Quoi de plus invisible qu'une Toyota Avalon ? Jusqu'ici, cette grande berline s'offrait au consommateur avec pour unique ambition de se faire oublier dans la rue. Taquiné pour son conservatisme et - qui sait ? - inspiré par les fabricants de produits électroménagers, Toyota a fini par considérer qu'une Avalon pouvait s'afficher et se faire remarquer. Une condition essentielle pour se démarquer dans une catégorie quelque peu oubliée au Québec...

Au Canada ou aux États-Unis, les statistiques dessinent deux rapports bien différents avec l'Avalon de Toyota. Pour bien comprendre, il suffira sans doute de rappeler que 32 583 unités de la plus majestueuse des Toyota ont trouvé preneur au sud de nos frontières l'an dernier. Au cours de la même période, à peine 444 unités de ce même modèle ont quitté les salles d'exposition des concessionnaires canadiens. C'est peu.

Le fard ne suffit pas

Il y a donc tout lieu de s'interroger sur la pertinence de renouveler pareil modèle ou même, d'un point de vue canadien, de le maintenir au catalogue. D'autant plus que Toyota peut aisément guider ses clients vers Lexus, sa filiale de luxe.

Qui plus est, les Lexus sont couvertes par une garantie plus généreuse et distribuées par un réseau au service plus attentionné. Elles bénéficient aussi d'une finition plus relevée et trouvent plus aisément preneur sur le marché de l'occasion où elles ont une valeur de revente plus élevée.

Et les Lexus ne sont pas forcément plus coûteuses au bout du compte. D'ailleurs, grâce aux sites internet de ces deux marques, on constate que l'écart n'est que de 27,44 $ par mois entre une Avalon Limited et une Lexus ES350 Signature.

Alors pourquoi choisir l'Avalon Limited ?

Une question d'espace intérieur

La réponse tient sans doute à l'espace intérieur. La nouvelle Toyota, commercialisée depuis quelques semaines, est une grande auto qui se compare avantageusement aux Buick LaCrosse, Chrysler 300 et autres Kia Cadenza.

Pour se distinguer face à ces dernières, l'Avalon de cinquième génération se veut extravertie, un brin provocante, entre le gothique flamboyant et le baroque. Un peu hors du temps, à l'encontre du courant actuel des formes épurées à l'extrême.

Était-ce bien nécessaire ?

Les pare-chocs torturés mettent en exergue l'énorme calandre, façon Lexus. Les ailes nettement séparées du capot et les flancs parcourus d'arêtes saillantes se mêlent aux formes géométriques inutilement complexes de cette carrosserie. Par chance, le profil, plutôt équilibré, ne cherche pas à trop forcer sur les effets de contraste.

Galuchat, vrai bois et chrome

Agréable à l'oeil, la planche de bord est habillée d'un revêtement sombre (un traitement bicolore existe sur la Limited) entre galuchat et sobres placages de (vrai) bois, de même que quelques excroissances de chrome, comme autant d'extravagances des stylistes.

Un peu de lumière n'aurait pas fait de mal, mais l'option toit panoramique n'existe pas. Un toit ouvrant, de facture classique, est offert de série.

L'instrumentation est bien disposée, classique et dotée de petits raffinements, à l'instar des chiffres des cadrans, très lisibles mais qui semblent flotter dans l'espace, ou du siège qui recule et du volant qui se soulève automatiquement pour faciliter l'accès à bord. 

Grâce à ses dimensions extérieures, l'Avalon n'est pas avare en espace pour les jambes, les hanches, les coudes et les épaules, mais la garde au toit est un peu juste. Surtout lorsqu'il s'agit de s'introduire ou de s'extraire de la banquette.

Siège corrects, gros coffre, volant chauffant

On peut aussi s'attarder sur les sièges, confortables mais pas assez enveloppants, la rareté des rangements offerts à l'arrière ou encore l'étroitesse du tunnel reliant l'habitacle au coffre.

Ce dernier est en revanche facile d'accès grâce à un seuil de chargement suffisamment bas et à une large échancrure. Or, en matière de volume, on a vu beaucoup mieux sur des automobiles de la même catégorie.

