Comment maximiser ses profits en impliquant le moins de dépenses possible dans l'équation ? Ce délicat exercice comptable a fait naître une stratégie largement utilisée dans l'industrie automobile, l'hypersegmentation. On multiplie les variations de carrosseries sur des plateformes et des motorisations communes. Le Venza de Toyota, qui est construit sur le châssis de la Camry, en est l'exemple parfait. C'est aussi un produit en sursis, dont le grand potentiel ne sera jamais réellement atteint.

SON DESIGN

Le Venza est vraiment l'archétype du multisegment. Il est donc le résultat d'un mélange dont les dosages sont plutôt approximatifs. La garde au sol haute jointe à de gros pneus de 20 po et à une ligne de toit assez basse rend son profil plutôt particulier. La calandre à trois bandes qui s'imbriquent au centre ne fait qu'accentuer une certaine incompréhension du message. Le format, qui se situe entre ceux du RAV4 et du Highlander, reste cependant pertinent et est somme toute original dans sa facture.

PHOTO FOURNIE PAR TOYOTA

À BORD

Contrairement à son dessin qui lui donne une apparence plutôt ramassée, le Venza n'est pas un petit véhicule. Cela contribue évidemment à l'espace intérieur. Accessible, l'habitacle assure la légitimité du modèle avec ses cinq places généreuses et les nombreux et spacieux compartiments de rangement. Là où le bât blesse, cependant, c'est dans l'exécution. La finition des moulures de la planche de bord rappelle les mauvaises années de certains constructeurs américains, et j'exagère à peine. C'est carrément bâclé, chose qui est d'autant plus impardonnable pour un véhicule de près de 40 000 $. La qualité des matériaux est aussi navrante.

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SOUS LE CAPOT

Le Venza est proposé avec une sélection de deux moteurs, un quatre-cylindres et un V6. C'est ce dernier qui reste le plus attirant autant pour ses prestations que pour la différence mineure de consommation de carburant. D'une onctuosité propre à Toyota, il meut le multisegment avec une énergie étonnante. Autant les accélérations que les reprises sont très décentes. La transmission joue par ailleurs un grand rôle dans cette douceur, mais n'est pas très vive. Elle passe souvent par un rapport intermédiaire en reprise avant de sélectionner le bon.

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DERRIÈRE LE VOLANT

« Pataud » pourrait être le terme qui résume le mieux le tempérament du Venza. La direction est légère et amorphe, ce qui complexifie énormément le travail de décodage du comportement pour le conducteur. Les suspensions sont très relâchées, faisant plonger le museau de manière prononcée en freinage appuyé. Le tout est bizarrement raffermi par la monte pneumatique à flanc mince, défaut qui devient plus apparent sur route cahoteuse. Le roulis reste néanmoins assez bien contenu et le freinage est correctement puissant et bien réparti pour garder le véhicule sur sa trajectoire.

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LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

L'édition Redwood mise à l'essai, un groupe d'options de la version XLE, est présentée avec le système d'infodivertissement intégrant le GPS. Ce système est probablement l'un des plus intuitifs du segment avec sa disposition claire qui mise sur des onglets carrés. La vitesse de réponse de l'écran tactile est plus qu'acceptable. Après les fleurs, il y a cependant le pot. La chaîne audio qui lui est assignée offre une sonorité qui frise le désagréable. Elle n'a aucune profondeur. Difficile de comprendre cet entêtement de Toyota de nous offrir quelque chose d'aussi médiocre.

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VERDICT

Lancé à la fin de 2008 (année-modèle 2009), le Venza est loin d'être une verte recrue dans cette industrie où les cycles de développement peuvent être aussi longs que des saisons. Ce n'est toutefois pas là que réside le problème du Venza, mais plutôt dans l'immobilisme dont a fait preuve Toyota tout au long de sa carrière, qui s'achèvera en septembre 2017. Maintenant une exclusivité canadienne, le multisegment a tous les ingrédients pour attirer une clientèle intéressée par son gabarit et sa grande fiabilité. Si au moins son développement avait été aussi constant que celui de la concurrence...

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> Pour voir le ciel

Comme c'est rendu une coutume, l'édition Redwood mise à l'essai est proposée avec un toit vitré panoramique qui rend les balades plus agréables.

> La visibilité

Le pare-brise, placé en angle très prononcé, permet une certaine originalité dans son dessin, mais enlève aussi de la visibilité en coupant sur l'ouverture.

> Tenir le volant à deux mains

N'étant pas la plus rapide pour distribuer le couple aux quatre roues, la transmission intégrale du Venza peut laisser filer un bon effet de couple lors des accélérations franches.

>Tracter léger

À 1587 kg, la capacité de remorquage du Venza V6 est plus que le double de celle du Nissan Murano (680 kg) et est égale à celle du Ford Edge.

> Mesurer ses objets avant de les charger

Avec 870 L, le coffre arrière du Venza est somme toute assez volumineux, mais la hauteur disponible n'est pas excellente, ce qui peut complexifier le chargement d'objets plus encombrants.