(New York) Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme Tesla a perdu beaucoup plus d’argent que prévu au deuxième trimestre, ce qui entraînait un plongeon de plus de 10 % de son action dans les échanges électroniques à Wall Street.

Le groupe du charismatique Elon Musk a accusé une perte nette trimestrielle de 408,3 millions de dollars, soit un déficit de 1,12 dollar par action une fois retirés les éléments exceptionnels.  

Ce dernier chiffre, qui fait référence en Amérique du Nord, était plus important que la perte par action de 40 cents à laquelle s’attendaient en moyenne les analystes.

L’action accentuait sa dégringolade à 12 % vers 23 h GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de séance.

Les investisseurs étaient d’autant plus déçus que Tesla a livré un nombre record de 95 356 véhicules au deuxième trimestre, principalement grâce au Model 3, et en a produit 87 048, là aussi un record.

Jusqu’à présent, le groupe de Fremont (Californie) n’était parvenu qu’à livrer au maximum 91 000 voitures et à en produire 86 600, et ce au quatrième trimestre 2018.

Avec une production et une livraison de voitures historiques, observateurs et experts espéraient que Tesla pourrait dans la meilleure hypothèse dégager un petit bénéfice et dans le pire des cas enregistrer une petite perte.

« Tesla a peut-être une réputation d’innovateur, mais pour doper les ventes, il a emprunté aux recettes des constructeurs traditionnels, à savoir baisser les prix et vendre en crédit-bail », en a déduit Jessica Caldwell, experte chez Edmunds.com.

Si le chiffre d’affaires a bondi de 58,7 % à 6,35 milliards de dollars, il est en dessous des 6,40 milliards anticipés.

Usine européenne

Les marges opérationnelles ont aussi diminué, passant de 15,5 % à 14,5 % en un an.

Ces résultats sont une déconvenue pour Tesla, qui a du mal à gagner de l’argent depuis sa création il y a plus de 16 ans et ce en dépit d’une image de marque saluée par le grand public.

D’autant plus que le constructeur s’était engagé récemment dans des réductions drastiques de coûts en promettant de fermer certaines boutiques et en supprimant des emplois ainsi que les versions de base de ses modèles les plus chers – Model S et Model X.

Pour le reste de l’année, le groupe a promis d’être rentable lors du troisième trimestre en cours, mais sa priorité est d’augmenter ses volumes de ventes et de production, de générer des liquidités et d’étendre ses capacités.

Le PDG Elon Musk a quelque peu tempéré cet objectif lors d’une conférence téléphonique en déclarant : « Nous nous attendons à être aux alentours de l’équilibre ce trimestre et rentables au prochain trimestre. De cela je suis sûr ».

Auparavant, l’entreprise avait également répété qu’elle voulait toujours produire 10 000 véhicules par semaine à la fin de l’année et que son objectif principal restait de livrer de 360 000 à 400 000 voitures en 2019.

Les marchés étaient sceptiques sur cette dernière prévision après de faibles livraisons de véhicules Tesla au premier trimestre.

« Nous nous employons à augmenter nos livraisons un trimestre sur l’autre et annuellement », a souligné Elon Musk. « Il y aura toutefois des fluctuations dues à la saisonnalité ».

Pour Jessica Caldwell, « il est essentiel que le groupe trouve le moyen de maintenir une bonne dynamique autour de ses ventes s’il veut démontrer aux investisseurs qu’il est sur la bonne voie ».

Enfin, Tesla a indiqué qu’il allait annoncer dans les « prochains trimestres » le nom du lieu qui accueillera son usine européenne.

« Nous sommes en train d’accélérer nos efforts concernant notre usine de batteries géante européenne et espérons finaliser le choix du lieu dans les prochains trimestres », a déclaré la société.

Elon Musk, qui a par ailleurs annoncé le départ de JB Straubel de ses fonctions de chef des technologies (CTO), a précisé que l’annonce serait faite « avant la fin de l’année ».