Question équipements de série, Toyota a consenti un grand effort : recharge sans fil des téléphones intelligents, quatre prises USB, volant chauffant ou encore un capteur de pluie. La banquette chauffante se réserve à la déclinaison Limited (la plus onéreuse). La fonction réfrigérante des sièges se trouve curieusement absente du catalogue.

« Lexus des pauvres » ou « Camry endimanchée » ne sont que deux des sobriquets méprisants que l'Avalon traîne depuis le début de sa carrière, qui remonte à 1994. Contrairement à toutes les générations qui l'ont précédée, celle-ci cherche à faire la part belle à la notion --de plus en plus abstraite de nos jours-- du plaisir de conduire.

Un peu d'esbroufe

La déclinaison XSE, surtout, qui, avec ses quatre tuyères d'échappement chromées encadrant un diffuseur bidon, sans oublier le petit aileron mal assorti grimpé sur le coffre, donne l'illusion d'être le succédané d'une M5 ou encore d'une Classe E AMG. Naturellement, c'est un leurre.

À l'exception d'une suspension plus ferme et de pneumatiques à taille basse, cette XSE n'a rien de plus sous le capot pour vous mettre le poil des avant-bras au garde-à-vous. En clair, la magie n'opère pas. On lui préfère, de loin, la Limited, plus en adéquation avec la nature douillette de ce véhicule capable d'héberger confortablement cinq occupants.

Déposée sur une architecture commune à l'ensemble des récentes Toyota (Prius, CH-R, Camry, etc.), l'Avalon procure un toucher de route rassurant et équilibré. Si on cherche à tutoyer ses limites, la paresse du train avant (même sur la XSE) se fait sentir et pousse le conducteur à corriger la trajectoire.

Bonne dans les virages... larges

L'adhérence supérieure de la XSE permet de retarder quelque peu l'apparition du survirage, mais à quoi bon ? L'Avalon est une automobile qui se déguste sur les voies rapides et dans les virages à large circonférence.

Dans ces conditions, cette Toyota se révèle impeccable. Son freinage offre une endurance correcte et ses éléments suspenseurs filtrent correctement les irrégularités de la chaussée.

Au Canada, seul le moteur V6 veille à la mouvoir. Un moteur costaud qui n'en beurre pas trop épais sur le plan de l'innovation (gage de durabilité, de fiabilité et de facilité d'entretien), mais qui fonctionne admirablement bien.

La consommation est raisonnable étant donné le gabarit de l'auto et la boîte automatique qui l'accompagne fait tout pour se faire oublier.

Pas d'hybride au Canada, juste aux États...

On regrette seulement la décision de Toyota Canada de ne pas offrir, comme aux États-Unis, la version hybride.

Cette dernière aurait sans doute permis à l'Avalon de se détacher du peloton (mais encore).

Considérant que la meilleure année de ventes de ce modèle remonte à 13 ans déjà (2115 unités vendues en 2005) et vu l'appétit insatiable des consommateurs à l'égard des camions, cela ne valait sans doute pas la peine d'importer la version hybride chez nous.

Et peut-être même l'Avalon tout court.

Note de la rédaction : les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Toyota Canada.

Trois fleurs, trois tomates

On aime



Habitacle spacieux

Agrément amélioré

Promesse de fiabilité

On aime moins



Style torturé

Faible support des sièges

Absence de version hybride

La facture

Marque/modèle : Toyota Avalon

Fourchette de prix : de 42 790 $ à 47 790 $

Livrées essayées : XSE, Limited

Frais de transport et de préparation : 1745 $

Garantie de base :  36 mois/60 000 km

Consommation réelle : 10,1 L/100 km

Chez les concessionnaires : maintenant

Rivales à avoir à l'oeil : Buick LaCrosse, Chrysler 300, Kia Cadenza

Pour en savoir plus : www.toyota.ca

Fiche technique

Moteur essence : V6 DACT 3,5 L 

Puissance : 301 ch à 6600 tr/min

Couple : 267 lb-pi à 4700 tr/min

Poids : 1605 kg (Limited)

Rapport poids/puissance : 5,33 kg/ch

Mode : traction

Transmission de série : automatique 8 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 12,1 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 235/45R18

Capacité du réservoir : 60 L

Essence recommandée : ordinaire