses tweets, suivis par 25 millions d'abonnés. «Ça se peut qu'on fasse des erreurs, j'imagine; qui sait ?», avait ajouté Musk.

Dans la même entrevue, Musk avait aussi déclaré : «Je veux être clair : je ne respecte pas la SEC. Je ne les respecte pas.» Une déclaration que la SEC a évidemment repris dans sa poursuite déposée lundi.

L'affaire est dans les mains du juge. Elon Musk risque gros, la justice américaine appréciant en général assez peu les récidives notamment dans ces dossiers impliquant la crédibilité des marchés financiers américains.

Cette attitude suscite beaucoup de «likes» sur Twitter, mais à Wall Street, elle risque de relancer un débat qui revient périodiquement : Musk est-il devenu trop irréfléchi et impulsif pour diriger Tesla ?

Avec La Presse